Il y a tout juste 60 ans, le 27 juillet 1964, un éboulement majeur survenait dans une cimenterie souterraine à Champagnole dans le Jura. Six personnes sont mortes lors de ce drame et encore aujourd’hui cette catastrophe reste dans l'esprit des habitants. Le musée de la ville rend hommage aux victimes dans une exposition.
C’est un tragique événement encore présent dans la tête des habitants de Champagnole dans le Jura. Le 27 juillet 1964, il est exactement 12 h 10 quand les galeries souterraines de la cimenterie Bouvet-Ponsar s’effondrent sur 14 mineurs. S’ensuite une véritable course contre-la-montre pour tenter de sauver les ouvriers bloqués à 82 mètres de profondeur. Le lendemain du drame, les sauveteurs entrent en contact avec neuf mineurs, mais les cinq autres restent introuvables. Pendant huit jours, les sauveteurs vont tout faire pour aider les survivants à sortir de la mine.
Un travail acharné
Pierre Jacquemin a 88 ans aujourd’hui, mais à l’époque, il a fait partie de ceux qui ont participé aux recherches et à l’extraction. “Je travaillais au barrage de Vouglans, en revenant au travail après ma pause repas, on m’a dit qu’il fallait que j’aille au Mont Rivel le plus vite possible, car je savais conduire un bulldozer. Je suis arrivé sur place très rapidement, j’étais l’un des premiers. J’ai participé au sauvetage jusqu’à la fin, pendant huit jours, on travaillait presque sans s’arrêter.” raconte-t-il.
Alors qu’il était chauffeur d’engin, Pierre Jacquemin a été mobilisé pour déblayer les débris rejetés par la foreuse qui creusait pour atteindre les mineurs. Aujourd’hui encore, cette semaine particulière ne quitte pas sa mémoire : “C’est quelque chose que l’on ne peut pas oublier, la montagne s’écroulait devant nous en même temps qu’on avançait, c’était impressionnant. Quand ça craquait, il avait de quoi prendre peur” se remémore le retraité. Avant d’ajouter :
“Tous les soirs, les familles venaient discuter avec les hommes bloqués en dessous, par un fil téléphonique descendu dans la galerie”.
Pierre JacqueminTémoin de la catastrophe du Mont Rivel
Après huit jours de dur labeur, et le décès de l’un des sauveteurs, les neuf hommes sont finalement évacués de la mine le 4 août 1964. Les cinq autres ouvriers ne seront jamais retrouvés et les opérations de secours sont arrêtées le samedi 8 août 1964.
Une mémoire toujours très vive
L’homme de 88 ans n’est pas le seul à avoir gardé un souvenir prégnant de ce dramatique accident. Guy Saillard est aujourd’hui le maire de Champagnole, mais en 1964, il avait six ans et il n’a pas oublié ces journées d’angoisse. “Je m’en souviens bien, on regardait ce qui se passait avec des jumelles, depuis le perron de la maison de mes grands-parents” témoigne le maire. Ce drame a vivement marqué les habitants et Guy Saillard se souvient de l'impact que cet accident a eu sur la ville : “Quand il y avait encore des mines en France, et qu’il y avait des accidents, les riverains déposaient des boites en fer devant les boutiques champagnolaises, elles servaient à faire des dons pour les victimes. Un véritable élan de solidarité s’est construit dans la ville au sujet des accidents miniers”. Pour lui, la catastrophe du mont Rivel ne doit pas être oubliée, même soixante ans après les faits.
“C’est l’histoire de la ville, on ne peut pas rayer ce qu’il s’est passé, c’est important de commémorer notre histoire”
Guy SaillardMaire de Champagnole
Cette année, le musée d’archéologie de la ville a aussi décidé de réaliser une exposition temporaire sur la catastrophe du Mont Rivel. Pour Sandra Coullenot, chargée de la médiation culturelle du musée, c'est l’occasion de “dire aux personnes touchées que nous ne les avons pas oubliés. C’est aussi une manière de montrer aux visiteurs ce qu’il s’est passé, mettre en lumière le monde de la mine”.
Comme tous les ans, une gerbe sera déposée devant la stèle commémorative de l’accident à Champagnole ce samedi 27 juillet, une minute de silence sera aussi observée avec les familles des victimes.