La préfecture de Haute-Saône a confirmé ce mardi 20 avril la création "nette" de 24 postes de fonctionnaires en 2021. Seront-ils bien des policiers titulaires ? Les nombreux départs en retraite seront-ils remplacés ? Les syndicats attendent des réponses, après des années de déficit d'effectif.

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Les récents travaux de rénovation menés au commissariat de Vesoul ne suffiront pas à améliorer des conditions de travail précaires. 4 fonctionnaires au lieu de 5 en brigade de jour (unité de police secours), 5 au lieu de 6 à la brigade anti-criminalité, 6 policiers en brigade de nuit pour un effectif normal de 9, de nombreux postes sont vacants. "Tous les services sont concernés par ce déficit d'effectif", déplore Christophe Rochat, secrétaire départemental du syndicat Alliance police nationale, majoritaire à Vesoul.

Je voudrais qu’on me dise d’où viennent ces 10 000 postes, quand on voit le temps de formation. Il y a forcément un coup de baguette magique.

Thierry Petitjean, secrétaire départemental Unité SGP police

Dans ce contexte, la confirmation de la création de 10 000 postes de forces de l'ordre sur la durée du quinquennat, déjà annoncée en 2018, suscite de nombreux espoirs. À Vesoul, il s'agira de 24 postes de policiers, selon l'arbitrage du ministère de l'Intérieur, répartis sur l'année 2021. "On est très satisfaits de cette annonce, le commissariat était en détresse, réagit Christophe Rochat. Si ce qui est annoncé est fait, c’est un beau geste." Confiant, Thierry Petitjean, secrétaire départemental Unité SGP police, l'est beaucoup moins : "Ça fait 10 ans que j’alerte sur les effectifs de sécurité à Vesoul. Si d’aventure on peut avoir des effectifs, on ne va pas crier, mais je suis assez sceptique sur le nombre effectif de fonctionnaires."

Départ en retraite et postes à pourvoir

C'est en effet l'une des questions sous-jacentes à l'annonce des 24 nouveaux postes. Les nombreux départs en retraite en cours au commissariat de Vesoul, 12 entre 2020 et début 2022, vont-ils être remplacés ? "Ce sont des renforts qui n'ont pas vocation à remplacer des départs en retraite", promet la préfecture de Haute-Saône. "Il faudra surveiller que c’est bien en surplus", répond Christophe Rochat. Les postes vacants actuels sont bien existants sur le papier, mais pas remplacés, notamment du fait de l'impossiblité de demander une mutation à Vesoul. Selon le fonctionnaire, ce n'est pas l'envie qui manque, mais le fait que le commissariat de Vesoul n'y est pas ouvert et ce, depuis des années. Quand aux gardiens de la paix sortis d'école, "ils n'ont généralment comme choix que des postes à Paris dans la liste proposée par l'administration", selon Christophe Rochat.

Renforcée d'une quarantaine de personnes en 2005, à la fermeture du commissariat de Lure, l'antenne de Vesoul a vu son effectif s'effondrer d'année en année. Aujourd'hui, une centaine de fonctionnaires y travaillent, dont 57 policiers dits "de terrain". Alors pourquoi 24 postes d'un coup ? "On ne connait pas les critères pour calculer ces clés de répartition, c’est toujours aussi opaque", siffle Thierry Petitjean.

Titulaires ou adjoints de sécurité ?

Aucune précision n'a été donnée par la préfecture sur les postes créés, mais les services de l'Etat assurent que les policiers arrivants seront tous titulaires. Une affirmation mise en doute par Thierry Petitjean : "Dans les 24 il y a aussi des policiers adjoints, des adjoints de sécurité qui n’ont aucune prérogative en matière judiciaire. Un adjoint ne peut pas prendre de plainte. Et ces gens-là n’ont pas vocation à rester, ils ont vocation à passer des concours en interne et partir." Echaudés par des années de disette, les policiers de Vesoul attendent avec impatience le profil des postes créés, communiqué prochainement, selon la préfecture. Ces annonces interviennent, en outre, dans un contexte de période électorale "qu'il ne faut pas occulter", avertit Christophe Rochat.

Une mission de service public menacée

Les 24 fonctionnaires auront pour mission, selon la préfecture, de renforcer la présence sur la voie publique, dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, afin de lutter notamment contre les stupéfiants, la délinquance, les cambriolages et les infractions routières. Des tâches quotidiennes de plus en plus fastidieuses à assurer, compte tenu des troupes, exsangues. Chargée d'intervenir pour tout appel au 17, l'unité police secours devrait par exemple compter deux patrouilles de deux ainsi qu'un chef de poste au commissariat. Avec quatre fonctionnaires, seule une patrouille peut ainsi être constituée. Quelle conséquence ? Une mission de service public détériorée, voire menacée.

On a quand même des missions avec la préfecture, le tribunal et maison d’arrêt.

Christophe Rochat, secrétaire départemental du syndicat Alliance police nationale

"Quand vous appelez et que la patrouille est occupée, les délais d’intervention sont plus élevés", illustre Thierry Petitjean. Ce sont des choix à faire, des dossiers qui s’empilent, le temps de travail qui augmente et de la fatigue." Pourtant, une patrouille de deux fonctionnaires n'est déjà pas du luxe, à entendre Christophe Rochat : "Ce matin on était deux dans la voiture, vous priez pour que le 17 ne sonne pas. À l’école, on apprend à travailler à trois, ça n’a rien à voir."

 

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