Edmund, l'"escargot anglais" et Frédéric, le "sanglier marseillais" ont entamé une "marche contre les déchets" de 800 kilomètres. Ils ramassent notamment les masques chirurgicaux sur leurs routes pour sensibilser à l'impact écologique de leur utilisation. Ils sont en Saône-et-Loire cette semaine.
Ils suivent la ligne LGV Paris-Marseille. Mais c'est à 3 km/h et pas 300 km/h qu'ils profitent des paysages du pays. Edmund et Frédéric ont entamé une "marche contre les déchets" entre la cité phocéenne et la capitale, soit près de 800 kilomètres.
Plus de 2 130 masques ramassés en 25 jours
Le lundi 26 octobre, les deux comparses arrivent en Bourgogne, à Cluny. Sur la route, ils ramassent les déchets des "trois M" : masques, mégots et Mcdonald's. Depuis le début de l'opération au 1er octobre, ce ne sont pas moins de 2 130 masques qu'Edmund et Frédéric ont ramassé. "L'ONU le dit, 75 % des masques jetables risquent de se retrouver dans des décharges ou dans les mers" rappelle Adrien Piquera, le chargé de communication du projet. Ces masques qui se retrouvent en pleine nature, lorsqu'ils se dégradent, laissent des micro-particules, nocives pour l'environnement. "A ce jour, il n'y a qu'une entreprise en France qui recycle les masques usagés." Adrien parle de Plaxtil, qui les transforme en plastique. Ce projet de "marche contre les déchets" est aussi un cri d'alerte quant à la "mauvaise gestion politique de ces masques."Il y a la problématique environnementale, mais aussi sanitaire. "Cette marche, c'est aussi pour rappeler que jeter le masque en pleine nature, c'est propager le virus !" Lorsqu'Edmund et Frédéric récupèrent les masques, ils les exposent par-terre et engagent une conversation avec les citoyens. Ils sont ensuite emballés dans un sac hermétique et jetés à la poubelle.
Mais il y a aussi les mégots, qui, "peu de gens le savent", se retrouvent en pleine mer en deux semaines seulement. Et le troisième M est symbolique. "McDonald's, c'est un symbole de la surconsommation actuelle. C'est une entreprise qui a une production massive de déchets."
Les deux amis feront étape à Cluny, La Grenouille, Le Creusot-Montceau-Montchanin, Saint-Emiland et Muse en Saône-et-Loire. Ils seront ensuite à Thoisy-la-Berchère et Dompierre-en-Morvan, en Côte-d'Or.
L'état d'urgence sanitaire, un obstacle ?
Sur leur route, Edmund et Frédéric invitent les promeneurs, les touristes et les riverains à les accompagner dans le ramassage des déchets. "Ils embarquent un peu tout le monde de façon sauvage" plaisante Adrien.Ils rencontrent aussi parfois des associations de défense de l'environnement et des écoles. "Ils font de la sensibilisation avec la fable de l'ecargot et du sanglier" (leurs surnoms).
Les deux hommes marchent environ 43 kilomètres par jour. Le soir, ils dorment dans un camping ou font du bivouac. Mais l'état d'urgence et le couvre-feu n'ont-ils pas freinés la démarche ? Pas facile d'alpager de potentiels ramasseurs quand les terrasses de café sont fermées... "Pas tellement. Ils tiennent à continuer et à dire aux gens : regardez, malgré le couvre-feu tous les déchets qu'on a pu ramasser..." Alors, comme tout le monde, ils portent le masque et gardent leurs distances.
Une première aventure déjà en 2017
"L'opération n'est pas financée" assure l'équipe, "il n'y a que des bénévoles" ou presque. Edmund et Frédéric sont accompagnés par Adrien et le président de l'association "1 déchet par jour". Mais il y a aussi deux autres personnes qui se chargent de la promotion du livre "L'anglais qui voulait nettoyer la France" qui sortira le 19 novembre, date d'arrivée des deux marcheurs-nettoyeurs à Paris. Cet ouvrage retrace l'aventure en autostop d'Edmund en 2017, déjà dans un esprit de sensibilisation.Edmund est un anglais arrivé en France en 2011, à Marseille. Tombé amoureux de la cité phocéenne, il y rencontre de nombreuses associations de défense de l'environnement. Lors d'un voyage à Lille, Edmund, surnommé "Eddy" ramasse une canette et publie un selfie sur les réseaux sociaux. Il annonce qu'à partir de ce jour, il ramassera un déchet par jour et le publiera sur les réseaux. Soutenu, il crée une association de dépollution et de défense de l'environnement. Il est vite rejoint par son ami Frédéric, "Fred", qui est photojournaliste. Lui est connu pour avoir couvert les manifestations indépendantistes en Catalogne ou encore les Gilets jaunes, en France.