Antoine Azzolin, un Jurassien de 27 ans est en détention provisoire à Fleury-Mérogis depuis le 27 novembre. Le jeune homme est soupçonné d'avoir jeté un projectile et mutilé un CRS. Sa famille se mobilise pour obtenir sa remise en liberté. L'enquête ne semble pas avancer.
Elle compte les jours. Comme le reste de la famille d'Antoine, ses nièces et ses amis. Isabelle Azzolin a enfin obtenu un parloir pour rendre visite à son fils de 27 ans incarcéré depuis fin novembre à la prison de Fleury-Mérogis en région parisienne.
"Je verrai ce vendredi s'il va bien. On a des nouvelles de lui toutes les semaines avec ses lettres. Il ne parle pas de ses conditions de détention" confie la mère d'Antoine. Le jeune homme nie toute implication dans les faits qui lui sont reprochés. "Il a des hauts et des bas, il ne comprend pas une telle injustice" ajoute-t-elle.
Le samedi 24 novembre, Antoine, a été arrêté près de la place de l'Etoile à Paris. Il a été mis en examen pour violences policières ayant entraîné une mutilation. Il est accusé d'avoir jeté un projectile sur un policier et de l'avoir blessé. Si les faits sont avérés, il encourt jusqu'à 15 ans de prison.
Sa demande de remise en liberté a été refusée le 3 décembre par la chambre de l'instruction de la cour d'appel. Depuis, sa famille attend. Et trouve le temps bien long. Selon la mère d'Antoine, il n'y a aucun nouvel élément dans l'enquête. "On ne sait même pas si un policier a été blessé finalement... Le policier décrit le lanceur de projectiles comme un homme de 1,75 m, mon fils fait 1,85 m. Ce jour là, ils ont bien entendu une explosion mais ils étaient loin... Aujourd'hui on est presque à 50 jours de détention et on ne sait pas ce qui peut se passer. On espérait tellement au moment de faire appel. Moi je pense qu'il sert d'exemple" lance-t-elle craignant que le parquet ait aujourd'hui plus que jamais la pression des policiers".
Contacté par téléphone, l'un des deux avocats parisiens du Jurassien a rencontré plusieurs fois le juge chargé de l'instruction. "Le temps de l'information judiciaire est long". Lors de la plaidoirie pour la demande de mise en liberté, Maître Eduardo Mariotti a rappelé l'absence de pièces dans le dossier indiquant la blessure du représentant des forces de l'ordre. "Rien a changé depuis !" déplore l'avocat. La poursuite des actes de violence lors des manifestations des "Gilets jaunes" est un "contexte défavorable" pour obtenir la libération de son client.
"On a voulu par son placement en détention provisoire lancer un message fort à ceux qui pourraient commettre les faits qui sont reprochés à Antoine" lançait en décembre dernier Me Patrick Uzan avocat jurassien de la famille du jeune homme.
Défendu également par Me Martin Méchin du barreau de Paris, Antoine, 27 ans, vit dans un camping car dans le Jura. "Mon fils est saisonnier, il devait travailler cet hiver sur les pistes du Jura" déplore sa mère. Sa demande de mise en liberté, a été refusée par la justice au motif de dissimulation de preuves et de son instabilité sociale du fait de son domicile.
Sa famille dénonce l'absence de preuves contre le jeune gilet jaune du Jura. La famille a lancé un appel sur le réseau social Facebook pour tenter d'innocenter le jeune homme. Elle cherche des témoignages, photos de toute personne qui se trouvait à Paris Place de l'étoile - Avenue Hoche- Rue Tilsitt, le 24 novembre entre 20 et 22 heures.
"On comprend qu'il y ait eu les fêtes, mais aujourd'hui nous souhaitons que l'enquête avance. Mon fils crie depuis le début son innocence" résume Isabelle Azzolin. A Saint-Claude où vivait le jeune homme, un comité de soutien est en cours de création en Préfecture du Jura. Isabelle Azzolin multiplie les actions. Une page Facebook a été créée ainsi qu'une cagnotte Leetchi pour payer les frais d'avocats. Une pétition en ligne demande la remise en liberté du jeune homme dont le casier judiciaire n'était pas vierge. Sa mère explique qu'Antoine avait été condamné pour une bagarre quand il avait 17 ans, et pour conduite sous emprise de stupéfiants il y a quelques années.
Depuis la prison, le jeune homme écrit : « Depuis ma cellule je ressens l’impact de vos actions (...) j’ai été très touché en recevant les courriers, merci à vous tous, me sentir soutenu m’aide beaucoup et vous savoir derrière moi me donne le moral et m’aide à rester optimiste".
La famille lance appel au calme
La compagne d'Antoine est elle aussi dans l'attente. Présente le 24 novembre à Paris, Juliana n'a toujours pas pu revoir son compagnon. En tant que témoin, elle doit d'abord être entendue par le juge d'instruction ce qui n'a toujours pas été fait, déplore la mère d'Antoine.
Isabelle Azzolin lance à tous un appel au calme sur les manifestations de gilets jaunes. "On appelle à rester calme, j'ai dit à mon fils Antoine soit prudent quand il est parti manifester à Paris" ajoute la Jurassienne qui aimerait revoir très vite son fils, libre.