“On ne va pas truffer le département de cadavres en décomposition” le ramassage des bêtes décédées perturbé en Haute-Saône

La société d’équarrissage ATEMAX chargé du prélèvement d’animaux mort fait face à une surcharge de ses usines dans le nord-est et l’ouest de la France, et notamment en Haute-Saône. Une réalité qui a de grandes conséquences sur les agriculteurs.

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Je n’ai jamais vu ça en 45 ans d’agriculture” témoigne Thierry Chalmin, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Saône, auprès de nos journalistes Alexane Marcel et Guillaume Soudat. Depuis le 19 août 2024, la collecte des bêtes d’élevage décédées n’est plus entièrement assurée par la société ATEMAX.

Selon l’entreprise : “cette situation est la conséquence des pics de chaleur de fin juillet / début août qui ont provoqué une surmortalité dans les zones nord-est et ouest”. Une réaction en chaîne qui paralyse le système de ramassage et qui engendre un ralentissement de la collecte.

Un impact important pour les éleveurs 

Les agriculteurs se retrouvent donc avec leurs animaux morts sur les bras, et sont obligés de trouver des solutions pour limiter la décomposition des cadavres. Une réalité particulièrement complexe en plein été, alors que les températures dépassent les 25 degrés. “On préconise de mettre les bêtes à l’ombre sous de la paille, en mouillant la paille, pour limiter la décomposition des animaux morts” signale Thierry Chalmin. Une solution précaire qui est loin d’être idéale car “au bout de quelques jours, un cadavre sent très fort” explique-t-il.

Le président de la Chambre de l’agriculture de Haute-Saône se sent dépassé par une situation qu’il n’a jamais vue auparavant : “On ne va pas truffer le département de cadavre en décomposition” éructe-t-il. Le manque d’information de la part de l’entreprise suscite aussi son incompréhension :

Leurs arguments pour moi ne tiennent pas, ce n’est pas la première fois que l’on a des fortes chaleurs

Thierry Chalmin

Président de la Chambre d'agriculture de Haute-Saône

Une incompréhension que partage Baptiste Petithuguenin, éleveur bovin qui ne sait comment se débarrasser de son animal décédé en début de semaine. “Pour le moment, personne ne nous dit ce qu’on doit faire, on ne sait rien” déplore l’agriculteur. Pour limiter les odeurs, il a pris la décision de déplacer le cadavre le plus loin possible du village. “On est éleveur, on aime nos bêtes, alors savoir qu’elles ne sont pas ramassées et les voir comme ça derrière chez nous, c’est vraiment embêtant” ajoute-t-il. 

Alors l’éleveur a envisagé d’enterrer la bête, une solution que déconseille vivement Thierry Chalmin : “Il ne faut surtout pas enterrer les cadavres, car ça pourrait causer des problèmes dans dix ou quinze ans, en créant des foyers de charbon. Cela risque d’engendrer une fièvre charbonneuse qui serait très dangereuse pour les bovins” explique l’agriculteur. 

De son côté, l’entreprise ATEMAX précise, dans un communiqué, mettre en œuvre “tous les moyens dont elle dispose pour trouver une issue à cette situation inédite” et affirme qu’une partie de la collecte à d’ores et déjà repris. 

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