La deuxième édition du festival de cinéma Parlons d'amours débute à Vesoul ce mercredi 11 octobre, et proposera au public quatorze films narrant des histoires d'amour LGBTQIA+. La créatrice du festival espère, par cet événement inédit en Bourgogne-Franche-Comté, faire bouger les mentalités.
En créant le festival Parlons d'amours, Elisabeth Ducos a souhaité "montrer des beaux films qui n'ont pas une visibilité énorme, sans que ce soit une tribune politique". L'événement, qui propose quatorze projection de films sur les thématiques LGBTQIA+, s'ouvre pour une deuxième édition ce mercredi 11 octobre au cinéma Majestic de Vesoul. C'est le seul festival de cinéma de ce genre en Bourgogne-Franche-Comté. Pour rappel, le sigle LGBTQIA+ signifie "lesbiennes, gays, bisexuels, trans, intersexes, asexuels et autres".
"On m'a souvent demandé « Mais pourquoi tu organises ça à Vesoul ? ». Eh bien pourquoi pas ? raconte la conseillère artistique du cinéma, qui s'est lancée dans cette aventure à la sortie du confinement de 2020, avec le soutien du directeur du Majestic et d'associations locales. Pour cette deuxième édition, le festival bénéficie en plus d'une aide financière de la Région.
Je regardais beaucoup de films avec des histoires d'amour entre personnes de même sexe, de très beaux films. Et dans une époque où il y a encore beaucoup d'actes homophobes ou transphobes, j'ai eu envie de créer un festival autour de ce thème pour ouvrir le public à ces questions.
Elisabeth Ducoscréatrice du festival Parlons d'amour
Un thème LGBTQIA+ qui fait réagir
Lorsqu'elle parle de son festival, Elisabeth Ducos a du mal à cacher une légère amertume : elle répète être "surprise" par certaines réactions que suscitent ces projections dans la cité vésulienne. "Je ne m'attendais pas à avoir autant de réactions négatives. J'ai reçu deux-trois lettres de personnes à qui ça ne plaisait pas," confie la cinéphile.
On entend des phrases du style « Je ne veux pas voir de films de pédés" (sic) », ou des personnes qui se sentent obligées de glisser un « mais je ne suis pas gay hein » lorsqu'ils viennent prendre un ticket pour le festival. On ne projette pas de porno, il n'y a pas à être gêné. C'est un cinéma tout public, il faut juste être un peu curieux !
Elisabeth Ducoscréatrice du festival Parlons d'amour
Ces réactions poussent tout de même la cinéphile à continuer, "au moins pour quatre ou cinq éditions, on verra si on continue à faire face à autant de réticences."
Une programmation diverse
Le festival Parlons d'amour est inauguré ce 11 octobre avec la projection, à 20h15 et en présence du réalisateur, de L'Air de la mer rend libre du Franco-algérien Nadir Moknèche. Le film raconte l'histoire de Saïd - qui vit une relation en catimini avec Stéphane - et Hadjira - qui a vécu une histoire d'amour malheureuse avec un homme - qui sont contraints par leurs familles de se marier ensemble.
Très diverse, la programmation propose au public, pour 6 euros, des histoires d'amour en Turquie, en Argentine, en Nouvelle-Zélande, dans l'Angleterre sous Thatcher mais encore un biopic de la footballeuse Marinette Pichon. Certains films sont présentés en avant-première (Nuit noire en Anatolie et Le Choix de Raphi) ou en présence d'intervenants.
"On a essayé, par la sélection, d'être exhaustifs, de faire un tour d'horizon de ce que peut être l'amour aujourd'hui : entre deux hommes, entre deux femmes, dans diverses cultures, dans les villes mais aussi dans nos campagnes ! sourit Elisabeth Ducos. Quand on entend les chants homophobes dans les stades, quand on voit le nombre de jeunes jetés dans leurs familles parce que gays... Si on peut, à travers notre festival, réunir des gens autour d'un film pour mieux se connaître et mieux vivre ensemble, c'est ça de gagné."