La sécheresse hivernale et le bas niveau du lac artificiel de Vouglans (Haut-Jura) révèlent l’ampleur de la colonisation. Des moules à perte de vue en ce début mars. Heureusement, il s’agit de la moule zébrée, une espèce invasive, mais pas la plus néfaste à l’environnement.
La plage. Des eaux turquoise. Des moules ! Vous êtes bien dans le Haut-Jura. Le lac de Vouglans est une vaste retenue artificielle de 35 kilomètres. Et depuis quelques années, la moule zébrée y a fait son nid. Cette petite moule qui s’accroche sur toutes les surfaces dures, arbres, rochers, souches est arrivée de la mer noire, via les canaux du Danube, puis du Rhin transportée par les bateaux. "Lorsqu’elle colonise un milieu, elle a un effort de filtration important et entraîne de fait un appauvrissement généralisé du milieu. C’est une espèce qui consomme principalement du plancton. Elle génère une dégradation des frayères pour les poissons” explique Mehdi El Bettah, responsable Pôle Technique de la Fédération de Pêche du Jura interviewé par notre journaliste Fleur de Boer.
La moule zébrée peut former des « récifs » très épais et compacts, d’une densité jusqu’à 20 000 moules par mètre carré ! Elle gêne les alvins dans leur alimentation et la reproduction des poissons.
La moule zébrée, mais pas la moule Quagga !
Alors que l’hiver a découvert le niveau du lac de Vouglans de façon spectaculaire, les pêcheurs craignaient de découvrir une autre moule à la forme très proche, la moule Quagga. Une vilaine, avec un impact de colonisation encore plus important. La moule Quagga, originaire elle aussi de la région de la mer Noire, a déjà colonisé de nombreux lacs suisses ainsi que le Léman ou le lac du Bourget.
Des moules pour longtemps ici ?
Le niveau du lac de Vouglans étant actuellement 18 mètres en dessous de sa côte normale, les moules zébrées vont mourir au grand air. “Mais comme l’espèce reste présente, elle va continuer à coloniser la zone quand l’eau va remonter. On aura des phases de colonisation, de décolonisation. C’est un cycle immuable” ajoute Mehdi El Bettah.
La moule zébrée s’accroche avec ses petits poils sur toutes les surfaces dures qu’elle trouve. Elle va continuer son voyage dans les eaux du lac jurassien, transportée à la belle saison par les embarcations des plaisanciers.