Invité de France Inter ce mardi 29 juin, le directeur général de Renault Luca de Meo a été interpellé sur le sort des 270 salariés de MBF à Saint-Claude, placée en liquidation judiciaire le 22 juin. Le sous-traitant automobile travaillait pour Renault, qui préfère s'approvisionner ailleurs.
C'est un auditeur de France Inter qui a mis les pieds dans le plat.
Alors que Luca de Meo, le directeur général de Renault, défendait sur la radio de service public son projet Renaulution, qui doit permettre au groupe automobile de se redresser, Grégoire a appellé le standard pour l'interroger sur les rapports de Renault à ses sous-traitants français: "Au-delà de votre projet avec Envision sur l'électrique à Douai, votre stratégie pour redresser l'entreprise s'appuie sur quels autres partenariats en France ? Je pense notamment aux compétences des sous-traitants en France, et en particulier des fonderies qui traversent une grave crise, avec des fermetures en cours ou déjà actées, comme la fonderie de Bretagne, Fonte du Poitou, ou MBF Alu dans le Jura. Que faire de ces compétences qui seraient perdues à très court terme ?".
C'est un peu notre responsabilité et celle des autorités de trouver des solutions.
"C'est un sujet assez délicat, reconnaît le patron de Renault. C'est un des secteurs qui évidemment va être impacté si jamais la production de véhicules thermiques est arrêtée soudainement, car on anticipe certaines tendances sur le marché. Donc, c'est un peu notre responsabilité et celle des autorités de trouver des solutions. Mais moi je pense qu'il faut se concentrer sur la transformation. C'est ce qu'on est en train de faire chez Renault. On parle des fonderies mais on ne parle pas de ce qu'on est en train de faire, nous-mêmes, en interne pour donner du futur à nos gens. Prenez l'exemple de Cléon. Prenez l'exemple de Flins. Flins n'avait pas de futur. On est en train de transformer Flins en la plus grande plate-forme d'économie circulaire en Europe".
Je le dis tout le temps: on ne pourra jamais dans le futur avoir le même métier toute la vie.
La journaliste Léa Salamé l'interrompt: "C'est vrai mais vous comprenez le désarroi de ceux qui perdent leur travail, qui étaient là dans des fonderies depuis des années et qui voient bien que cela va s'arrêter?"
Et là, Luca de Meo répond sans détour: "C'est malheureusement le sens de l'histoire. Je le dis tout le temps: on ne pourra jamais dans le futur avoir le même métier toute la vie. Donc il faudra avoir la capacité de se transformer. Dans notre stratégie, il y a le budget pour transformer les compétences de 10.000 personnes. C'est ça l'enjeu. On ne peut pas d'un côté dire 'on arrête les voitures à combustion dans dix ans' et d'un autre côté se plaindre qu'il y a certaines compétences sur le système."
Relance de Nicolas Demorand: "Ca veut dire qu'il y aura un coût social élevé du passage à la voiture électrique?"
"Il y aura un coût social, mais il y a aussi de grandes opportunités. de très grandes opportunités avec les nouvelles technologies", réplique le patron de Renault.
Pour les salariés licenciés de MBF, Renault est en partie responsable de la liquidation judiciaire de l'entreprise. Le constructeur n'a pas renouvelé ses commandes, préférant se tourner vers l'étranger.