Bloquées depuis une dizaine de jours au Pérou à cause du coronavirus, Muriel et Marie, deux Jurassiennes, nous racontent la vie sur place. Témoignages.
Elles sont désemparées. "Nous perdons le sommeil et l'appétit", lâche Muriel, 31 ans, enseignante. "On est désespéré, on ne sait plus quoi faire", renchérit Marie, 42 ans, infirmière de profession. Ces deux Franc-Comtoises sont bloquées au Pérou et ne peuvent pas rentrer en France. Parties fin janvier de Lons-le-Saunier, elles devaient rester en Amérique du Sud jusqu'à l'été pour un immense tour à vélo. Mais elles ne pensaient pas que leur aventure allait prendre une telle tournure.
Depuis le 17 mars, jour où le Pérou a décrété l'état d’urgence et un confinement avec couvre-feu à cause du coronavirus, elles sont confinées dans le petit village d'Ocros, à plus de 600 kilomètres de Lima, la capitale. "Nous sommes dans une famille qui nous héberge gracieusement. Ils sont très gentils. Heureusement qu'ils sont là mais, on campe dans leur salon, on n'a pas d'intimité. C'est difficile pour tout le monde", raconte Muriel.
"On craint pour notre sécurité"
Quand elles ont appris le déclenchement de l'état d'urgence, Muriel et Marie ont d'abord hésité à rentrer : "On ne savait pas trop quoi faire. Sauf que plus les jours passaient, plus on a vu la situation se dégrader." Les deux Lédoniennes ne sont d'ailleurs pas très optimistes sur la suite des évènements : "Au Pérou, dans les semaines et mois à venir, ça va être une crise économique énorme. Ici, un confinement ce n'est pas tenable pour la population. Ça va exploser. On craint pour notre sécurité. Dans ce contexte, il est inenvisageable, pour nous, de nous projeter dans un tour à vélo."Les deux Françaises ont contacté l'ambassade de France au Pérou et une solution avait alors été imaginée. Un bus devait partir de Cuzco, au sud du Pérou où se trouvent 200 ressortissants français, et il devait faire étape à Ocros, là où sont Muriel et Marie, avant de rejoindre la capitale. "Au dernier moment, le bus n'est pas parti. Les autorités sanitaires péruviennes l'ont bloqué."Nous sommes des touristes blanches et françaises. Certains locaux, pas tous évidemment, nous voient comme des virus alors que nous avons un certificat médical qui atteste de notre bonne santé.
- Muriel
Muriel et Marie ont donc essayé de rejoindre par leurs propres moyens une grande ville. Là encore, ça a été un échec : "La police nous a dit qu'il manquait l'accord d'un responsable." À cela s'ajoutent des difficultés matérielles : "L'ambassade nous demande de trouver un moyen pour nous rendre à Lima, la capitale. Nous n'avons pas l'autorisation et tous les locaux refusent de nous emmener dans leur voiture, on leur fait peur. De plus, l'accès à la ville la plus proche afin d'y retirer de l'argent nous a été refusé. Nous sommes à cours d'argent. Et puis une fois à Lima, on a aucune certitude de pouvoir rentrer en France."
"Tous les deux jours, un semblant de solution nous est proposé, se soldant à chaque fois par un échec. C'est extrêmement difficile psychologiquement", résume Marie. Contacté par mail, le ministère des Affaires étrangères n'a, pour le moment, pas fait de commentaires sur la situation de Muriel et Marie.À l'ambassade, ils sont désolés, mais ils ne savent pas quoi faire.
- Marie
20 000 Français bloqués à l'étranger
Le ministère des Affaires étrangères a annoncé ce samedi 28 mars que 20 000 Français sont toujours dans l'impossibilité de rentrer en France, à cause de la pandémie du Covid-19.Le Quai d'Orsay précise que 110 000 expatriés ou touristes français ont pu regagner l'Hexagone depuis le début de la crise sanitaire. Il conseille également aux ressortissants de bien s’inscrire sur Ariane, la plateforme qui permet d’avoir accès aux informations envoyées par Paris et relayées par les ambassades et les consulats.
Par ailleurs, la cellule de crise du ministère est joignable par téléphone au +33 (0)1 53 59 11 10. Ce numéro d’urgence est accessible 7j/7 et 24h/24. Contact par courriel à cette adresse : alertes.cdc@diplomatie.gouv.fr.