Après l'incendie gare de Vesoul, la "panique" des voyageurs, privés de TER et d'informations

Depuis l'incendie qui a ravagé la gare SNCF de Vesoul, la circulation ferroviaire est interrompue jusqu'au 29 septembre. Si des cars de substitution sont mis en place, il n'est pas possible d'obtenir les horaires plus de 24h à l'avance.

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Ce lundi matin, devant la gare SNCF de Vesoul, les passagers des TER scrutent les quelques tableaux d'affichage. Devant un hall de gare interdit d'accès après l'incendie survenu ce samedi 14 septembre, les usagers habituels du train entre Mulhouse, Belfort, Vesoul et Paris, sont redirigés vers des cars de substitution. La circuation ferroviaire depuis cette gare est en effet interrompue jusqu'au 29 septembre, selon SNCF Voyageurs

"On va être limite", craignent deux voyageurs en transit pour Paris. "On a pris le bus ce matin sur Lure pour venir ici, puis après sur Culmont-Chalindrey." Départ prévu à 7h42 pour ces deux retraités, avec correspondance à 9h26 pour Paris, avec le TER habituel. "On aurait dû partir beaucoup plus tôt, et arriver sur Paris à 9h30, et là, on n'arrivera que vers 12h30. On fait avec, on n'a pas le choix. Ce sera pareil pour le retour."

 

On voit que les trains sont supprimés, mais derrière, savoir ce qui est mis en place, c'est un peu plus compliqué. On appelle, on n'a pas forcement toujours une réponse derrière. Ça se met en place, ça va, mais on panique un petit peu quand même.

Un voyageur TER

Sur le quai de la gare routière, où de nombreux bus urbains croisent les cars des différentes lignes régulières, un car part pour Lure et Belfort. "On m’a confirmé qu’il y avait un car pour me rendre sur Belfort, répond un voyageur à notre équipe sur place. Donc j’ai changé le train avec le car et puis ce soir, j'ai un car à 17h15 pour le retour."

Dans le véhicule, loin d'être rempli, quelques habitués de la ligne ont accepté tant bien que mal cette solution de remplacement : "Le train met entre 16 et 17 minutes d'ordinaire, et là ça va mettre un peu plus d’une demi-heure donc oui oui, ça va être plus long, puis les horaires ne sont pas les mêmes", soupire une autre passagère.

Aucune fiche horaire disponible pour les prochains jours

D'ordinaire, cinq allers-retours existent entre Paris-Est et Mulhouse par Vesoul. Des TER qui desservent aussi les gares de Lure et de Belfort. La gare de Vesoul fermée, la SNCF a annoncé l'interruption de toutes les circulations entre Belfort et Culmont-Chalindrey, en Haute-Marne. Mais sur le site de la SNCF, il est loin d'être aisé d'obtenir l'information. Les trains sont indiqués comme non réservables ou supprimés, sans plus d'explication.

En effectuant une recherche sur le site dédié TER Sncf Grand Est, on trouve bien un trajet Vesoul - Paris ce lundi 16 septembre, avec un car pour Chalindrey, puis une correspondance par train pour Paris. Mais le trajet n'est pas accessible à l'achat. Et si l'on souhaite réserver un train ou juste consulter les horaires pour les jours suivants, le site n'indique aucune solution de substitution.

C'est un peu fâcheux, mais on va s'organiser avec les collègues, covoiturer. C'est surtout bien triste. C'est là qu'on se rend compte de l'importance du service public, quoi qu'on en dise.

Virginie Luthringer, utilisatrice du TER Lure-Vesoul

De même, les comptes X de Ter Grand Est ou Ter Bourgogne Franche-Comté, vers lesquels renvoie la SNCF, ne mentionnent pas ce changement d'horaire. Ce n'est qu'en se rendant sur les onglets "Horaires en gare" et "Info trafic et réseaux" de SNCF Connect, ou  "Prochains départs" de Ter Grand Est que l'on obtient quelques informations. La ligne Belfort-Vesoul y est décrite comme interrompue "dans les deux sens", avec "Rétablissement prévu vers 22h00 le 23/09." Une information que ne confirme pas la SNCF, qui avance un "diagnostic précis" à établir pour permettre le retour à la normale.

Contactée par France 3 Franche-Comté, la direction régionale de la SNCF évoque sans plus de précisions horaires un service de 12 autocars par jour entre Lure et Vesoul : cinq allers-retours entre les deux communes ainsi qu'un aller-retour Vesoul-Belfort départ 6h, retour 19h15. En tout, selon la compagnie, 18 trains par jour sont supprimés, soit environ 800 personnes sur cet axe.

Une dégradation du service dénoncée par les utilisateurs

Eric Corradini est un utilisateur régulier de la ligne Belfort-Vesoul-Paris. Il a, lui aussi, été confronté à l'interruption du trafic consécutive à l'incendie. "Hier, je revenais de Mulhouse, mon train de 17h40 était supprimé." Ancien cheminot et administrateur de l'association de modernisation de la ligne Paris-Bâle (AMPB), il n'a eu aucun mal à trouver une solution pour rejoindre Vesoul.

Mais pour l'usager lambda, c'est loin d'être si évident, dénonce-t-il. "Il est totalement perdu, il est en déshérence, vous le découragez". Pour lui, le constat est simple : "C'est à vous de vous débrouiller." "Ce que nous, on met en cause, c'est la prise en charge des usagers dans ce cas de figure de suppressions de trains inopinées."

On a encore la chance d'avoir un réseau qui est maillé. Il y a des solutions, mais on ne vous les donne pas. On vous laisse en plan. On vous propose un remboursement, mais vous faites quoi avec un remboursement de billet ?

Eric Corradini, Association de modernisation de la ligne Paris-Bâle

Créée il y a 25 ans, alors que des trains Corail en rame tractée effectuaient encore la liaison entre Paris et la Suisse, l'AMPB n'a eu de cesse de dénoncer la dégradation du service de cette ligne répartie sur trois régions, et autant de décideurs. "La politique il y a dix ans, elle n'était pas la même. On faisait en sorte que vous puissiez organiser votre voyage. C'est plus du tout le cas aujourd'hui. Le ferroviaire était encore une priorité nationale, on mettait en place des moyens de substitution."

Pour Eric Corradini, c'est à État de se saisir du problème. "On fait remonter, mais il ne se passe plus rien, on n'essaie pas de corriger les fautes. Le service public doit être assuré coûte que coûte."

Cet habitué du rail, qui l'a emprunté "10.000 km l'an dernier", déplore un délabrement progressif du système ferroviaire français. "Je ne prends que le train, j'essaie de jouer le jeu. Je peux vous garantir que c'est en train de se dégrader de façon dramatique. Il y a encore cinq ans, je n'avais jamais d'incident."

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