Un remboursement à 100 % du prix des fauteuils roulants en 2024 : c'est la promesse faite par le président de la République. Mais la prise en charge intégrale concerne-t-elle tous les équipements, même les plus chers ? Certaines personnes handicapées en doutent.
Nous avions rencontré Sylvie Crelier aux Eurockéennes de Belfort. Heureuse de pouvoir assister au festival, malgré son handicap. Elle a 55 ans. Elle se déplace en fauteuil roulant depuis une vingtaine d’années. Son fauteuil "de vie", destiné aux déplacements quotidiens, a 11 ans.
"Je ne suis pas très intéressée par le matériel, mais quand on vieillit, on a moins de force pour manipuler le fauteuil, qui est lourd".
Sylvie Crelier
Elle ajoute : "c’est de plus en plus compliqué de le mettre dans le coffre de la voiture, quand je pars me promener avec les petits enfants."
Un fauteuil roulant manuel "de base" pèse une quinzaine de kilos. Aujourd’hui, c’est le seul intégralement remboursé par la Sécurité Sociale.
Et il n’est pas toujours le mieux adapté. Sylvie cherche donc une autre solution. Un fauteuil tout carbone, plus léger ? C'est trop cher. Une motorisation électrique ? "je me suis renseignée sur le prix d’un équipement à adapter sur mon fauteuil, il y en aurait pour près de 4000 euros, de ma poche !"
Délai d'attente et options chères
Un fauteuil roulant manuel, sur mesure, avec des matériaux légers pour monter et descendre facilement des trottoirs, coûte plus de 7 000 euros. La promesse présidentielle d'une prise en charge à 100 %, en 2024, concerne-t-elle vraiment tous les équipements ?
Julien Casoli, athlète paralympique et spécialiste de la course en fauteuil roulant, natif de la Haute-Saône, a du mal à y croire.
"C’est très vague comme promesse ! Un fauteuil roulant, c’est comme une voiture, il y a le modèle de base et les options. Un modèle tout carbone, avec une motorisation, ça peut atteindre 30 000 euros."
Julien Casoli, athlète paralympique
Obtenir un fauteuil roulant "de base", intégralement remboursé, est relativement facile. Depuis 2005, les maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH) sont les guichets uniques d’accès aux droits et prestations.
Par l'intermédiaire des MDHP, les personnes handicapées font une demande de prise en charge, sur présentation d'une prescription médicale.
Entre la demande initiale et la livraison du fauteuil roulant, il faut patienter près d'une année. "Le délai d’attente n’est pas un problème quand on est paraplégique comme moi", précise Julien Casoli, "mais pour quelqu’un atteint de myopathie par exemple, la maladie peut évoluer vite. Un an après la demande, le fauteuil se sera plus adapté".
Un million de personnes en France
Alors, en 2024, les fauteuils roulants, manuels et électriques, seront-ils vraiment tous remboursés à 100 % ? Lors de la conférence nationale du handicap, le 26 avril 2023, Emmanuel Macron avait annoncé cette mesure. Le "reste à charge" pour les utilisateurs devrait disparaître grâce au financement de l’assurance maladie et des complémentaires santé.
En France, un million de personnes utilisent un fauteuil roulant. Un chiffre en hausse, en raison du vieillissement de la population. Or, le remboursement des équipements reste partiel. Pour un fauteuil roulant électrique, il est plafonné à un peu moins de 4000 euros. Pourtant, les prix des fauteuils techniques, pour les personnes polyhandicapées, peuvent dépasser les 35 000 €.
Faute de moyens, il ne reste souvent que la solution d'un appel à l'aide, sous forme de cagnottes en ligne. Loin de la solidarité mise en avant dans le cadre de l'Assurance maladie...