C'est une belle histoire teintée d'olympisme, de passion et de solidarité entre gens de montagne. Alain Bohard, moniteur de ski aux Rousses et Pascal Gerstch médecin suisse à la retraite écrivent une page des futurs jeux olympiques de la Jeunesse prévus en 2020 dans le Jura et la Suisse.
Des Rousses à la Mongolie. La passion de la glisse est sans frontières. Depuis le 15 septembre, Alain Bohard a pris en charge un groupe de 37 jeunes à une heure de la capitale mongole Oulan-Bator.
Ces ados de 12 à 16 ans seront peut-être un jour des champions. Alain, le Jurassien, a deux semaines pour leur faire travailler leur préparation physique. Au menu, tests physiques, endurance, ski-roues et peut être ski de fond car la neige est annoncée cette semaine dans la région des Monts Khangaï. Dans ses bagages, 170 kilos de matériel, skis, gourdes, vêtements en partenariat avec le magasin Intersport des Rousses.
"Ces jeunes sont extraordinaires, d'une simplicité. Ils sont très habitués aux protocoles. Nous avons sur place un interprète. Mais communiquer reste difficile" nous explique Alain, depuis la Mongolie.
Sur les 37 jeunes actuellement en détection, 15 viendront dans le massif du Jura en janvier 2019 pour une nouvelle phase de sélection. Deux jeunes, un garçon et une fille participeront aux épreuves des jeux olympiques de la Jeunesse. C'est le quota d'athlètes attribué à ce grand pays.
"Ils ont du matériel, des skis qui viennent d'Europe, ils ont quelques paires de ski-roues... Notre objectif c'est de les mettre dans les meilleures conditions pour qu'ils ne soient pas ridicules le jour de la compétition" explique Alain Bohard.
Le moniteur jurassien découvre pour la première fois le pays situé entre Chine et Russie. On compte deux habitants au mètre carré. Alain Bohard a découvert un mode de vie tout autre. "On mange ici du mouton, il y a peu de légumes, on se lave dehors dans la rivière. C'est un voyage enrichissant même si on aimerait faire tellement plus pour eux. On est dans le volet sportif, on n'a pas eu trop le temps de voir les habitants" regrette Alain Bohard, surpris par l'excellent accueil des familles mongoles qui ont confié leurs enfants à cet entraîneur venu de loin.
Pascal Gertsch, l'artisan de cette rencontre improbable
Si Alain Bohard est aujourd'hui en Mongolie c'est grâce à l'incroyable engagement de Pascal Gertsch, ancien médecin à la retraite. Il fut durant 12 ans le médecin de l'équipe suisse de ski.
Pascal Gertsch multiplie les voyages en Mongolie. C'est son 15e voyage. Il a déjà apporté là-bas 450 paires de ski, du matériel, des vêtements pour les jeunes fondeurs. "Il n'y a aucune machine pour tracer les pistes en Mongolie. L'unique fondeur présent à PyeongChang s'entraînait sur une piste de 250 mètres" raconte-t-il. Alors comme rien ne l'arrête, Pascal a acheminé une petite motoneige en Mongolie pour tracer les pistes. Il a mis en place là-bas deux projets pour créer des centres sportifs. A part la lutte, les courses à chevaux, les Mongols pratiquent peu de sports.
"Ces gosses, ils attendent les skis dans les villages. J'ai vu là-bas du matériel désuet, des bâtons de ski en bois avec des ficelles" explique Pascal dont la voix laisse transparaître un profond amour pour le pays. "J'essaye de faire quelque chose d'utile et qui me fais plaisir... Les jeunes mongols trouvent cela magnifique et nous recevons une confiance totale de ce peuple de la nature" conclut Pascal Gertsch.
En janvier 2019, 15 jeunes Mongols viendront en stage au centre sportif du Sentier en Suisse. Ils participeront à la Transjeune, la petite soeur de la Transjurassienne.
Pascal Gertsch, accompagné de son fils en ce moment en Mongolie, veut bâtir à long terme. Un futur médecin du sport sera bientôt formé à l'Université de Lausanne. Ce sera le premier médecin du sport du pays.
L'ancien médecin continue à vivre là-bas sa passion du sport, à partager son savoir en terme de préparation physique. Il veut apprendre la langue mongole. En transmettant l'amour du sport dans ce pays, il en profite aussi pour faire passer des messages de prévention. Alcoolisme, tabagisme sont un fléau en matière de santé en Mongolie. Le sport apportera-t-il là bas un souffle de bien être ? Et de médaille, qui sait, en 2020 à Lausanne ? "Nous jeunes mongols ne monteront pas sur les podiums, mais ils seront, j'en suis sûr, dans la seconde partie du classement" estime Pascal Gertsch.