L'Europe l'exige : les viticulteurs doivent désormais indiquer la composition de leurs vins sur les bouteilles

Un QR code pour être transparent vis-à-vis des consommateurs : c’est la volonté de l’Europe. À partir du 8 décembre 2023, ce QR code informera les acheteurs sur la composition de leur bouteille de vin. Dans le Jura, les viticulteurs s'y préparent.

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Tous les produits de l'agro-alimentaire sont soumis depuis une quarantaine d’années à cet étiquetage qui détaille leurs compositions : matières grasses, sucres, glucides, sel…. Maintenant, l’exception pour les vins est terminée : à partir du 8 décembre 2023, les viticulteurs sont obligés de détailler la composition de leurs vins, en bouteilles ou en cubitainers. Une décision de la commission européenne, mais, certains détails ne sont pas encore tout à fait réglés.

Des professionnels plutôt sceptiques

Le 8 décembre, c’est la date officielle, mais la récolte de 2023 n’est pas concernée, la législation européenne ne s’appliquera qu’à partir de la récolte de 2024 pour des vins qui ne seront commercialisés au plus tôt qu'au printemps 2025.

Dans le Jura, on ne s’affole pas, même si vignerons et professionnels du secteur se préparent. Parler d’inquiétude serait excessif, mais Bertrand Delannay, directeur de la fruitière viticole de Voiteur, résume bien le point de vue des professionnels du secteur : "C’est encore une complexification administrative de plus… Commercialement, cette nouvelle norme n’aura aucun impact. Je suis sceptique : les consommateurs vont prendre le temps de scanner le QR Code et comparer entre trois ou quatre bouteilles ? Je n’y crois pas."

Je crains même que ce soit contre-productif

Bertrand Delannay, directeur de la fruitière viticole de Voiteur

C'est aussi l'avis d'Olivier Badoureaux, directeur du CIVJ, le Centre Interprofessionnel des Vins du Jura situé en Arbois, qui, lui aussi, fait part de son scepticisme : "On doit la transparence aux gens, c’est certain, on est tous d’accord là-dessus, mais je ne suis pas persuadé qu’il y aura une consultation massive des QR code de la part des consommateurs." Et Bertrand Delannay de complèter : "On doit la transparence aux gens, c’est certain, mais trop d’info tue l’info ! "

Et si le QR code a été choisi plutôt que la traditionnelle étiquette à compléter, c’est simple. Olivier Badoureaux explique : "Vous avez un producteur de biscuits qui va exporter dans trois ou quatre pays, donc il indique la composition en trois ou quatre langues. Nous, on exporte sur la planète entière. Donc, on a choisi le QR code avec les langues des membres de l’Union Européenne et l’anglais, en plus. Sinon, une étiquette aurait été épaisse comme un annuaire ! "

Les viticulteurs attendent des précisions

Autre problème : ce fameux QR code, va-t-il résister au temps qui passe ? Un bon vin prend de la bouteille, et de la valeur, en vieillissant, mais l’étiquette avec le QR code imprimé peut-elle rester « consultable » des dizaines d’années ? Pas certain.

D’ailleurs, des contacts ont été pris entre les viticulteurs et des prestataires de services qui peuvent fournir ces fameux QR code. Olivier Badoureaux insiste : " Notre rôle, au CIVJ, c’est la transmission des informations sur nos obligations légales et aussi d’attirer l’attention des vignerons sur différents points de vigilance. On ne va pas leur recommander telle ou telle entreprise, mais leur dire de bien vérifier si certaines exigences seront prises en charge par les prestataires de service. "

Informer les consommateurs sur quoi, exactement ?

Un vin, ce sont des raisins, de la saccharose, du moût de raisin concentré, des régulateurs d’acidité et des conservateurs, comme les sulfites. Comme le raconte Bertrand Delannay : "Un vin, c’est en équilibre instable entre jus de raisin et vinaigre. Donc, on met du souffre pour le rendre stable. Mais, attention, concernant les sulfites, nous sommes en dessous des normes autorisées, largement en dessous, on en met de 20 à 25 % en moins." "Quant aux sulfites, considérés comme allergènes, le taux est déjà indiqué sur l’étiquette" renchérit Olivier Badoureaux.

Le directeur du CIVJ s’inquiète, lui, pour les Crémants du Jura, qui représentent le quart de la production jurassienne : "On se demande quand le vin effervescent est « fini » ? Avant la deuxième fermentation ou après, quand les bulles sont faites ? Vous voyez, on a encore des notions à clarifier avec la Commission, donc, l’étiquetage, ce n’est pas encore pour tout de suite."

 

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