Une cérémonie en hommage à l'homme d'Eglise assassiné en 1989 au Brésil est organisée à Port-Lesney ce 23 décembre ainsi qu'à Vitória. Le prêtre a profondément marqué la capitale de l’Etat de l’Espírito Santo, où il vivait avec les plus pauvres.
A la veille du réveillon, ce 23 décembre assombrit toujours un peu les cœurs des amis du père Gabriel Maire des deux côtés de l’Atlantique.
Le prêtre jurassien, parti en 1980 au Brésil pour soutenir les plus pauvres et les aider dans leur quête d’une vie meilleure et de la reconnaissance de leurs droits, a été assassiné en 1989 à Vitória. Il y a tout juste 33 ans. Il luttait à l’époque pour l’attribution de territoires à des personnes dites « sans-terre », un combat qui ne plaisait pas à tout le monde et pour lequel il avait déjà reçu de nombreuses menaces de mort.
Ordonné prêtre en 1963, il a d’abord officié à Dole, puis à Saint-Claude de 1969 à 1980. « Il a toujours eu le souci des autres, raconte Elisabeth Lamy de la direction collégiale de l’association « les amis de Gabriel Maire », il avait la foi, il voulait appliquer les principes de l’évangile ». L’injustice était sa bête noire, avant de partir pour l’Amérique du Sud, il a créé un mouvement populaire des citoyens du monde.
Une vocation auprès des plus pauvres
En 1980, l’évêque du diocèse de Saint-Claude l’envoie à Vitória, capitale de l’Etat de l’Espírito Santo au Brésil. Il s’y intègre très vite, apprend rapidement le portugais, et quitte son logement du séminaire pour une cabane au milieu des gens les plus pauvres.
Il œuvre alors pour que les plus démunis fassent reconnaitre leurs droits dont ils ignorent tout. Il se bat aussi aux côtés des femmes, les aide à se fédérer. Le padre Gabriel, comme le nomment les Brésiliens, est de tous les combats. Y compris ceux qui déplaisent, comme la lutte des « sans-terre ». En 1989, il est menacé de mort, et finalement assassiné le 23 décembre. L’association des amis de Gabriel Maire nait à ce moment-là pour obtenir un procès.
« Ils ont voulu faire passer ça pour un crime crapuleux, explique Elisabeth Lamy, mais il avait toujours sa montre. On pense que les hommes condamnés ont accepté d’aller en prison pour un crime qu’ils n’ont pas commis. Ils ont dû recevoir des menaces, de l’argent », suppute-t-elle.
Toujours vivant là-bas
Le corps de Gabriel Maire est rapatrié. Il est inhumé à Port-Lesney dans le Jura où est organisée la cérémonie ce 23 décembre. Un hommage pour que cet homme d’Eglise ne sombre pas dans l’oubli. Un hommage organisé aussi au Brésil, à Vitória.
Elisabeth Lamy s’est rendue de l’autre côté de l’Atlantique
Là-bas, j'ai vu qu'il était toujours vivant, il reste encore son énergie.
Elisabeth Lamy
Les brésiliens continuent d’honorer sa mémoire, un centre pour jeunes handicapés créé avec son soutien est toujours ouvert. Son image est encore sur les banderoles dans de nombreux combats en faveur d’une plus grande justice.
Cet hommage aujourd’hui dans le Jura c’est pour le faire « connaitre, comme il est reconnu là-bas », conclut Elisabeth Lamy. La cérémonie est prévue à 15h en l’Eglise de Port-Lesney.