“C’est la fin des grands cerfs en forêt de Chaux” : 556 cerfs devraient tomber sous les balles cette saison dans cette forêt du Jura

La mort récente de Vincent, un cerf vieux de 20 ans dans cette forêt du Jura, l'une des plus vastes de France, remet en lumière la question de la gestion des cervidés. Le plan de chasse 2023-2024 autorise, dans la forêt de Chaux, un nombre beaucoup plus important de prélèvements. Pour l’Office National des Forêts, un équilibre doit être retrouvé.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Vincent n’est plus. La dépouille de ce cerf majestueux a été retrouvée fin août. Le vieux cerf qui a eu jusqu’à 20 cors est mort de vieillesse. Il avait échappé à toutes les saisons de chasse.

Maintenir le cerf à sa “juste place”

D’autres cerfs, eux, sont condamnés. 556 individus pourront être tués cette saison, sur les 20.500 hectares de forêt. Contre 392 la saison précédente, sur décision de la Préfecture. L’ONF estime qu’il y a trop de cervidés ici, sans avancer de chiffres précis. “Dire aujourd’hui, on a un tel cheptel sur la forêt de chaux, on est incapables de le faire. Aucune technologie ne le permet. En revanche, on suit les populations chaque année en effectuant des comptages. On arrive à suivre la tendance, la dynamique de cette population. Ce que l’on constate depuis de nombreuses années, c’est une population en hausse. La population de cerfs se porte trop bien au point qu’on arrive plus à rajeunir notre forêt” explique Florent Dubosclard, directeur départemental de l’ONF dans le Jura, au micro de notre journaliste Dominique Malige.

Sur le terrain, le gestionnaire de la forêt argumente : “Autour de nous, on a une végétation qui est complètement taillée à hauteur des genoux. Il n’y a rien qui dépasse 50 cm de haut. Pourquoi ? Parce que c’est la hauteur à laquelle les cerfs s’arrêtent de manger. Nos arbres arrivent à germer, mais pas à dépasser ce stade, car ils sont consommés” ajoute le représentant de l’ONF qui rappelle que le cerf n’a aucun prédateur dans ces lieux, hormis l’homme pour le réguler.

Trop de prélèvements pour les chasseurs ?

Sur la forêt domaniale de Chaux gérée par l’ONF, 400 cerfs doivent être prélevés selon les préconisations du préfet. Le plan de chasse va s’étendre jusqu’au 28 février 2024. Si les chasseurs ne réalisent pas 400 prélèvements, ce sera au tour des agents de l’ONF de prélever le quota restant. Pour Christian Lagalice, président de la fédération de chasse du Jura, la hausse de 37% des prélèvements à effectuer sur la forêt domaniale soulève forcément question. “Le problème de fonds de la forêt de Chaux, c'est que c’est une forêt pauvre en termes de nourriture pour les cerfs. On a des cerfs pas en aussi bonne santé que dans le Haut-Jura. On peut comprendre la volonté de l’ONF de réduire la population, mais l’ONF n’a jamais mis en place des sols pour que les cerfs puissent se nourrir correctement” résume-t-il.

La fédération de chasse du Jura pointe du doigt les 100 kilomètres de clôtures grillagées qui préservent les plants de l’ONF. “L’ONF, s’obstine à faire des plantations, ça concentre les cerfs à d’autres endroits” ajoute le président des chasseurs. La Fédération du Jura plaide depuis des années pour que des allées soient aménagées en bordure de forêt de Chaux, avec de l’herbe pour que les cerfs puissent s’y nourrir, en faisant moins de dommages sur la sylviculture.

Olivier Trible, photographe - Dominique Malige, journaliste France 3 - Florent Dubosclard, directeur département ONF Jura © France 3 Franche-Comté

Avec Vincent, c’est une page qui se tourne. La suite, c’est l’ONF qui va l’écrire.

Olivier Trible, photographe

Les cerfs ont été réintroduits après la Seconde Guerre mondiale dans cet immense poumon vert situé sur les départements du Doubs et Jura. Pour les passionnés de nature comme le photographe Olivier Trible, les cerfs ne sont pas si nombreux que cela. Et surtout, les grands cerfs comme Vincent n’auront plus jamais leur place dans cet écosystème de plus en plus régulé par l’homme et les fusils de chasse. “Les grands cerfs de Chaux, Vincent, c’était le dernier. Les derniers qui se tirent aujourd’hui, les trophées, il n’y en a plus. Il y a un 18 cors qui s’est fait tirer, il y a deux ans. Depuis, il n’y a plus rien. L’héritage de Vincent ? C’est fini !” déplore cet amoureux de la nature.
Ceux qui ont aimé et respecté Vincent lui ont rendu hommage il y a quelques jours.

Brigitte Bardot avait volé au secours des cerfs de Chaux en 2008 

En 2008, les cerfs de ce secteur avaient reçu le soutien de la fondation Brigitte Bardot. Le plan de chasse prévoyait alors 225 prélèvements, soit la moitié de la population de cerfs à cette époque. L’ancienne actrice défenseuse des animaux avait écrit au préfet du Jura pour lui demander la suspension de la mesure d’abattage. Elle avait partiellement obtenu gain de cause, ramenant le nombre de bracelets de prélèvements possibles à 188. 

Combien de cerfs seront-ils à tomber lors de cette saison de chasse ? Pour l’ONF, l’équilibre de la forêt se situe à deux cerfs pour 100 hectares. Soit 200 à 400 animaux (cerfs, biches et faons) sur l’ensemble de la forêt de Chaux. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information