La sauvegarde du lynx dans le Jura au cœur du magazine d'Hugo Clément "Sur le front des animaux menacés"

Le lynx boréal est considéré comme menacé à cause des collisions routieres et du braconnage. Les caméras du magazine "Sur le front", présenté par Hugo Clément sont venues à la rencontre du félin. Gilles Moyne du Centre Athénas et le photographe naturaliste Guillaume François ont servi de guides. 

Le nouveau numéro du magazine de France 2 "Sur le front" est diffusé ce mardi 30 juin à 21 h 05. L'émission nous emmènera à travers le monde pour nous faire découvrir les menaces qui pèsent sur les requins, sur les esturgeons, les macareux moines et le pangolin dont le trafic a été mis sur le devant de la scène avec le coronavirus. Mais les caméras d'Hugo Clément sont également venues plusieurs semaines dans le Jura pour aller à la rencontre du lynx boréal dont il ne reste environ que 120 spécimens dans le massif du Jura. Le lynx est considéré aujourd'hui comme une "espèce menacée". Si les populations sont relativement stables depuis 40 ans, c'est grâce en partie à l'investissement du centre Athénas. Le centre de soins aux animaux sauvages basé à l'Etoile dans le Jura, se bat au quotidien pour protéger le lynx. Le félin est régulièrement victime de collisions avec les automobiles et du braconnage. L'espèce est pourtant protégée.
 


Gilles Moyne, directeur du centre Athénas, a acceuilli pendant cinq journée de tournage l'équipe d'Hugo Clément entre les mois de novembre et mai 2020. "Tout à commencé avec Mona, une femelle lynx percutée par une voiture. Dans le choc, elle a perdu un croc ce qui rendait très délicat une remise en liberté. L'équipe d'Hugo Clément a pu suivre la mise en place d'une prothèse dentaire, une première au monde. Ils ont ensuite pu assister à toute la convalescence de l'animal jusqu'à sa remise en liberté" nous explique Gilles Moyne. 

 


Une des thématiques abordées par le magazine de France 2 concerne le braconnage de ce félin protégé. "Un lynx chasse environ cinquante chevreuils par an et certains chasseurs voient en lui un concurrent. Il ne vont pas l'abattre pour le trophé car c'est beaucoup trop risqué. Non, ils vont lui tirer dessus dans le but de l'éliminer et dissimuler son cadavre", explique Gilles Moyne. Au début du confinement, à Ivrey (39), le cadavre d'un lynx eventré a été découvert dans un éboulis. L'autopsie mettra en evidence un acte de braconnage par arme à feu. La fédération de chasse du Jura condamne la destruction illégale d'un lynx. Néanmoins, face aux restrictions draconniennes de circulation, les chasseurs bénéficiaient d'une autorisation de circulation. Elle leur sera enlévée face à la vague de protestation de la population. 
 


Pour le directeur du Centre Athénas, cette affaire rappelle d'autres cas de braconnage dans le Jura. "Il y a eu ce squelette retrouvé dans le gouffre du Prévalot à Fontenu (39) par des spéleologues. L'autopsie a confirmé que c'était un lynx. Son crâne était perforé par un impact ressemblant à celui d'une balle. L'acte de braconnage et de dissimulation du corps ne fait pas de doute pour moi".
 

Le magazine de France 2 va contribuer à faire mieux connaitre le lynx et notre combat quotidien pour sa sauvegarde. Il faut que les pouvoirs publics condamnent plus fermement ces actes de braconnage. Si la population de ce grand prédateur est stabilisée, nous sommes sur le fil du rasoir et la situation pourrait vite devenir très inquiétante.

Gilles Moyne


Le centre Athénas se bat pour que les actes de braconnage ne restent pas impunis. Son directeur reproche l'inaction des pouvoirs public et demande plus de moyens pour l'Office français de la Biodivertisé afin de lutter contre ses actes scandaleux. Il demande surtout des sanctions exemplaires pour mettre fin au braconnage d'une espèce protégée et menacée. Une seule condamnation avait été prononcée en 2011. Le braconnier à été condamné à 2 mois de prison avec sursis et deux ans d'interdiction de chasse. "C'est beaucoup trop peu. Il faut que les risques de sanctions pour les braconniers soient infiniment plus lourds et dissuassifs" exhorte Gilles Moyne.
 

 

Le braconnage du lynx, le photographe naturaliste Guillaume François le connait de près aussi. Malgré ses 27 ans, Guillaume François est un grand spécialiste du félin jurassien qu'il suit depuis une dizaine d'années. Hugo Clément et son équipe ont voulu approcher au plus près le lynx dans son milieu naturel. Ils sont partis à la découverte du territoire du félin avec le photographe.


"A 13 ans, je me souviens que je partais observer la faune sauvage avec mes jumelles et mon tout premier appareil photo. Durant mes longues balades, j'espérais continuellement et je rêvais de rencontrer un animal en particulier, l'emblématique lynx boréal. Au fil des années j'ai grandi et j'ai vite compris la très grande difficulté de la rencontre". Pourtant, années aprés années, le jeune photographe va poursuivre sa quête jusqu'à établir une relation de confiance sur le territoire d'une jeune femelle lynx.
 

Tel le lynx, à pas feutrés, je me suis glissé dans l'environnement de cet animal incroyable

Guillaume François



Cette expérience marquera Guillaume pour toute sa vie. "Je ne croyais pas ce que je voyais dans mes jumelles, c'était impossible, une telle rencontre, récompensée après toutes ces années passées sur le terrain. Il m'aura fallu presque une heure pour me rapprocher d'eux, et pour y croire. J'évoluais extrêmement doucement, pour ne pas les brusquer et les laisser continuer leur vie".

 

La mère des jeunes lynx sort de la forêt. Elle vient s'asseoir et se tient là, en face de moi, à quatre mètres à peine

Guillaume François

Plusieurs mois après cette fabuleuse rencontre, pour Guillaume François, tout s'effondre.

"Je la retrouve au Centre de soins pour animaux sauvage Athénas, balancée du haut d'un belvédère, sa vie lui fut ôtée, lâchement assassinée par un braconnier, d'une balle en plein thorax. Je n'ose le croire et pourtant je reconnais ses tâches, elles sont uniques pour chaque individu. A l'époque elle était encore accompagnée d'un de ses deux petits, pas encore émancipé. Nous sommes en plein hiver et le jeune ne peut survivre sans sa mère..."

Cette épreuve a marqué le jeune photographe à jamais, et lui a donné encore plus l'envie de s'investir dans la préservation de la nature et de la faune sauvage.
 


Il y a trois ans, nous avions longuement rencontré Guillaume François lors d'un reportage sur les photographe animaliers. En affût au lynx, il partageait avec nous sa passion pour le félin jurassien et alertait l'opinion publique sur les menaces qui pesaient sur l'animal à cause des collisions automobiles et du braconnage. 
 


 

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