Le spécialiste français des produits et services de logistique annonce l'ouverture d'une procédure de sauvegarde. Le groupe familial basé à Héricourt (Haute-Saône) se dit fragilisé par les difficultés de sa filiale Metalliance. Il emploie aujourd'hui 400 personnes sur quatre sites.
Ce n'est pas vraiment une surprise. À la Bourse de Paris, l'action est en chute libre. Gaussin s'est effondré de près de 44% à 0,264 euro ce jeudi 4 avril 2024 vers 16h30. Le groupe familial, basé à Héricourt (Haute-Saône) a annoncé l'ouverture d'une procédure de sauvegarde par le Tribunal de Commerce de Vesoul ce mercredi 3 avril. "Le maintien de l’emploi et des compétences reste la priorité absolue du groupe." assure néanmoins Gaussin dans un communiqué.
Malgré son contrat avec Amazon, le spécialiste français des produits et services de logistique ne le cache pas : il est en mauvaise posture aujourd'hui. Le géant américain du commerce en ligne avait annoncé fin 2022 une commande de 329 tracteurs électriques pour ses entrepôts logistiques mais de son propre aveu, le groupe dirigé par Christophe Gaussin fait face depuis plusieurs mois dit-il, "à des difficultés opérationnelles et de gouvernance qui ont fortement impacté la capacité industrielle de l’entreprise avec une baisse du chiffre d’affaires".
Un chiffre d'affaires très inférieur aux prévisions de début d'année dernière, et qui se montait à 35,7 millions d'euros seulement en 2023, loin, très loin des 100 millions d'euros escomptés.
Metalliance pointée du doigt
Ces difficultés seraient principalement dues à "commandes mal maîtrisées de la part de Metalliance entraînant 34 millions d’encours non facturés au 31 décembre 2023". Filiale à 98% de Gaussin, Metalliance est spécialisée notamment dans les engins tunneliers. La société, basée à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), avait été rachetée en 2020.
Contacté par France 3 Franche-Comté, le groupe Gaussin confirme que l’assemblage et la livraison des véhicules logistiques depuis le site bourguignon sont perturbés et quelles en sont les raisons.
Ces grosses commandes nécessitent beaucoup de cash. Nous sommes comme une start-up toujours en recherche perpétuelle de financements.
Arthur Denez, directeur de communication du groupe Gaussin.
Et quand les millions d’euros ne sont pas là quand il faut, les entreprises tanguent. D'où la mise successive sous plan de sauvegarde des deux entreprises Metalliance et Gaussin qui se sont entraînées par ricochet dans leur chute.
6 mois pour faire le point
"Il n’y a pas de situation de cessation des paiements et la continuité d'exploitation sur les six prochains mois est assurée par une trésorerie positive en date du 21 mars, sans recours à des financements externes", insiste pourtant Gaussin dans son communiqué. Avec le plan de sauvegarde qui vient d’être acté, le groupe espère pouvoir “se mettre en sécurité”. Le groupe dispose désormais d’une période de 6 mois pour faire le point sur ses créances, examiner ses contrats et trouver de nouveaux partenaires et financeurs. Cette procédure de sauvegarde est en effet une alternative au redressement judiciaire.
En Haute-Saône, Jean-Luc Quivgogne, président de l’UIMM 70 n’est pas étonné par l'annonce de ce plan de sauvegarde chez Gaussin. "Les difficultés étaient connues, confie-t-il à France 3 Franche-Comté. Gaussin a toujours été en avance sur son temps" et cette avance peut conduire effectivement à des difficultés.
Pas de quoi inquiéter non plus Héricourt et ses 10 000 habitants. “On savait que la filiale Metalliance était en difficulté pour produire les véhicules pour Amazon, indique le maire Fernand Burkhlater à France 3 Franche-Comté.
De ce que j’ai compris, Gaussin va rapatrier cette production sur Héricourt. On espère que ça permettra à l’entreprise de faire face à ses engagements vis à vis de son client.
Fernand Brukhalter, maire d'Héricourt (Haute-Saône).
L'élu se veut donc rassurant, précisant que Gaussin a "une vraie stratégie industrielle, ce qui n’est pas le cas d’autres industriels”.
400 salariés dans le groupe
Gaussin est un vaste groupe qui compte aujourd’hui près de 400 salariés. 80 sont situés à la maison mère à Héricourt, principalement des commerciaux ou des personnes chargées de la recherche et du développement. La filiale Metalliance située à Saint-Valier emploie 180 personnes. Enfin, une autre entité, Gama, qui a repris les véhicules autonomes Navya, regroupe 132 salariés à Paris et Villeurbanne.
Depuis 2010, le groupe Gaussin affirme avoir investi plus de 100 millions d’euros en recherche et développement pour être prêt pour le marché de l’électrique. Les investissements ont suivi sur l’hydrogène, mais le marché pour convertir des engins de chantier ou levage n’est pas encore au rendez-vous.
Lors d'un visite en mars 2021 du ministre des transports, Jean-Baptiste Djebarris avait indiqué que dans le cadre du plan de relance, l'entreprise d'Héricourt avait reçu une aide de plus de 900.000 euros dans la perspective de produire 100.000 véhicules par an à l'horizon 2027.
