Dans le Jura, l'ARA 39 (association relai autisme), qui accompagne les personnes autistes et leur famille, a inauguré son nouveau projet : une "caravane sensorielle", outil de sensibilisation, et lieu destiné aux soins et à l'apaisement.
"L'autisme est un handicap, et non une maladie". "Ensemble, créons un accompagnement sur mesure, et changeons de regard sur l'autisme". Ses valeurs, l'Association Relai Autisme, l'ARA 39, les porte haut. Basée à Lons-le-Saunier dans le Jura, elle réunit des personnes autistes, des professionnels, des bénévoles et des proches aidants, avec pour but d'accompagner ses adhérents et de sensibiliser à l'autisme. Depuis quelques jours, son dernier projet parcourt les routes du département : une caravane sensorielle.
"On est dans un département rural, les personnes autistes ont du mal à se déplacer, donc on a créé une caravane pour aller au plus proche des familles" explique simplement Sylvette Guyetant, co-présidente de l'ARA 39, au micro de Norbert Evangelista. Salle de stimulation sensorielle, et de repos pour les personnes autistes, rendez-vous d'accompagnement, sensibilisation... Grâce à cette caravane, l'association téléporte ses activités sur tout le territoire.
"On sait qu'on n'est plus tous seuls"
Ce jour-là, c'est à La Chaux-du-Dombief que la caravane est installée. Sylvette Guyetant et Nathalie Bique-Hoarau ont rendez-vous avec Guillaume et sa famille. L'adolescent, autiste, ne s'exprime que très peu avec des mots.
"Depuis qu'il ne va plus à l'IME, il est isolé", rapporte Nathalie Bique-Hoarau, co-présidente de l'association. Elle-même autiste, elle se dit "médiatrice" de ses camarades neuroatypiques. "Guillaume, je comprends ses goûts, je comprends sa manière d'échanger et son rythme" explique-t-elle.
Habituellement, une fois par semaine, la mère de Guillaume l'emmène dans les locaux de l'ARA 39, "participer à des activités". "Ça lui donne un moment à lui" sourit son père, Roland. "Avec nous, il fait des activités, mais ça reste en famille", explique Christine, sa mère, "à l'association, ça lui apporte des choses qu'on ne saura pas faire". "Le lien, il est là" résume, émue, Christelle.
Si la caravane s'est déplacée jusqu'à chez lui, c'est d'abord pour qu'il puisse se familiariser avec l'espace. "Une personne autiste a besoin d'anticiper, de prévoir et de connaître" explicite Nathalie Bique-Hoarau, "il va prendre ses marques et au fur et à mesure, ça ira mieux". Plus tard, si un virus dans la famille ou un contretemps l'empêche de se rendre à son rendez-vous hebdomadaire, la caravane pourra le rejoindre.
"C'est vrai que la coupure des vacances, ça a été dur" glisse Christine. L'ARA 39 offre des moments de répit aux proches aidants. "On sait qu'on n'est plus seuls, c'est important" affirme la mère de Guillaume, "et l'association nous a fait comprendre beaucoup de choses sur l'autisme".
Moi, avec mon expérience, je peux expliquer aux gens ce que nous, autistes, on comprend du monde, et aussi, aux personnes autistes, ce que les personnes neurotypiques comprennent du monde.
Nathalie Bique-Hoarau, co-présidente de l'ARA 39
"Une personne qui est autiste, elle vit sur une planète qui, à la base, n'est pas la sienne" professe Nathalie Bique-Hoarau. "C'est comme si on était tout le temps en pays étranger, il y a toujours un décalage avec ce qui se passe autour de nous".
Outre ses déplacements auprès des personnes autistes et de leur famille, la caravane sensorielle est aussi destinée à participer à des événements de sensibilisation du public.
En plus des journées d'activités pour les personnes autistes, l'ARA 39 propose chaque jeudi un "café des parents", de 14 heures à 18 heures.