En quelques jours, cinq félins ont été retrouvés morts ou ont dû être euthanasiés, après avoir été percutés par des véhicules sur les routes du Jura. Cela représente 4% de la population totale en France ! Athenas aimerait que les mairies des secteurs concernés financent des panneaux informatifs.
Au téléphone, on sent Gilles Moyne, le directeur du centre Athenas de Lons-le-Saunier aux abois. Deux jours plus tôt, le lundi-soir, un resortissant Suisse l'a appelé depuis le poste de frontière. Il venait de percuter un lynx boréal. L'animal n'a pas survécu au choc.
C'est le cinquième individu à mourir ainsi en quinze jours. Quand ils ne meurent pas à cause du choc, ils doivent être euthanasiés, la colonne vertébrale en miettes.
"La colonne vertébrale brisée, c'est la preuve qu'il s'agissait d'un choc arrière, explique le directeur. Cela signifie que l'animal s'est fait renverser par un véhicule arrivant de derrière, très certainement en excès de vitesse."
En effet, dans le massif du Jura, où vivent 120 lynx, certains tronçons routiers sont en ligne droite et peuvent inciter les automobilistes à ne pas lever le pied. C'est le cas, par exemple, sur la route qui relie la Cure à Morez, entre Moirans-en-Montagne et Saint-Claude, ou encore à la Cluse-et-Mijoux. Et cela ne pardonne pas, au crépuscule.
"Sur les cinq chocs mortels de ces derniers jours, trois conducteurs ne se sont pas arrêtés. Cela veut dire qu'ils se sentaient soit fautifs, soit pas concernés, déplore Gilles Moyne. Cela représente la disparition de 4% d'une espèce animale en France ! C'est colossal !
Et, contrairement à ce qu'on peut lire parfois, il ne faut pas croire que l'espèce n'est pas menacée et qu'elle est en surreprésentation ! Il n'y a pas de saturation car il n'y a jamais deux lynx au même endroit ! Ils ont besoin d'espace !"
Le centre Athénas milite depuis des années pour l'autorisation d'une signalétique temporaire sur le bord des routes accidentogènes pour les bêtes, lors des périodes de rût, entre février et avril. Pendant ces quelques semaines, l'animal est plus mobile et distrait.
Mais ça coûte cher. Et c'est compliqué de faire autoriser un nouveau panneau. Malgré cela, les défenseurs de la faune sauvage y croient.
"Nous allons demander aux mairies concernées de financer la pose d'un panneau, à la sortie de leur commune, informant les automobilistes qu'ils entrent dans un secteur dans lequel le lynx peut évoluer.
Il nous faut une signalétique forte. Quel automobiliste, de nos jours, est encore vraiment attentif quand il passe devant un panneau avec la silhouette d'un chevreuil ?
Dans toute la France, on estime à 150, le nombre de lynx présents sur le territoire.