Journée cruciale ce mardi 27 avril pour les 280 salariés de la fonderie du Haut-Jura. Le tribunal de commerce de Dijon a fixé un nouveau délai au 11 mai pour étudier deux projets ou intention de reprise de l'activité.
Une offre de reprise a été déposée par Laurent De Lustrac, un ancien salarié de Renault et Faurecia précisent les syndicats. Une seconde lettre d’intention a également été déposée par un certain Mikael Azoulay. Au final, on ne sait rien du contenu de ces deux offres. Les syndicats comme le tribunal n’ont pas eu le temps d’étudier ces projets arrivés au dernier moment. Un nouveau rendez-vous est fixé au 11 mai. “On est soulagés, oui et non, parce que ce n'est pas la liquidation, mais on n’a toujours pas d’acheteur ou de repreneur, on ne sait pas où on va” confie un jeune salarié présent et en grève depuis un mois.
Selon les syndicats, la direction actuelle de MBF n’est plus à bord, l’administrateur judiciaire a pris totalement les rênes de la fonderie. Un comité social et économique extraordinaire est prévu le 28 avril.
Réunis à Dijon, les salariés de MBF réclament une table ronde avec le ministre de l'Économie et les constructeurs
Après l’audience, ils ont entamé une marche vers la Préfecture. Ce matin, encore ils étaient une centaine de salariés réunis devant leur usine à Saint-Claude. Nail Yalcin délégué CGT se disait confiant, car deux lettres d’intention de reprise ont été déposées. “Il y avait deux conditions pour avoir un sursis et éviter cette liquidation judiciaire, et à priori, ces deux conditions sont remplies. La première, c’est d’avoir une offre de reprise, et ce matin, on a reçu deux offres, deux intentions pas totalement complètes, mais qui pourraient être une base de discussion. Il y aurait une offre avec moins 30% des effectifs, une autre à moins 10%. L’aspect social est une chose, mais on veut avoir aussi une visibilité à plus long terme sur l’emploi” précisait l’élu CGT.
280 salariés mobilisés depuis des semaines pour la survie de leur usine et fabrication en France
Les 280 salariés, dont 30 intérimaires, sont suspendus depuis des semaines à leur avenir. Depuis le printemps, ils ont multiplié les actions pour se faire entendre, alerter sur la possible liquidation de l’entreprise. La fonderie du Haut-Jura qui produit des carters de moteurs et pièces de boîtes de vitesse pour les constructeurs Renault et Stellantis est à l’arrêt depuis le 31 mars. En redressement judiciaire depuis le 4 novembre 2020, la fonderie n’avait jusqu’à présent aucun repreneur, hormis l’actionnaire actuel italien dont le plan de continuation avait été jugé insuffisant le 31 mars dernier.
Une aide de 500.000 euros de la Région pour payer les salaires d’avril
Le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a voté lundi 26 avril en urgence et à l’unanimité une aide exceptionnelle de 500 000 euros à l’entreprise MBF pour payer les salaires des employés, et ne pas creuser le déficit de trésorerie, l’autre condition exigée par le tribunal de commerce pour éviter la liquidation judiciaire.
Le gouvernement a également annoncé lundi 26 avril qu'un fonds de 50 millions d'euros sera mis en place pour aider à la reconversion des salariés de l'ensemble du secteur automobile. Les constructeurs Stellantis et Renault, donneurs d'ordres historiques de MBF, participeront à hauteur de 10 millions d'euros chacun. Les régions seront également invitées à y participer.
La fonderie du Haut-Jura réclame des commandes
La fonderie du Haut-Jura travaille à 20% et PSA pour 75% devenu Stellantis. Le 6 avril, les salariés de MBF se sont réunis devant Stellantis Sochaux puis quelques jours après devant le siège de Renault pour réclamer des commandes. "Aujourd'hui, les constructeurs français sont en train de nous enlever des marchés, pour les faire produire dans d’autres pays” expliquait alors Koray Sukran, délégué Sud MBF Aluminium.
Créée dans l’après-guerre, la fonderie du Haut-Jura a connu deux dépôts de bilan en 2007 et 2012. Le 17 avril, plusieurs centaines d’habitants de Saint-Claude ont manifesté pour défendre l’emploi, MBF est le premier employeur de la commune de 9.000 habitants.