André Cicolella est le président fondateur du Réseau Environnement Santé, qui milite pour identifier et combattre les causes environnementales des maladies chroniques. Il n'est pas surpris par cette série inexpliquée de cancers chez l'enfant, et avance plusieurs hypothèses. Interview.
Comment peut-on expliquer ce nombre anormalement élevé de cancers d’enfants dans le Haut-Jura ?« Le problème, c’est justement qu’on n’a pas les outils pour l’expliquer. Quand cela survient, on nous dit : ‘on ne sait pas’. On connaît déjà ce que va répondre Santé Publique France : ‘c’est purement statistique’. Evidemment, c’est inadmissible pour les parents concernés. La probabilité que ce ne soit que le hasard est extrêmement faible. »
Si ce n’est pas le hasard, c’est quoi ?
« Il peut y avoir une cause commune simple. C’est l’exemple du Distilbène. On s’est aperçu que des cancers du vagin se développaient chez des jeunes femmes parce que leur mère avait pris un médicament pendant la grossesse, 20 ans avant.
Ce que l’on sait, c’est que l’exposition pendant la grossesse est déterminante. Une étude épidémiologique de l’Inserm a déjà démontré le lien entre des leucémies chez l’enfant et l’usage par la mère, ou le père, de biocides, des produits ménagers… »
Pourquoi ce nombre de cancers pédiatriques est-il circonscrit à cinq communes ?
« Une partie de l’explication tient dans l’effet cocktail entre des substances chimiques et d’autres facteurs comme le champ électro-magnétique ou l’alimentation, l’eau par exemple. Pendant la grossesse, l’exposition est limitée dans le temps, parfois de faible intensité. Le seul moyen de savoir, ce serait de prélever systématiquement une mèche de cheveux des parents et des enfants. Leur analyse permettrait peut-être d’avoir des réponses. Réseau Environnement Santé milite pour la mise en place d’un comité permanent pour analyser ce type d’événements, comme le cluster de cancers chez l’enfant en Loire Atlantique, ou les enfants sans bras dans l’Ain. »