Le coup de massue est tombé jeudi 3 septembre lors d’une réunion du conseil social et économique (CSE). Le groupe américain Kohler va mettre en vente les locaux de son usine de Damparis dans le Jura. Il se sépare aussi de son site de Reims avec 29 salariés.
“On savait qu’il y avait des difficultés, que la production avait baissé, on savait que notre site n’était pas viable, mais ça a été soudain” explique Olivier Drut, délégué CFE-CGC du site de Damparis, encore sous le choc de l'annonce.Damparis, c'est la dernière usine de céramique en France
Le site de Damparis fabrique des vasques et toilettes de luxe. Environ 140.000 pièces par an sortent de cette usine. Le carnet de commandes s’est réduit au fil des ans.La marque Jacob Delafon avait été crée ici en 1899, le site de Damparis a compté jusqu’à 800 salariés dans les années 80. En 1985, l'usine avait été rachetée par le géant américain Kohler.
“Ce qui nous fait mal, c’est que c’était le berceau de la marque Jacob Delafon et il va disparaître”. Le représentant du personnel nous explique que le groupe Kohler, va néanmoins conserver la marque Jacob Delafon. Elle est déjà produite bien loin du Jura, au Maroc ou en Chine.
“On sait très bien que les locaux de Damparis sont vétustes, ils sont situés à 200 mètres de l’usine Solvay, classée en risque Seveso 2. Personne ne rachètera. C’est la fin, et elle intervient dans un bassin dolois déjà sinistré” ajoute l’élu. “On nous dit que le groupe va chercher un repreneur, s’il n’y en a pas c’est le plan social, d’ici janvier 2021.” Le chômage assuré pour 151 personnes.
"Effectivement, la direction nous dit qu'elle va chercher un repreneur. Mais cela relève d'une obligation légale. On est pas très optimistes sur une reprise” confirme à son tour Olivier Blaise, délégué central.
Dans l’usine jurassienne de Jacob Delafon, certains salariés travaillaient depuis des années. “La céramique, c’est un savoir faire très spécifique. C’est une usine très familiale, on a une moyenne d’âge d’environ 45 à 50 ans. Certains salariés travaillent ici depuis près de 20 ans” souligne Olivier Drut.
Le groupe américain a deux mois pour trouver un repreneur. Au lendemain de l’annonce de la mise en vente de leur usine, les salariés ont débrayé ce jeudi 4 septembre, mais ils vont reprendre le travail. Pas le choix. Après trois mois de chômage partiel pendant la crise du covid. “Les salariés ont déjà beaucoup perdu financièrement” souligne Olivier Drut. Faire grève, cela semble difficile selon lui.
"Je suis très très très surpris de cette annonce, en ce qui me concerne. Quand on a visité au mois de juillet l'entreprise avec le sous préfet de Dole, on nous a montré certains investissements, notamment un four. Il y a eu quelques licenciements mais la seule information qu'on avait à l'époque c'était qu'il y avait un ralentissement. Ils m'ont sollicités pour un rendez-vous lundi mais j'étais loin de m'imaginer qu'il y aurait une fermeture. Ce site est historique donc ça nous fait d'autant plus mal. C'est vraiment un crève coeur. C'est un mauvais coup, et j'aimerais bien savoir comment nous en sommes en arriver là. On nous parle de crédit de relance mais en guise de relance ce sont des entreprises qui ferment" nous a expliqué Michel Giniès, maire de Damparis.
Les syndicats feront le point sur la situation lundi 7 septembre. Le maire de la commune rencontre lui aussi la direction le même jour. La rentrée n’augure rien de bon. Selon Richard Dhivers, secrétaire départemental de la CGT, plusieurs entreprises du Jura sont actuellement en difficulté dans le secteur de la métallurgie et de la plasturgie.