Le procès de Jean-Christophe Breuil s'est ouvert ce lundi 30 septembre 2019 à Nancy, plus de douze ans après les faits. La justice le soupçonne d'avoir détourné une dizaine de millions d'euros quand il était à la tête du groupe jurassien spécialisé dans le jouet.
Ils ont quitté le Jura l'esprit confiant pour gagner Nancy, où on les a aperçus de bon matin ce lundi 30 septembre, la mèche blanchie pour l'un, la moustache fournie pour l'autre, à l'ouverture du procès de Jean-Christophe Breuil.
Richard Dhivers et Gilles Rizzi ne sont pas venus crier vengeance. Ils sont venus demander justice au nom de la CGT, partie civile au procès, et au nom des centaines de salariés de Smoby qu'on a licenciés quand l'entreprise jurassienne battait de l'aile alors que leur patron, Jean-Christophe Breuil, dissimulait ses avoirs et détournait quelque dix millions d'euros. Du moins, c'est ce dont on le soupçonne. L'homme est présumé innocent. La justice tranchera. Elle a quinze jours pour le faire... après onze ans d'instruction.
« Il a esquinté le département du Jura », s'indigne Gilles Rizzi. Il peut le dire : il était aux premières loges. C'est lui qui représentait la CGT quand l'affaire a éclaté, en 2006. Et c'est justement la CGT qui a lancé l'affaire. Après avoir eu connaissance de possibles malversations financières, le syndicat s'est dépêché d'aller ruer dans les brancards chez juges et préfet. Douze ans plus tard, le procès peut commencer.
Mais quelle qu'en soit l'issue, cela « ne va pas ramener les gens qui ont été licenciés », comme l'explique le cégétiste dans la vidéo ci-dessous.
Gilles Rizzi est aussi co-signataire d'un communiqué (ci-dessous) où il développe son propos : « Lorsqu’il y a des malversations financières (...) ce sont toujours à la fin les salariés qui font les frais de la situation.
(...)
Malheureusement, les salariés (...) n’ont aucune indemnisation possible, alors que beaucoup ont perdu leur emploi, ont eu des difficultés financières ou personnelles du fait des licenciements. »
Même son de cloche pour la députée LR du Jura Marie-Christine Dalloz, qui déplore par ailleurs la lenteur de la procédure. « Les salariés de l'époque voulaient une réponse, mais pas onze ans après. »
Les salariés de l'époque voulaient une réponse, mais pas onze ans après.
Aujourd'hui, Smoby, toujours basé dans le Jura (le siège social est à Lavans-lès-Saint-Claude), reste le numéro 1 du jouet en France. Mais le géant a perdu de sa superbe : on ne répare pas du jour au lendemain 300 licenciements. C'était en 2008, sur les sites d'Arinthod et Lavans-lès-Saint-Claude.
Certes, une partie des licenciés a renoué avec l'emploi quand Smoby a changé de main pour passer sous pavillon allemand. Reste un goût amer, à peine dilué par le temps ; l'affaire est si sensible que le maire de Lavans-lès-Saint-Claude n'a pas souhaité répondre à notre demande d'interview.
Pour aller plus loin, voyez ce reportage de Mary Sohier et Hugues Perret :