VIDEO. Le formidable succès du plaidoyer pour la nature du photographe jurassien Guillaume François

Durant une année, le photographe naturaliste a sillonné les plateaux du Jura pour en saisir l'intimité et la beauté. Son film ne se veut pas être simplement un voyage esthétique. Il est avant tout un plaidoyer en images pour une nature en souffrance, qu'il convient de respecter et de protéger. 

Il n'aura fallu que quelques jours pour que la vidéo atteigne les 120.000 vues sur les réseaux sociaux. Une véritable reconnaissance pour le photographe Guillaume François, président également du centre de soins aux animaux sauvages Athénas.
À 27 ans, il a l'expérience des plus grands, cela fait une quinzaine d'années qu'il parcourt les montagnes jurassiennes à la rencontre de la faune sauvage et d'une biodiversité unique en France.
Après un livre sur le hibou grand duc, sa quête du lynx est devenu son graal. Au fil des ans et des heures d'observation sur le terrain, le jeune naturaliste a orienté son travail photographique vers un message beaucoup plus militant. La nature est magnifique, mais elle est en souffrance. Elle doit être préservée et protégée si nous voulons que nos enfants puissent aussi en profiter. 
 

► Plaidoyer pour la nature - Un film de Guillaume François réalisé avec la participation de Updrone et Maxime Charreau - La Sentinelle Production

Inlassablement, Guillaume parcourt son Jura aux alentours de Lons-le-Saunier. Il connaît chaque plateau, chaque reculée de tous ces paysages merveilleux. 
Depuis que je l'ai filmé pour ses premiers reportages, j'observe chaque fois que je l'accompagne en affût, ce même émerveillement pour cette nature qui nous entoure, mais que l'on ne voit plus. Alors, que nous découvrons un hibou grand duc sur son promontoire, il se passionne tout autant pour les choucas qui virevoltent autour du majestueux rapace nocturne. Mais cette beauté est menacée. La "nature humaine" peine à la respecter dans un monde où tout ne doit être que performance et rentabilité. Guillaume nous invite à nous asseoir, à prendre le temps et à contempler...

Chaque jour, la biodiversité s’effondre, à l’image à mon sens, de la disparition de ce que nous avons de plus beau en nous, notre cœur, notre amour, notre compassion. J’ai la sensation que la nature disparait car nous avons aussi perdu notre capacité à nous émerveiller.

Guillaume François, photographe naturaliste


Une nouvelle fois, je suis allé à la rencontre de Guillaume François afin qu'il nous parle de ce film qu'il vient de réaliser, et surtout pour mieux comprendre quelles sont ses motivations et sa démarche. 

Pour quelles raisons avez-vous eu envie de réaliser ce "Plaidoyer pour la Nature" ?

"Je ne peux pas rester silencieux face à l'effondrement de la biodiversité que je constate chaque jour un peu plus. Cela me ronge de l’intérieur de voir cette nature complètement ignorée de la majorité du genre humain.
Je ne peux pas ne rien dire, ne rien faire quand je vois que nous nous éloignons de plus en plus de l’essentiel, que nous devenons aveugle et sourds au chant de la vie en sursis, à cette nature qui est en nous, qui est tout autour de nous, et qui nous maintient en vie. 
La nature est juste essentielle à tout ce que nous entreprenons, même si dans nos vies quotidiennes on ne s’en rend pas compte sur l’instant.
Ce qui m’attriste profondément c’est de voir à quel point nous nous sommes éloignés de nos racines originelles, de l’essentiel, de constater à quel point nous ne prêtons aucune sensibilité à la nature et aux espèces qu'elle abrite. C’est un ressenti global, mais à mon sens, la problématique environnementale ne saura être réglée tant que nous ne règlerons pas la problématique humaine."
 

Le film a été tourné dans le Jura. C'est important pour vous ? 

"Ce plaidoyer me permet de parler d’un territoire qui me tient à coeur, ma terre natale, le massif du Jura. Le Lynx Boréal que je suis depuis l’âge de 15 ans m’a toujours fasciné, et j’ai souhaité lui rendre hommage, car c’est en suivant sa trace, qu’il m’a permis de comprendre à quel point tout est intrinsèquement lié, que nous faisons partie de cette nature. Et le lynx est menacé de disparition, chaque année j’ai peur de ne pas retrouver les individus que je suis, cette espèce disparait pour la seconde fois en un siècle à cause de l’humain, des actes de braconnages et des collisions routières."
 

À 27 ans, avez-vous vu le Jura et sa biodiversité évoluer ?

"En l’espace de quinze années de terrain, la nature a malheureusement et tristement évoluée. Je me souviens, adolescent, que je notais toutes mes observations dans un carnet. J’ai toujours arpenté les mêmes secteurs afin de suivre les mêmes individus pour voir de quelle manière ils évoluaient sur le territoire. A l’époque, la nature était déjà en cours d’effondrement, mais quelques milieux demeuraient et permettaient aux espèces et aux individus de se régénérer. J’observais des espèces comme la chouette chevéchette, les pies-grièches grises qui aujourd’hui ont disparues de ces endroits. La diversité s’est effondrée, à mesure où nous grignotons l’espace sauvage, à mesure où nous impactons sans considération la nature et ce qui y vit. Il ne reste que quelques îlots de biodiversité et ils se raréfient mois après mois."
 

Comment ce film a-t-il été réalisé ?

"Cela faisait deux ans que j’avais ce projet en tête. J’ai commencé l’écriture et les tournages lors du premier confinement. J’ai passé beaucoup de temps à l’affût au printemps et cet été. J’ai également repris mes nombreuses notes que j’avais écrites, mes ressentis, lors de mes centaines de jours et de nuits à l’affût, à observer la nature et faire le lien avec nous-mêmes. C’était un travail de tous les jours.
La partie la plus technique était les plans où j’ai dû grimper dans un arbre à 25 mètres de hauteur, afin de pouvoir parler de nos liens profonds oubliés avec ces arbres, berceaux de la vie. Nous étions une petite équipe ce jour-là pour tourner ces plans en toute sécurité avec un drone."
 

Avez-vous l’espoir que les choses s’inversent avec l’attachement des gens à la nature ?

"Oui, j’ai espoir que nous prenions la mesure de nos actes sur le vivant. Je pense qu’en l’humain réside un potentiel immense, et qu’en chacun de nous, nous avons le pouvoir de faire la différence.
 


Vous avez créé un calendrier dont 50 % des gains iront aux associations de protection de la faune sauvage Athénas et Rewild. Pourquoi ?

"La nature est incroyablement belle dans son intégralité et au travers de mon métier, j’ai toujours pensé, que « quelque chose de beau, c’est quelque chose que l’on aime et quelque chose que l’on aime, on le protège ». Je fais ce métier pour préserver cette nature et dans la continuité de mes actions, reverser la moitié de mes droits d’auteur sur mon projet de prévente de calendrier au Centre Athénas et à Rewild, ces associations et ces gens qui se donnent corps et âme, avec éthique, pour préserver la biodiversité, est juste une évidence. Si nous atteignons, grâce à toutes et tous, l’objectif fixé de cette prévente, le projet pourra voir le jour et il permettra de faire avancer les actions essentielles de ces deux associations, pour le soin de la faune sauvage et la remise en liberté de leurs pensionnaires. 

Comment réagissez-vous face au succès de votre plaidoyer pour la nature sur les réseaux sociaux ? 

"J’ai reçu des centaines de messages, cela me touche profondément de voir qu'autant de gens sont réceptifs à ce plaidoyer, que cela leur parle intimement. Ça nourrit mon espoir, celui d’une prise de conscience collective".

Si vous voulez contribuer à la préservation de la biodiversité, vous pouvez retrouver le calendrier 2021 de Guillaume François sur le site participatif Ulule.com

Suivre le travail photographique de Guillaume François
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