La création d'une entreprise fabriquant des pellets ou granulés bois à Salins-les-Bains (Jura), inquiètent les riverains. Un collectif s'est même constitué. Le maire lui, se veut rassurant, d'autant plus que 40 emplois pourraient être créés.
Si elle voit le jour, cette entreprise de fabrication de pellets, sera installée sur 7 hectares de parcelle, dans la zone des Mélincols à Salins-les-Bains, dans le Jura. Elle pourrait être la plus grande d’Europe selon ses opposants. Comme pour toutes nouvelles installations d’entreprises, ce projet a ses défenseurs et ses détracteurs. Parmi les opposants, l’association Pays de Salins Environnement, anciennement "l’association Les Riverains de la D105", co-dirigée par Jérôme Biro et Sandrine Chauvin. Leurs principales inquiétudes reposent sur l’impact environnemental et sur la qualité de vie, en raison des nombreux camions qui pourraient circuler dans la ville.
« On craint la circulation, les nuisances sonores, les différents dangers liés à l’implantation de cette méga-usine comme les risques d’incendie, la recrudescence des accidents sur la route, les fumées, la nuisance esthétique aussi, qui va à l’encontre des volontés de la ville et surtout les fumées. Dans ces fumées, il y a des particules fines, parfois à la limite de ce qui est autorisé et 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, quel est l’impact sur les habitants ? » liste Jérôme Biro, à notre journaliste Elisabeth Braconnier.
L’association Pays de Salins Environnement, s’appuie sur l’expérience de deux autres entreprises de pellets, basées à Mignovillard (Jura) et à Levier (Doubs), des vidéos circulant sur Internet, montrent en effet de gros nuages.
Faux, réplique cette fois-ci l’un des défenseurs du projet, le maire de Salins-les-Bains, Michel Cêtre. « Je réfute que ce soit de gros nuages. C’est de la vapeur d’eau qui s’échappe de cette activité. Il n’y a pas de produits chimiques, car ce bois est compressé. Quant au transport, il s’agit de bois découpé donc l’utilisation de grosses grues n’est pas judicieuse et puis ces bois traversent déjà la commune puisque ces résineux sont exploités par les papeteries. »
Des emplois en perspective
La société EO2 veut investir 25 millions d’euros dans ce projet jurassien. Le futur site constituerait la deuxième entreprise du groupe après celle de Saint-Germain-Près-Herment dans le Puy-de-Dôme.
Si le permis de construire, actuellement en cours d’instruction par les différents services de l’État, est validé, cette usine de fabrication et de distribution de pellets, verrait le jour fin 2023. Sa production pourrait débuter, au mieux, en octobre 2024. Le maire de Salins indique également « que quarante personnes seraient embauchées, sans compter les emplois indirects » se félicite ce dernier.
Un site autrefois agricole
Les 7 hectares, sur lesquels va être implantée l’usine, Edwige Peiffer les a exploités. Avec son mari et son fils, elle élève 120 vaches laitières pour la filière comté. « On a été bailleur jusqu’en 2012, mais la communauté de communes les a rachetés et n’a pas poursuivi le bail. On nous a réduit une partie du pâturage et cela nous met en porte-à-faux vis-à-vis du cahier des charges de la filière Comté et l’avenir est forcément moins serein ».
Voir une usine sortir de cette pâture, qui nourrissait autrefois ces bêtes, l’inquiète d’autant plus que pour elle, la matière première est insuffisante dans ce secteur. « Il y a un peu de ressources en bois, mais pas assez pour assouvir les besoins de cet industriel. On est quasiment sûr que du bois sera exporté de l’étranger, donc ça n’a pas de sens de prôner l’usage local quand le bois vient de loin pour être transformé. »
Le marché des pellets, des demandes en hausse
Considéré comme une énergie performante, dégageant moins de poussière et de polluants atmosphériques qu'une bûche de bois classique, le pellet rencontre un vif succès. Propellet, l’association nationale du chauffage au granulé de bois revient sur le bilan de l’année 2022. Plus de 1,7 million de foyers français se chauffent avec ce combustible. Les niveaux de consommation ont doublé en 5 ans, pour atteindre 2,5 millions de tonnes en 2022. La production nationale s’élève, elle, à 2,5 millions de tonnes, soit 250 000 tonnes de plus qu’en 2021.
De nouveaux sites de production ont vu le jour en France et en Europe. L’an passé, trois nouvelles usines ont été ouvertes, pour une capacité de production supplémentaire de 270 000 tonnes de granulé de bois. Il en sera de même sur 2023 avec 3 nouvelles usines. La France devient ainsi autosuffisante à 85%. En Franche-Comté, des projets sont encore en cours de déploiement : une usine à Houtaud près de Pontarlier, celle de Salins-les-Bains dans le Jura, et depuis le printemps, la scierie Chauvin à Mignovillard produit des pellets.
À Salins-les-Bains, si le projet aboutit, quelque 120 000 tonnes de pellets y seront produites par an. Edwige Peiffer, produisait sur cette parcelle, 600 000 litres de lait par an.