Les Grandes Traversées du Jura mettent en garde les randonneurs sur les chiens de troupeaux sur les circuits de randonnée du Haut-Jura. L'association rappelle les bons gestes à adopter face à ces animaux qui sont avant tout là pour protéger les bêtes contre le loup ou le lynx.
Ils font désormais partie du paysage dans le massif du Jura. Patou, Kangal ou autre, les chiens de protection des troupeaux sont de plus en plus nombreux dans le Jura et dans le Doubs, en raison de la présence du lynx et du loup dans la région. Les Grandes Traversées du Jura appellent donc les randonneurs à la plus grande prudence dans le Haut-Jura, au moment où vaches, chèvres et moutons rejoignent leurs pâtures pour l'été.
A lire aussi : voici le calendrier officiel des vacances 2024-2025
L'association, dont le siège se trouve aux Planches-en-Montagne (Jura) fédère tout un réseau d'hébergeurs sur sept itinéraires de grande randonnée du Jura franco-suisse, parcourus par de 3.000 randonneurs itinérants chaque année, sans compter les randonneurs à la journée.
"On fait une piqûre de rappel à chaque début de saison, explique Cyril Henry, directeur des Grandes Traversées du Jura. Ces itinéraires traversent des espaces protégés qui ont différents utilisateurs. Il y a notamment des bergers qui ont de plus en plus recours à des chiens de troupeaux dans leurs pâturages."
C'est très courant dans les Alpes ou en Ardèche, mais ici, on n'est pas encore habitué à voir ces chiens de troupeaux et les touristes en particulier n'ont pas toujours le comportement adapté. Il faut de la prudence et de la bienveillance vis-à-vis de ces chiens qui sont avant tout des chiens de travail et qui ne viennent pas chercher des câlins !
Cyril Henry, directeur des Grandes Traversées du Jura.
Les bons gestes et les gestes à éviter
L'association rappelle ainsi les "bons gestes à adopter", lorsqu'on approche des zones où ces chiens sont présents : rester sur les itinéraires balisés. S’informer de la présence de troupeaux dans les environs, si possible, contourner au maximum le troupeau. Si les chiens viennent au contact, il est impératif de rester calme, de s'arrêter et se laisser identifier.
"Il faut s'arrêter de courir et se mettre à marcher calmement, ajoute Cyril Henry, Si l'on est à vélo, il faut descendre et placer le vélo entre nous et le chien. Ce sont des comportements assez logiques pour nous qui sommes des professionnels de la montagne, mais auxquels les touristes ne sont pas toujours habitués."
Il y a surtout des attitudes et des comportements à éviter : ne pas faire de geste brusque, ne pas menacer les chiens avec un bâton, projectile ou autre, ne pas lever non plus les bâtons de randonnée, ne pas les nourrir, ne pas partir en courant et ne pas accélérer.
Vidéo pédagogique en ligne
Des messages diffusés également par le Parc naturel du Haut-Jura qui a également mis en ligne fin juin une vidéo pédagogique sur ses réseaux sociaux pour mettre en garde promeneurs et vététistes.
"Ce ne sont pas des chiens d'attaque, mais ils ont des comportements dissuasifs, explique Jean-Marc Landry, biologiste et éthologue, dans cette vidéo. C'est-à-dire qu'ils vont nous aborder par des aboiements qui sont tout à fait normaux. Ils vont s'approcher pour voir si vous n'êtes pas une menace."
"En fait, ces chiens sont le pont, le lien entre le pastoralisme et la présence des grands prédateurs, et permettent une cohabitation", professe le spécialiste.
Notre rôle à nous, en tant qu'usagers de la nature, qu'on soit des touristes ou qu'on soit des locaux, c'est aussi de donner toutes les chances à ces chiens de faire correctement leur travail et d'aider l'éléveur. Nos comportements permettront de péreniser la cohabitation !
Jean-Marc Landry, biologiste et éthologue.
Responsabilité partagée
Une sensibilisation qui réjouit les éleveurs. "Il n'y a jamais assez d'information, confie Rémy Bahadur, référent pour le réseau chiens de protection à l'Institut de l'élevage. Les gens n'agissent pas par malveillance, mais par méconnaissance."
Les éleveurs ont joué le jeu d'aller en formation et d'éduquer les chiens pour qu'ils se familiarisent avec les humains, qu'ils soient "touristo-compatibles". Mais la responsabilité est partagée et il faut que de l'autre côté, les promeneurs respectent un certain nombre de règles pour que les chiens ne perçoivent pas l'humain comme une menace.
Rémy Bahadur, référent pour le réseau chiens de protection à l'Institut de l'élevage.
L'éleveur rappelle que les premiers chiens sont arrivés à partir de 2010 dans la région, mais depuis trois ans seulement dans les élevages bovins. On en compterait près de 200 aujourd'hui dans le massif.