Mobilisation spectaculaire ce lundi 13 juin des associations SolMiRé (Solidarités Migrants Réfugiés) et d'Extinction Rebellion pour éviter l'excision d'une petite fille originaire du Sierra Leone. Depuis plusieurs mois, les militants se battent pour que sa famille puisse rester en France.
Juliana sait ce qui attend sa petite fille dans son pays d'origine, le Sierra Leone. Après avoir été excisée, la jeune femme a quitté sa famille et son pays pour fuir une seconde mutilation. Un drame qu'elle a voulu éviter à sa petite fille Mariama. C'est ce qu'elle nous a confié ce lundi 13 juin.
A 15 ans, ma famille a décidé de me mutiler, en pratiquant l’excision. Cette excision a été terrible pour moi, c’est un traumatisme, douloureux, ma vie ne sera plus la même. Si je retourne dans mon pays, ils feront la même chose à Mariama. Et je ne veux pas que ça se répète.
Juliana, mère de Mariama
Juliana espère que la France acceptera d’accorder l’asile à sa famille, pour protéger Mariama des douleurs gynécologiques qu’elle-même a subi et qui l’empêchent d’avoir une sexualité normale de femme, sans douleurs. Les militants de XR Rebellion et de SolMiRé ont voulu frapper fort pour se faire entendre du Préfet du Doubs car pour l'instant, la famille de Mariama risque de devoir partir de France.
En 2017, alors que Juliana a 18 ans, sa famille se rend compte, lors d'un examen, que "l'excision n'a pas été totale". "Ils décident alors de finir le travail", nous confiait en avril dernier Viviane Camus, membre du comité de soutien qui accompagne cette famille à Besançon.
L'excision, une pratique répandue au Sierra Leone
Juliana prend la fuite et se réfugie dans un office religieux avant de partir vers l'Allemagne. Là-bas, elle rencontre Mohamed, le père de ses futurs enfants. Mariama, 5 ans née en Allemagne, puis un petit frère vient agrandir la famille.
Le couple dépose en Allemagne une demande d’asile. Impensable pour la famille d'envisager un retour en Sierra Leone où la mère comme sa petite fille risquent une mutilation sexuelle. Juliana, la mère de Mariama a été excisée à l'âge de 15 ans. Dans sa famille, les filles doivent toutes être excisées. En Sierra Leone, 75 % des femmes interrogées ont subi une excision précise le rapport de l'OFPRA de 2018. Pour l'Organisation Mondiale de la Santé, les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes. Elles sont 200 millions, toujours en vie, à avoir été victimes de mutilations sexuelles pratiquées dans 30 pays d'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie.
Déboutée en Allemagne, la famille décide de venir en France. Depuis l’automne 2021, elle est hébergée à Besançon par des membres du "Comité de soutien de Mariama". Mais, en raison des lois et la procédures de Dublin en vigueur, la préfecture du Doubs estime que c'est à l'Allemagne d'accueillir la famille et non la France.
Un retour en Allemagne qui inquiète le comité de soutien
Malgré la mobilisation du comité de soutien, une pétition signée par 305 bisontins en mars 2022, la préfecture du Doubs indique qu'il n'y a "aucune raison sérieuse de douter que les autorités allemandes examineront bien le risque d'excision de la petite fille en cas de retour en Sierra Léone."
Pour les associations , "les autorités allemandes ne protégeront pas Mariama : elles ont rejeté sa demande d’asile. Elles ignorent par là même que la décision de pratiquer des mutilations sexuelles sur les fillettes, dans ce pays, ne dépend pas seulement de la volonté du père et de la mère, mais bel et bien de la famille élargie, voire du village entier. De plus, en refusant que leur fille soit mutilée, ses parents sont susceptibles d’être rejetés, voire persécutés par leur entourage".
D'où la forte mobilisation de ce 13 juin pour que cette famille obtienne l'asile en France.