"Pour sa mémoire, je vais continuer son combat!" : un an après, la veuve du docteur Loupiac attend toujours des réponses

Le 23 avril 2020, l'urgentiste de Lons-le-Saunier, Eric Loupiac, décédait du Covid, révélant l'ampleur de la catastrophe pour les personnels soignants, en première ligne face à la maladie. Un an plus tard, Claire Loupiac attend toujours des explications et continue le combat de son mari.

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Son sourire et sa gentillesse ne cachent pas, derrière l'écran de l'ordinateur, la douleur qui l'étreint au quotidien depuis un an. Claire Loupiac est auprès des siens, de ses enfants, en banlieue lyonnaise. Elle fait face. Elle vit avec, en essayant de vivre sans.

Elle prend le temps de nous répondre, à nous, les médias, qui la sollicitons depuis un an. Depuis que son époux, le médecin urgentiste de l'hôpital de Lons-le-Saunier et figure de la lutte pour la sauvegarde des urgences, Eric Loupiac, est décédé du Covid-19 le 23 avril 2020. Le médecin avait présenté les premiers symptômes de la maladie dès le 16 mars.

Placé en réanimation à l'hôpital de Marseille après avoir développé des troubles respiratoires sévères, il avait lutté contre la maladie pendant plus d'un mois.

Médecin urgentiste à l'hôpital de Lons-le-Saunier et membre de Association des Médecins Urgentistes de France (AMUF), le docteur Loupiac était en première ligne dans les mouvements de grêve et les manifestations pour obtenir plus de moyens pour les urgences et l'hôpital public.
 

Un an plus tard, Claire Loupiac veut toujours savoir

"Dès la fin 2019, alors que des rumeurs se faisaient plus insistantes sur l'arrivée d'un coronavirus en Chine, il m'avait dit : l'hôpital n'est pas prêt (en parlant de celui de Lons-le-Saunier, ndlr), on court à la catastrophe".

On revient sur cette plainte, qu'elle a déposée avec ses enfants contre X, pour homicide involontaire. Le nom du directeur du Centre Hospitalier jurassien est cité dans la plainte. Elle nous explique que les négligences et les erreurs sont intervenues à différents niveaux de responsabilité.

"Je veux surtout des explications. Je veux qu'on m'explique pourquoi on a laissé passer des erreurs. Pourquoi ce manque d'anticipation qui est très grave !? Pourquoi a-t-on laissé travailler ces soignants au péril de leur vie, dans de si mauvaises conditions, avec notamment peu d'équipements de protection tels que les masques ?!"

Si elle confie voir passer les jours sans envies ni plaisirs, hormis être avec ses enfants, Claire Loupiac, 58 ans, vit aussi désormais avec la volonté de continuer le travail de son défunt mari pour l'amélioration de l'égalité des soins.

"Eric s'est toujours opposé à la fermeture des lits, à la suppression des lignes de SMUR et il ne voulait pas que des malades restent des heures, sur des brancards, dans les couloirs d'un hôpital. Et malgré ses nombreuses interventions, notamment auprès de l'Agence Régionale de Santé, rien ne changeait !"

"Je veux perpétuer ses valeurs, sa mémoire et son combat", nous dit-elle. "Ce combat qu'il a mené pour l'hôpital public, il n'a malheureusement pas eu le temps de le terminer, je vais donc le continuer".

Avant de couper la liaison internet, Claire Loupiac nous dit penser sans arrêt aux soignants dans les hôpitaux. Et aux malades.  

"Quand je vois qu'il y a autant de personnes en réanimation encore actuellement, cela m'émeut énormément. Mon chagrin est là, tous les jours".

 

 

 

 

 

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