Martha Omozusi s’est enfuie de son pays après avoir subie une excision. Réfugiée en Bulgarie où elle décroche un diplôme, elle doit de nouveau fuir, pour éviter à sa fille de subir le même sort qu’elle. Arrivée en France depuis 2017, elle a tout fait pour obtenir l’asile, mais en vain, aujourd’hui, elle doit quitter le territoire français.
C’est une pratique barbare, mutilante, humiliante que subissent encore de nombreuses femmes. Martha Omozusi a été excisée dans son pays, le Nigéria, lorsqu’elle avait 5 ans. S’en suivent des années de complications médicales, et d'affreuses douleurs. En 2014, elle réussit à s’enfuir et trouve refuge en Bulgarie où elle décroche un diplôme dans la gestion administrative. Là-bas, elle rencontre un Nigérian. Ils ont une fille que l’homme décide de faire exciser. Martha Omozusi refuse, et quitte le pays, seule, avec son enfant.
En 2017, elle arrive en France, mais elle ne dit rien de sa condition. Par honte, par peur, elle tait l’excision et la raison de son exil. On lui refuse le statut de réfugié. Prise en charge à Dole dans le Jura par une association, l’Accueil Citoyen des Réfugiés, elle fera plusieurs demandes pour obtenir l’asile. Sans succès.
Aujourd’hui, avec ses deux filles, de 4 et 7 ans, elle est censée quitter le territoire français le 26 janvier 2023. Elle est sous le coup d'une OQTF, une obligation de quitter le territoire français.
Sans droit, ni toit
« Je ne comprends pas pourquoi la France refuse. La France est pourtant contre l’excision », nous raconte Martha, la voix étranglée par l’émotion.
Aujourd’hui, je n’ai aucun droit, je ne peux pas travailler, je cours partout pour trouver à manger, et m’occuper de mes filles.
Martha Omozusi
Sa plus grande fille souffre de troubles du comportement. Soignée un temps à l’hôpital de jour, elle n’y a plus droit, depuis la délivrance de l’obligation de quitter le territoire. La fillette n’est admise que 2h30 par jour à l’école. Martha Omozusi ne peut pas payer certains soins, qui ne sont plus pris en charge. « C’est trop cher, je n’ai plus rien ».
Le 26 janvier, la mère de famille et ses deux enfants devront quitter leur logement. Il n'y a pas de trêve hivernale pour les personnes sans-papiers.
Pour l’association Accueil Citoyen Réfugiés, seul le Préfet du Jura pourrait intercéder en sa faveur. « Il y a des destins où le malheur s’ajoute au malheur », déplore Samia Coupat, la présidente de l’association. Mais les sollicitations sont restées lettres mortes.
«Je prie pour ça change », espère Martha Omozusi, qui ne demande qu’à protéger ses filles d’un avenir bien sombre si la mère et ses filles devaient retourner au Nigéria.
Contactée, la Préfecture du Jura, n’a pas à l'heure où nous écrivons donné suite à notre sollicitation.