Justice : huis clos décidé au procès de "l'adolescent au marteau" devant les Assises de Saône-et-Loire

Le cas de "l'homme au marteau" est éxaminé à huis clos par la Cour d'Assises des mineurs de Saône-et-Loire à partir de ce 3 mai. Adolescent au moment des faits, il a reconnu être l'auteur des attaques au marteau et des multiples violences commises à Chalon-sur-Saône et Dijon entre 2017 et 2018.

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Les débats qui commencent ce lundi 3 mai à 9h00 devraient durer jusqu’au 21 mai prochain à la cour d'Assises pour mineurs de Saône-et-Loire. Une durée importante justifiée par les nombreux délits dont le mis en cause, âgé de 17 ans à l'époque des faits, est suspecté. Au total, il risque 30 ans de prison pour "tentative d'homicide, vol à main armée, dégradation par incendie, violence avec arme, menaces de mort, provocation à des atteintes en raison de l'ethnie ou la confession".

Des débats interdits au public

Le procés se déroulera à huis clos. C'est la décision prise aux premières heures de l'audience ce lundi matin. Pour rappel, selon le Code de procédure pénale, une audience à la cour d'Assises pour mineurs a habituellement lieu sans spectateur. Cependant, si le mis en cause est devenu majeur depuis les faits, il peut demander à ce que le procès soit public.

Or, l'auteur présumé des faits avait 17 ans à l'époque, et est désormais âgé de 20 ans. Les avocats de celui-ci ont réclamé l'organisation des débats en présence de spectateurs afin de "rendre une justice à voix haute, la porte ouverte", a expliqué Maître Pierre-Vincent Connault, qui représente le mis en cause avec Maître Palema Lepine. La défense estimait que la publicité des échanges aurait pu permettre d'aider les victimes dans la compréhension des faits commis par le suspect principal. Un suspect vêtu d'une chemise grise, à l'apparence frêle et l'attitude très calme qui s'est présenté dans le box des accusés ce lundi matin.

"Mon client a participé à un climat d'angoisse générale dans un contexte d'actes terroristes. Ce serait bien que ses explications soient entendues. Certaines victimes ont fait le choix de ne pas être entendues. Le fait qu'elles n'aient pas voulu être présentes, ne leur ôte pas le droit à des excuses et des explications", a affirmé Pierre-Vincent Connault, rappelant le rôle joué par les médias dans cette affaire et, selon lui, leur utilisation par le ministère public au moment des investigations.

Par la voix de madame la procureure générale, le ministère public a exprimé sa volonté d'organiser des audiences à huis-clos pour permettre "une justice de qualité". Pour elle, la non-publicité des débats assurerait l'authenticité et la sérénité des discussions. "Je suis étouffée d'entendre dire que l'accusation est l'auteur de l'instrumentalisation des médias. Compte tenu de la relation du prévenu avec les médias, la non-publicité s'impose", a-t-elle répondu. 

Après près de 30 minutes de concertation, la cour a finalement décidé de placer le procès sous le régime de la publicité restreinte. Seuls les témoins, victimes, membres du barreau, proches et les représentant légal de la victime, les experts cités et les parties civiles pourront donc assister aux différents échanges pendant 3 semaines.

Suite à la décision de la cour d'Assises des mineurs de Saône-et-Loire, les avocats du mis en cause refusent d'évoquer publiquement les 3 prochaines de débat.

4 mois d'enquête

Le suspect principal qui a avoué les faits, est accusé d'avoir blessé 6 personnes en 3 agressions à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Dijon (Côte-d'Or), déclenché plusieurs incendies volontaires et commis un vol avec armes pour un butin de 200 euros. Des actes réalisés entre le 15 septembre 2017 et le 28 janvier 2018. 

Plus de 4 mois de violences, entamés à Chalon-sur-Saône par l'agression au marteau de deux femmes. L’une d’elle est légèrement blessée. Le 25 septembre 2017, il s’en prend à deux étudiants et un membre du personnel de l’Université de Bourgogne près du campus de Dijon, avant d’attaquer avec un bocal en verre une quatrième personne le 26 septembre dans la même ville.

En plus de ces actes violents, le suspect provoque plusieurs incendies volontaires près de la faculté de Dijon durant le mois de novembre 2017, et menace de "frapper" pendant le match de Ligue Dijon – Troyes, organisé le 18 novembre.

L’ensemble de ces actes est revendiqué par un supposé "commando de défense du peuple et de la patrie française" qui prétend lutter contre le multiculturalisme. Dès le 2 novembre il interpelle la presse locale par mails ou messages vocaux.

Après le vol avec arme d’une pharmacie de Chalon-sur-Saône le 26 janvier 2018, le mis en cause se rend de lui-même au commissariat de la ville le 29 janvier et avoue l’ensemble des faits, affirmant avoir agi seul.

Déterminer le mobile

Le principal enjeu du procès est de déterminer les motivations de l'adolescent. Interrogé par les enquêteurs, il avance successivement plusieurs mobiles, évoquant tantôt l’envie d’aller en prison pour ne pas à suivre de longues années d’étude, tantôt la volonté d’élaborer son propre fait divers en tant que passionné de l’univers policier.

"Il est dans l’état d’esprit d’un jeune homme dans l’attente d’être jugé. Il sait qu’il encourt une lourde peine. Il est comme tout personne avant un jugement, il sait qu’il y aura un avant et un après", nous explique son avocat, Maître Pierre-Vincent Connault. 

Si les jurés populaires retiennent l'excuse de la minorité, le mis en cause pourrait voir sa peine rabaisser de 30 à 15 ans de prison.

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