En Haute-Saône, la Chapelle de Le Corbusier entame un vaste chantier de restauration jusqu'en 2024

Un vaste programme de restauration est prévu jusqu'en 2024 pour restaurer la chapelle Notre-Dame du Haut, l'abri du pèlerin et la maison du chapelain situés à Ronchamp en Haute-Saône. En quoi vont consister les travaux ? 

La chapelle dessinée par l'architecte Le Corbusier est « un édifice un peu mystérieux qui ne se livre pas facilement» . Un amoureux ne parlerait pas autrement de sa dulcinée ! L’expression est de Jean-Jacques Virot, architecte et président de l’association AONDH propriétaire du site implanté sur la colline de Bourlémont.

Reportage avec Alain Albizati PDG de Albizzati Jean-Jacques Virot Président de l'Association de la Chapelle (AONDH) Bénédicte Gandini Architecte Fondation Le Corbusier Reportage : A.Aouida, JS Maurice, I.Brunnarius, R.Bolard, S.Chevallier.

 

Ce chef d’œuvre de l’un des architectes les plus réputés de l’art moderne n’a pas encore livré tous ses secrets. Chaque intervention pour restaurer et conserver ce patrimoine inscrit à l’UNESCO est longuement discutée, réfléchie.

Depuis cinq ans, une série d’études a été entreprise pour préparer les travaux qui vont commencer. Les chantiers de rénovation s'élèvent à 2,3 millions d'euros financés à 90% par l'Etat, la Région et le Département de Haute-Saône. Plusieurs protocoles d’intervention ont été mis au point par Richard Duplat, architecte en chef des Monuments historiques de la Haute-Saône, en concertation avec un comité scientifique dont font partie la Fondation Le Corbusier et les services de l’Etat. Il va falloir maintenant choisir celui qui sera le plus adapté.

 « On est pas sur un monument en péril mais un monument malade. Il faut restaurer l’épiderme. C’est un travail sensible, de la microchirurgie » précise-t-il lors d’une conférence de presse ce vendredi 12 février pour annoncer le lancement des travaux.

A fleur de peau

Parler d’épiderme pour décrire les murs de la chapelle n’a rien d’anodin. C’est dans les détails que se dessinent  les grandes créations architecturales.

Le Corbusier a construit un édifice de lumières. A l’intérieur et à l’extérieur. Comme une star qui accroche si bien les éclairages, la chapelle change d’humeur selon les jours. Son maître l’avait faite badigeonner d’une chaux mate. Des réactions à fleur de peau qui s’estompent au fil des années. A force d’être repeintes, les façades ont perdu de leur piquant. Outrage du temps.
 

Au début des années 50, Le Corbusier imagine un grain de peau « nerveux » pour sa chapelle. Sur la façade sud, la plus photographiée, il fait projeter du ciment sur des grillages pour donner l’illusion d’un mur épais alors que la structure est creuse.  « Une sorte de cage » explique Jean-Jacques Virot. Ne vous fiez pas aux apparences, ce crépis haut de gamme, tel un maquillage de top model, donne l’illusion d’une homogénéité, mais les autres façades de la chapelle, elles, ont un cœur en pierres. Seule la façade sud est creuse. Et c’est là où les rides de la Dame du Haut, âgée de 65 ans, sont les plus visibles. Des fissures à la proue du navire.

Pour Jean-Jacques Virot, « on peut vivre avec ses fissures » tout en engageant les travaux inhérents à un bâtiment du XXe siècle. Ce n’est pas l’avis de Richard Duplat qui ne souhaite pas « s’accommoder de ces fissures ».  

Plusieurs entreprises vont intervenir jusqu'en 2024

La restauration de cet épiderme si précieux a été confiée à la société Albizzati. Une entreprise de Haute-Saône qui a su relever le défi de la construction du monastère et de l’oratoire dessinés par Renzo Piano pour les sœurs clarisses.

Cette première tranche de travaux de restauration est prévue jusqu’en octobre 2021.

Il s’agit tout d’abord de relever précisément l’emplacement des fissures. Une fois que le comité scientifique aura validé le protocole d’intervention, les fissures et les treillis métalliques oxydés seront traités. L’étanchéité sera reprise et renforcée. Puis viendra la mise en peinture.

Il est également prévu d’intervenir sur la maison du chapelain et l’abri du pèlerin pour renforcer leur étanchéité, avant leur restauration prévue en 2024.

A partir de fin 2021 jusqu’en janvier 2024, les façades ouest et nord, les tourelles seront restaurées. Décapage, reprise des fissures, étanchéité des vitrages et remise en peinture. Puis, viendra le temps d’intervenir sur la façade est, et la tour sud-uuest avec reprise de la grande fissure. Enfin, aura lieu la restauration des badigeons intérieurs.

Aux côtés de la société Albizzati, l’entreprise Parot interviendra pour les vitrages et Toitures de Franche-Comté pour les questions d’étanchéité.

70.000 visiteurs viennent chaque année découvrir l'oeuvre de Le Corbusier

Du haut de ses 65 ans, la chapelle a besoin de bien plus qu’un simple lifting pour assurer devant ses 70 000 visteurs annuels venus du monde entier. Bien campée sur ses fondements, son avenir n’est pas en danger, mais il était nécessaire que son état de santé s’améliore.

Sa propriétaire, l’association AONDH (Association Œuvre Notre Dame-du-Haut), héritière des quarante familles de Ronchamp qui avaient voulu sauver leur chapelle en la rachetant en 1799, est consciente de cet enjeu patrimonial. Pour financer les 10% du financement de ces travaux qui lui incombent, soit 230 000 euros, elle fait appel aux dons et aux mécénats avec le soutien de la fondation du Patrimoine. Il lui reste encore à trouver 127 000 euros.

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