En complément des dispositifs législatifs et réglementaires déjà existants protégeant le grand félin, le ministère de la transition écologique met en place un grand plan pour coordonner au mieux les actions de sauvegarde du lynx, dont la population est stable dans le massif du Jura mais dramatiquement faible dans les Vosges.
Le lynx boréal est le plus grand félin sauvage d'Europe et l'un des trois grands carnivores en France avec l'ours brun et le loup gris. Il était présent partout dans le pays au XVème siècle, puis le déboisement, la réduction de son habitat et la chasse l'ont cantonné dans les montagnes. Mais entre la fin du XIXème siècle et la première guerre mondiale, il disparaît tour à tour du Jura, du massif central, des Alpes et des Pyrénées. Dans les Vosges, on ne l'a plus vu dès le XVIIème siècle.
C'est dans les années 1970, que des lynx sont relâchés en Suisse, et progressivement l'animal fait son retour dans le Jura français. Puis selon le même scénario un peu plus tard dans les Alpes. 21 lynx sont également réintroduits en 1983 dans les Vosges du Sud, mais la moitié meurt rapidement et la population peine à croître.
Aujourd'hui la population la plus active est clairement dans le Jura, avec une centaine d'individus estimée. Dans les Vosges, elle est aux bords de l'extinction. Dans les Alpes, on compterait quelques dizaines d'individus éparses mais aucune présence vaste et continue.
Les lynx sont régulièrement victimes de collisions sur la route. "10 % de la population est passée sous une voiture ", en 2021, soit 12 animaux, estime le centre Athénas, spécialisé dans la préservation de ce félin. De plus le braconnage fait chaque année plusieurs morts. Des lynx piégés ou tués par balle. Ainsi ce grand félin, bien qu'officiellement protégé, est en danger en France.
(à lire, il y a un an, Jura : cinq lynx percutés mortellement en quinze jours, le Centre Athénas en appelle aux mairies)
Un plan national d'actions
Le plan national lancé par le ministère de la transition écologique pour la période 2022-2026 vise donc à "rétablir l'espèce dans un bon état de conservation". Le document de 172 pages en détaille la manœuvre, mais ne prévoit aucune réintroduction, sauf peut-être des "renforcements de population" dans le massif des Vosges où la situation est la plus critique, le tout en concertation avec tous les acteurs sur place pour que les opérations soient un succès.
L'idée est d'abord de "faciliter les échanges de populations entre les massifs, avec un travail particulier sur les collisions routières et lutter contre les destructions illégales".
Les chasseurs sont largement associés, eux qui voient souvent le lynx comme un concurrent direct, sur le chevreuil notamment. En tenant compte des dégâts sur le gibier, le plan entend donc "améliorer la coexistence avec les activités cynégétiques".
Parmi les 14 objectifs du plan (tels que résumé dans une plaquette de présentation par la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté), la pédagogie figure en bonne place avec notamment celui d'améliorer l’acceptation de l’espèce grâce à l’appui des sciences sociales" ou de "développer des outils d’information, d’éducation, de sensibilisation sur l’espèce et ses enjeux de conservation."
En cas de braconnage, le conseil scientifique devra "éclairer une éventuelle décision quant au remplacement des individus morts".
Pour les associations de protection du lynx, comme le centre Athénas et Férus, le plan risque d'être insuffisant. Eux militent pour des réintroductions d'individus dans les différents massifs pour consolider la population et assurer un brassage génétique.