La météo annonçait un grand coup de froid la nuit du dimanche au lundi 4 avril. Le mercure est bien descendu. Les gelées sont par endroits moins fortes que prévu, mais localement les vignerons s'attendent à subir des dégâts.
Météo-France a fait ses relevés. Et ils font froid dans le dos. La nuit dernière, les éclaircies nocturnes ont fait plonger les températures après un épisode de neige.
C’est dans le Haut-Doubs et le Haut-Jura qu’on relève les gelées les plus fortes.
- -17,8° à aux Fourgs dans le Doubs
- -15,1° à Maîche dans le Doubs
- -14,7° à Mouthe dans le Doubs
- -10° à la Pesse dans le Jura
- -8° au Ballon d’Alsace
- -7,7° à Champagnole dans le Jura
- - 6 à -8° dans les vignobles du Jura
- -4 à -7° en Haute-Saône
- -2,9° à Besançon
- -2 à -4° à Dole
- 0 à -2° dans le secteur de Belfort à Montbéliard
Lundi matin, Météo France a annoncé que les températures les plus froides pour un mois d'avril depuis 1947 dans le pays avaient été enregistrées au cours de la nuit.
Des records ont été battus dans plusieurs régions de France notamment à Mourmelon (Marne, -9,3 degrés), Châteauroux (Indre, -5,6 degrés) ou encore à Vannes (Morbihan, -3,2 degrés).
Chez les particuliers en Franche-Comté, beaucoup d’ arbres fruitiers ont souffert. Il n’y aura pas de tarte à la cerise cet été à déguster au soleil de l’été.
Les vignerons du Jura dans l’attente
Dans le vignoble, les viticulteurs étaient encore ce matin encore dans l’attente. Ce qui est certain, c’est que ce coup de gel sera moins dramatique que l’an dernier, car les vignes étaient moins avancées.
Une année de gel de plus, il ne le fallait pas !
François Ratte, vigneron dans le Jura
À Arbois, François Ratte était plutôt soulagé ce matin. “Il a fait -2 à -3° vers 6 heures du matin dans le bas d’Arbois, il a fait sans doute un peu plus froid dans les combes sur le secteur de Pupillin” constate-t-il. “On a de la chance, par rapport à 2021, les feuilles des vignes étaient chez nous à peine sorties, encore dans leur coton. S’il y a de la perte, ce sera sur quelques pieds précoces, on verra cela dans 10 jours” dit-il. “Cette année, on avait volontairement taillé très tard. Les coins susceptibles de geler, on n’avait pas taillé entièrement", précise-t-il. Ce vigneron se dit soulagé, mais comme il dit “tant que le vin n’est pas dans le tonneau” dit-il avec prudence. Gel, grêle, mildiou, ce vigneron sait que chaque année, un seul aléa climatique peut mettre en péril une récolte.
A l'Etoile dans le Jura, le vignoble de Philippe Vanedelle a été plus touché. "Le gel on ne le voit pas tout de suite" précise le vigneron. "Pour nous heureusement, la majorité des bourgeons n'étaient pas sortis. Il y aura des dégâts, mais ce sera limité. On saura dans une dizaine de jours. J'estime à 20% de perte, mais c'est encore trop tôt pour le dire" pense le vigneron.
Les dégâts dans les vignes vont se révéler au fil des heures
Stéphane Tissot, vigneron à Montigny-les-Arsures près d'Arbois, est allé évaluer lui aussi les dégâts dans ses vignes dès que le temps s’est un peu réchauffé.
C’est du coteau des Bruyères qu’il donne des nouvelles : « Il y a un peu de gelée, un peu de dégâts, mais c’est beaucoup moins que ce je craignais. » Sur place, il remarque que si un bourgeon a gardé son vert tendre, les deux autres semblent avoir subi les basses températures de manière définitive.
Il compare avec les grandes gelées de l’an dernier, à la même époque : « La vigne est moins avancée que l’an dernier où les dégâts avaient été très importants. Et c’est plus sec : l’an dernier, il avait neigé la veille et les bourgeons étaient gorgés d’eau donc ils avaient été détruits par le gel… »
Il s’inquiète pour ses confrères plus au sud dans le vignoble : « Là-bas, ils ont toujours plusieurs jours d’avance en végétation par rapport à nous… »
Il précise aussi qu’il a taillé d’une certaine manière, pour justement, préserver les ceps en cas de températures basses : « Sur à peu près le tiers du domaine, nous avons taillé normalement, mais en laissant une baguette en rab. En cas de gel, cette baguette verra ses bourgeons du haut détruits, mais on la retaillera et ceux du bas repartiront… » Il arpente ses vignes de savagnin et se réjouit : « Là, je vois des bourgeons frisés mais pas grillé par le froid… Mais j’avoue, je suis d’un naturel plutôt optimiste… »
Bertrand Delannay, directeur de la société viticole de Voiteur avoue être très occupé par le rangement de la Percée du vin Jaune qui s’est déroulée samedi 2 et dimanche 3 à Cramans. De plus, il affirme : « C’est trop tôt pour répondre à la question des dégâts. L’effet du gel ne sera pas visible avant la fin de la journée… »
Même temporisation pour Laetitia Buffet de la société viticole du Jura qui raconte : « Les techniciens feront une tournée d’inspection dès le début d’après-midi, quand les températures seront remontées, pour faire des estimations. C’est surtout dans le sud du vignoble qu’on attend des dégâts importants. Sur le Revermont, la végétation est toujours plus en avance que dans le reste du département.»
À Vercia dans le Jura, les viticulteurs avaient allumé des feux pour protéger au maximum la vigne de ce coup de froid printanier.