Il est connu pour ses affiches satiriques installées devant son garage à Champagnole (Jura). Max Marandet est de nouveau poursuivi en justice pour avoir publié sur Facebook des photos d'un gendarme mal garé. Il a été placé en garde à vue et sera convoqué en février devant le tribunal.
Comme toujours avec lui, l'affaire fait grand bruit. Max Marandet lui donne il est vrai un sacré écho sur ses réseaux sociaux. Là où tout a commencé le 9 septembre 2024. Le garagiste a en effet été placé en garde à vue le 10 octobre dernier suite à une plainte déposée par un gendarme de Champagnole (Jura) pour outrage et diffamation. Il sera convoqué devant la justice pour son procès en février prochain à Lons-le-Saunier.
"Il n'a pas apprécié d'être pris en faute"
Tout est parti d'un post Facebook dans lequel il dénonçait le stationnement gênant sur un trottoir d'un militaire de la Brigade motorisée (BMo) de la gendarmerie de Champagnole, photos de son utilitaire blanc à l'appui.
"Ce gendarme est connu à Champagnole, il a l'habitude de se garer n'importe comment sur le trottoir devant l'immeuble où il habite, explique Max Marandet à France 3 Franche-Comté. Je l'avais déjà vu faire cet été. J'avais vu une personne handicapée en fauteuil roulant qui n'arrivait pas à passer. Je l'ai aidé à traverser pour changer de trottoir. Quand j'ai revu le véhicule au même endroit, ça m'a gonflé. J'ai fait trois photos et je les ai mises sur Face de bouc." Avec quelques commentaires bien à lui.
Un coup de projecteur peu goûté par le gendarme qui a aussitôt porté plainte. "Il n'a pas apprécié d'être pris en faute", poursuit Max Marandet, qui a refusé de se rendre à la gendarmerie de Lons-le-Saunier où il était attendu le 4 octobre. "Je ne vois pas pourquoi j'allais faire 30 km alors que je pouvais aller à la gendarmerie de Champagnole", se justifie-t-il.
Une semaine après, trois gendarmes lédoniens se sont donc présentés dans son garage pour "l'embarquer". Max Marandet a été placé en garde à vue pendant une bonne partie de la journée avant d'être remis en liberté. Une garde à vue qu'il juge "illégale et arbitraire". Mais qui n'a rien d'étonnant selon lui.
Ma tête est mise à prix. la chasse à l'homme est lancée. Je suis un peu la bête à tuer. Tout est bon pour se payer Max Marandet !
Max Marandet, garagiste à Champagnole (Jura).
Humour à l'affiche
Depuis 2021, en effet, le trublion jurassien défraie régulièrement la chronique avec ses affiches parodiques et provocatrices. Elles sont installées sur une remorque, au niveau du rond-point de Pontarlier, devant sa concession automobile. Max Marandet y brocarde d'abord et surtout les femmes et les hommes politiques. L'une de ses affiches avait notamment visé Nicolas Sarkozy "soutenu par Don Corleone". Une autre évoquait Zérine, la "fille cachée" de Marine Le Pen et Eric Zemmour. Plusieurs plaintes ont été déposées contre lui, notamment par le RN et LREM.
Il a récemment écorné Emmanuel Macron pour ses "Jeux zoolympiques", Michel Barnier, représenté assis sur un siège éjectable, des bâtons de dynamite à la main, avec la légende "Habemus premus minus", ou encore l'Abbé Pierre après les accusations d'agressions sexuelles visant celui qui a été longtemps la personnalité préférée des Français.
Gendarmes dans le viseur
"Je ne tire pas que sur les politiques", corrige Max Marandet. En mai 2023, il avait d'ailleurs déjà moqué les gendarmes locaux comme l'a rapporté Le Progrès, avec une affiche intitulée :"Champagnole ville de charme". On y voyait deux militaires en uniforme, mis en scène autour d'une fontaine de la ville dont la statue a été volée en 2015 et qui n'a jamais pu être retrouvée.
"Mes panneaux dérangent, je le sais, confie Max Marandet qui assure être dans le collimateur des forces de l'ordre et de la justice depuis des mois. "Chaque fois que j’en mets un nouveau, les gendarmes viennent le prendre tout de suite en photo."
Je suis libre. Je dis tout haut ce que toute le monde pense tout bas. Et les gens se reconnaissent dans mes affiches.
Max Marandet, garagiste à Champagnole (Jura).
Procès en février 2025
Max Marandet s'est vu remettre une convocation devant le Tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier le 18 février prochain. Il est poursuivi pour la "publication ou divulgation d'élément relatif à la déclaration de situation patrimoniale ou d'intérêts d'un agent public", des informations permettant d'identifier et de localiser le gendarme en question et donc de le mettre en danger lui et sa famille. Il comparaîtra également pour ""outrage à personne dépositaire de l'autorité publique". Le parquet précise que l'intéressé avait déjà été condamné pour outrage le 23 septembre 2022 "pour des faits identiques ou assimilés".
Deux délits qui pourraient lui coûter cher, mais il assume. Le garagiste a reçu, dit-il, de nombreux messages de soutien. Et il compte bien défendre à l'audience sa totale liberté d'expression. "La plume est plus forte que la matraque, insiste Max Marandet. Ils ne savent pas jusqu'où je peux aller et c'est ça qui les inquiète."