Comme dans d'autres communes françaises, des habitants de Clairvaux-les-Lacs dans le Jura ont ce week-end du 10 et 11 juin découvert que des tracts néonazis avaient été déposés dans leurs boîtes aux lettres. Un site internet incite les partisans d'extrême-droite à imprimer et partager ces tracts.
Le texte, inscrit en noir sur une simple feuille blanche, est brutal. Antisémiste, raciste, xénophobe, homophobe et eugéniste, il s'adresse à "[l']Homme blanc". Accompagné de plusieurs symboles nazis, dont plusieurs croix gammées, il invite à rejoindre un mouvement qu'il ne nomme pas. Ce tract, violent, plusieurs dizaines d'habitants de Clairvaux-les-Lacs dans le Jura ont eu la mauvaise surprise de le découvrir dans leurs boîtes aux lettres ce samedi et ce dimanche 10 et 11 juin.
C'est la municipalité de Clairvaux-les-Lacs qui a révélé l'information, ce dimanche 11 juin, sur sa page Facebook, dans un poste qui condamne fermement l'action. On peut y lire : "Nous condamnons fermement l'idéologie qui est prononcée clairement et qui rappelle des heures sombres de notre histoire. La gendarmerie a pris connaissance de ces tracts et une plainte sera déposée lundi".
Jointe par notre rédaction, la maire de Clairvaux-les-Lacs, Hélène Morel-Bailly, a confirmé l'information. "J'ai souhaité que ce soit publié de façon à ce que, si quelqu'un a reçu ce prospectus, qu'il sache qu'il n'est pas le seul".
L'édile a pris connaissance de ces tracts par l'un des membres du conseil municipal. "Moi, je n'en ai pas reçu, c'est mon adjointe qui l'a reçue dans sa boîte aux lettres qui m'en a informé", raconte-t-elle, "Au début, elle a eu peur, elle s'est demandé si elle était ciblée. Mais ensuite, elle a fait le tour de son quartier, et on s'est rendu compte qu'il y a énormément de boîtes dans ce quartier où des prospectus ont été déposés". Selon elle, les logements de la gendarmerie de la commune ont également été tractés.
La maire a déjà prévenu la gendarmerie, et compte déposer plainte dès ce lundi 12 juin. "Je ne veux pas minimiser, mais je pense que c'est une très très mauvaise plaisanterie, de vraiment très mauvais goût".
Le parquet s'est saisi de l'affaire, mais ne souhaite pas communiquer pour le moment.
Une campagne de propagande lancée sur internet
Plusieurs autres communes ont été victimes de la distribution du même message, notamment en Normandie et en Bretagne. Le 5 juin, 17 mairies du Finistère l'ont reçu en même temps. Près de Rouen, plusieurs centaines de Normands l'ont reçu à la fin du mois de mai.
Il s'agit en réalité d'une campagne, lancée par un groupe d'extrême-droite, dont le site a été déférencé par Google en septembre 2020, du fait de ses contenus ouvertement xénophobes et antisémites. Il serait vraisemblablement menée par Boris Le Lay, condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale. Un mandat d'arrêt est d'ailleurs en cours contre lui.
Les tracts distribués ce week-end comportent d'ailleurs une adresse web, qui renvoie à un profil sur le réseau social "Gab", plateforme devenue bastion des trumpistes et de l'extrême-droite après l'exclusion de Donald Trump de Twitter. Le premier post de cette page comporte un modèle du tract, avec des consignes et des conseils très précis distribuer ces tracts. À noter que l'un d'entre eux est de ne pas distribuer là où on habite.