L’ARS de Bourgogne Franche-Comté évoque un nombre anormalement élevé de cancers touchant les enfants dans plusieurs communes du Haut-Jura : Les Rousses, Morbier, Morez, Saint-Pierre et Prémanon. Une nouvelle qui fait l'effet d'une bombe dans ce secteur de montagne de Franche-Comté.
Les enfants concernés étaient âgés de 6 mois à 13 ans au moment du diagnostic. L’ARS Bourgogne-Franche-Comté a saisi Santé publique France pour engager une expertise épidémiologique et tenter de rechercher des facteurs qui pourraient ces cancers en nombre.
Une réunion d’information a eu lieu le 14 octobre avec les familles et en présence de représentants de l’ARS et de Santé publique France. Elle avait pour finalité d’échanger sur la démarche, ses objectifs, la méthode employée et l’implication de ces familles dans ce processus, qui suit désormais son cours indique l'ARS.
L’ARS BFC a été informée en juillet dernier d’un nombre anormalement élevé de cancers touchant des enfants au sein de la population résidant sur des communes du Haut-Jura (Les Rousses, Morbier, Morez, Saint-Pierre, Prémanon). Retrouvez le CP ici ➡️ https://t.co/xOE6FtcpLw pic.twitter.com/iamCVUfj1K
— ARS BFC (@arsbfc) November 14, 2019
Des maires du Haut-Jura abasourdis par la nouvelle
Contactés par France 3 Franche-Comté, plusieurs maires du Haut-Jura nous disent n'avoir pas eu connaissance de ces signalements de cancers en nombre. Ils ont appris l'ouverture d'une enquête par l'ARS via les médias. "Je suis stupéfaite. Nous avons eu il y a quelques années un enfant malade, mais là 10 !" explique la première magistrate de la commune de Saint-Pierre qui figure dans la liste des communes citées.
Selon nos informations, plusieurs enfants sont effectivement atteints de cancer dans la commune des Rousses. Des enfants de moins de 6 ans qui ont développé pour au moins deux d'entres eux des leucémies. Un autre cas nous est signalé ces dernière années à Prémanon. Une autre enfant serait malade à Morbier atteinte elle aussi d'une leucémie. Un petit de 6 ans est touché lui aussi par un cancer à Morez. Enfin, à Saint-Pierre, un adolescent de 13 ans a développé il y a 5 ans, une leucémie. Le jeune a été greffé, il va bien aujourd'hui.
Les cancers chez l'enfant ont des facteurs multiples
Les facteurs de risque liés aux cancers peuvent être multiples et la majorité des cancers pédiatriques sont aujourd’hui sans cause connue.
La démarche engagée par Santé publique France consiste à décrire les cas signalés, en rechercher d’autres qui n’auraient pas été signalés, rechercher d’éventuelles expositions environnementales et analyser la bibliographie. La confrontation de l’ensemble des données
collectées permettra de statuer sur la plausibilité d’un lien entre des expositions suspectées et la survenue de l’agrégat de cas.
A ce stade, Santé publique France a lancé la recherche active d’autres cas.
Une étape importante consistera à interroger les familles sur la base d’un questionnaire détaillé en vue d’étudier les parcours de vie des enfants, rechercher chez eux des points communs. L’étude s’échelonnera sur plusieurs mois.
André Cicolella est le président fondateur du Réseau Environnement Santé, qui milite pour identifier et combattre les causes environnementales des maladies chroniques. Il n'est pas surpris par cette série inexpliquée de cancers chez l'enfant, et avance plusieurs hypothèses.
450 nouveaux cas de leucémie chaque année en France
Selon une étude de l'Inserm, en France, environ 1 enfant sur 500 est atteint d’un cancer avant l’âge de 15 ans. On compte près de 1 500 nouveaux cas de cancer chaque année. Ils surviennent pour moitié avant l’âge de 6 ans. Les leucémies constituent les cancers de l’enfant les plus fréquents.
Une enquête de l'ARS menée pour 17 cas suspects de cancers chez des enfants en Pays de la Loire
Fin aout 2019, l'agence régionale de santé des Pays de la Loire a rendu public les résultats d'une enquête menée sur 17 cas de cancers chez l'enfant dans le secteur de Sainte-Pazanne. L'étude n'a pas réussi à identifier un facteur ayant pu être à l'origine de cette série de cancers. Les enquêteurs ont étudié les sols d'une ancienne de traitement de bois situé à proximité de l'école, l'eau potable, les champs magnétiques.
Dans l'Ain, tout proche du Haut-Jura, l'affaire des bébés nés sans bras est dans tous les esprits. Les familles des enfants atteints de malformation s'interrogent sur d'éventuelles responsabilités des nappes phréatiques de problèmes sur le réseau d'assainissement ou de distribution de l'eau. L'hypothèse d'une pollution par des pesticides ou des rejets toxiques est une des pistes privilégiées par Emmanuelle Amar, responsable du registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera), qui avait donné l'alerte dans l'Ain.
En octobre 2018, l'organisme Santé publique France avait indiqué n'avoir identifié aucune cause pour les cas suspects dans ce département et avait estimé qu'il n'y avait pas d'"excès de cas" dans l'Ain.