L’ARS de Bourgogne Franche-Comté évoque un nombre anormalement élevé de cancers touchant les enfants dans plusieurs communes du Haut-Jura. Une enquête épidémiologique vient d'être lancée. En quoi consiste-t-elle ?
L'agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-France-Comté a été informée en juillet d'un "nombre anormalement élevé de cancers touchant des enfants" au sein de la population résidant sur les communes des Rousses, de Morbier, de Morez, de Saint-Pierre et de Prémanon. L’agence a établi une liste de dix cas, en lien avec les médecins traitants et le CHRU de Besançon. Les enfants concernés étaient âgés de 6 mois à 13 ans au moment du diagnostic.
L’ARS BFC a été informée en juillet dernier d’un nombre anormalement élevé de cancers touchant des enfants au sein de la population résidant sur des communes du Haut-Jura (Les Rousses, Morbier, Morez, Saint-Pierre, Prémanon). Retrouvez le CP ici ➡️ https://t.co/xOE6FtcpLw pic.twitter.com/iamCVUfj1K
— ARS BFC (@arsbfc) November 14, 2019
Une étude sur plusieurs mois
L'agence nationale de santé publique, Santé publique France, a été saisie par l'ARS pour engager une expertise. Cette enquête épidémiologique, qui s'échelonnera sur plusieurs mois, consiste notamment à décrire les cas signalés et rechercher d'éventuelles expositions environnementales. Des mesures de l'air, de l'eau et des ondes environnantes seront effectuées. "La confrontation de l’ensemble des données collectées permettra de statuer sur la plausibilité d’un lien entre des expositions suspectées et la survenue de l’agrégat de cas", précise, dans un communiqué, l’agence régionale.Une étape importante consistera à interroger les familles sur la base d'un questionnaire détaillé en vue d'étudier les parcours de vie des enfants, rechercher chez eux des points communs. Une réunion d'information pour les familles a eu lieu mi-octobre en présence de représentants de l'ARS et de Santé publique France. Elle avait pour finalité d'échanger sur la démarche, ses objectifs, la méthode employée et l'implication de ces familles dans ce processus, qui suit désormais son cours indique l'ARS. Selon l'agence, "les facteurs de risque liés aux cancers peuvent être multiples et la majorité des cancers pédiatriques sont aujourd'hui sans cause connue".
En Loire-Atlantique, une enquête similaire avait été lancée
Des cas similaires de cancers pédiatriques concentrés dans une même zone géographique ont été relevés à Sainte-Pazanne, dans les Pays de la Loire. Depuis 2015, ce sont 20 enfants domiciliés autour de cette commune située à une trentaine de kilomètres de Nantes, qui ont développé un cancer. Quatre d'entre eux sont décédés.Une enquête épidémiologique avait été ordonnée en avril 2019. Les principaux polluants recherchés étaient liés à la proximité de l'usine de traitement de bois située en face de l'école : hydrocarbures, pesticides, benzopyrène et benzène. "Il n'y a pas de risques qui dépassent les valeurs de références en l'état des connaissances actuelles", a affirmé cet été Nicolas Durand, directeur général adjoint de l'ARS Pays de la Loire. Selon les résultats des analyses de l’ARS, les taux de polluants dans les sous-sols, les eaux souterraines et l'eau potable ne dépassaient pas les normes autorisées.Les parents peu convaincus
Ces résultats étaient attendus par les membres du collectif "Stop aux cancers de nos enfants". "Les normes autorisées, ce sont les niveaux de toxicité aiguë. Ce n'est pas le cas. Nous, nous voulons montrer que c'est la multiplicité des facteurs qui peut amener à des maladies, des cancers. Or il n'y a pas de multiples prélèvements d'effectués", explique Marie Thibaud, membre du collectif, que nous avons jointe par téléphone. Pour cette mère de famille, le problème est aussi dans le questionnaire."On est en train de créer des bombes dans le corps de nos enfants. Moi, il n'est pas question que mon fils rechute", a déclaré Marie Thibaud à l'AFP.On ne nous pose pas de questions détaillées sur nos logements, sur les champs voisins ou encore sur les produits utilisés pendant la grossesse.
- Marie Thibaud, membre du collectif "Stop aux cancers de nos enfants"