Le Premier ministre de François Mitterand s'était donné la mort un 1ier mai 1993, à Nevers.
Militant autodidacte devenu Premier ministre et Maire de sa ville, Nevers, Pierre Bérégovoy incarnait la réussite possible des milieux populaires. Ancien cheminot, c'est par le travail qu'il avait gravi les échelons.
Pierre Bérégovoy, militant autodidacte issu du syndicalisme, devenu Premier ministre de François Mitterrand, a mis fin à ses jours il y a 19 ans, alors que des suspicions de corruption pesaient sur lui, et que la gauche venait de subir une lourde défaite aux législatives.
Le 1er mai 1993, le long d'un canal de la Nièvre, il s'est donné la mort sans laisser un mot d'explication. Il avait 67 ans.
Ce geste désespéré bouleversa les Français et suscita une polémique politique. "Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie", lança François Mitterrand, dans une formule qui marqua son deuxième septennat, devant le cercueil de Pierre Bérégovoy, le 4 mai 1993 à Nevers, la ville dont l'ancien Premier ministre était le député-maire.
Qui étaient les chiens ? La presse, les juges, d'autres personnes encore ? L'ex-président socialiste n'a jamais explicité sa formule.
Le 1er février 1993, le Canard Enchaîné avait révélé que Pierre Bérégovoy avait bénéficié en 1986 d'un prêt d'un million de francs (150.000 euros) sans intérêt consenti, devant notaire, par l'industriel Roger-Patrice Pelat, un ami de François Mitterrand, pour l'acquisition d'un appartement parisien. A l'époque, Pierre Bérégovoy était simple député de la Nièvre.
Très vite la suspicion s'installa sur l'intégrité d'un chef de gouvernement, qui avait fait de la lutte contre la corruption une priorité, lors de son discours de politique générale, le 8 avril 1992.
Après sa mise en cause par le Canard Enchaîné, il n'y eut pratiquement pas de jour où Pierre Bérégovoy ne fut contraint de s'expliquer. Il avait assuré avoir remboursé la moitié de sa dette en meubles et livres anciens, et le solde fin 1992. Mais plusieurs médias avaient mis en doute qu'il ait pu rembourser 500.000 F en objets divers, compte tenu de ses origines modestes.
Né en 1925 près de Rouen, Pierre Bérégovoy était un ancien cheminot, militant socialiste convaincu, qui avait gravi un à un tous les échelons du pouvoir: Député, ministre aux Affaires sociales, puis à l'Economie, chef de gouvernement en 1992...
En 1981, il était devenu le premier secrétaire général de l'Elysée de la Ve République à ne pas être passé par une grande école. Un parcours exceptionnel dans la classe politique française, s'expliquant par un tempérament de travailleur acharné.
Aux législatives de mars 1993, les socialistes subirent une lourde défaite, un échec que Pierre Bérégovoy ressentit très durement, avec le sentiment de n'avoir pu laver son honneur. Sa veuve, Gilberte, décédée en novembre 2001, avait la conviction que son mari avait été victime d'un "complot".