Une nouvelle attaque de prédateur a eu lieu dans la nuit du 2 au 3 septembre en Haute-Saône. Neuf brebis et agneaux ont été attaqués au lieu-dit Le champ à Fougerolles. Deux bêtes ont été tuées et sept ont du être euthanasiées. Comment réagir à la présence du loup ?
D'après le communiqué publié le 2 septembre par la préfecture de Haute-Saône, les six récentes attaques de troupeaux dans cinq exploitations des alentours de Fougerolles ont peut-être été le fait du loup. Des attaques qui se sont reproduites la nuit du 2 au 3 septembre, un petit troupeau de 12 moutons a été attaqué. Résultat : une brebis mangée à moitié, une autre égorgée et sept autres bêtes ont du être euthanasiées.
Suite aux constats effectués sur le terrain par les agents de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) immédiatement dépêchés sur place, et aux documents photographiques produits par des éleveurs, l’animal responsable de ces attaques a été identifié par les experts nationaux comme étant très probablement un loup (Canis lupus lupus). Un doute subsiste en raison de certaines caractéristiques de pelage et de comportement inhabituelles relevées sur cet individu. Une certitude ne pourra être obtenue qu’après des analyses génétiques qui pourront être réalisées dès la collecte sur le terrain de matériel biologique (crotte, poils).
Pour Jean-Michel Bertrand, réalisateur du film « Marche avec les loups », la présence d’un loup en Haute-Saône est tout à fait possible.
Ce cinéaste connaît bien les loups. Pendant deux ans, Jean-Michel Bertrand, a tenté de comprendre comment vivaient les jeunes loups qui quittent le secteur où ils sont nés. C’est le « grand mystère de la dispersion des loups ».
Le loup qui a été repéré dans les environs de Fougerolles est sans doute une de ses jeunes mâles solitaires en quête de territoire.
Pour s’installer durablement dans le territoire, il lui faut un partenaire. Et si c’était un couple, on verrait sur les images de nuit enregistrées par Nicolas Fleurot, deux loups chasser ensemble. Ce qui n’est pas le cas.« Cela a tout l’air d’un loup en dispersion, explique le cinéaste. Un jeune en quête de territoire et de partenaire. D’où les distances considérables qu’il peut parcourir. Jusqu’à 2000 kilomètres ! »
D’où pourrait-il venir ?
Avec le loup, tout est possible ! Tellement il est capable de parcourir de kilomètres. D’après Jean-Michel Bertrand qui a pu observer les photos prises par les éleveurs, il pourrait s’agir d’un loup venu d’Europe centrale via l’Allemagne mais il faut attendre les analyses génétiques pour en avoir confirmation.Actuellement, il y a 80 meutes en France. Dans le Jura suisse, un couple de loup a pu pour la première fois se reproduire en 2019. Et dans les Vosges, la seule meute présente a été décimée par des braconniers.
Que faire ?
Fort de son expérience, Jean-Michel Bertrand met en avant le pragmatisme plutôt que le dogmatisme.Le réalisateur rappelle que le loup est un animal « intelligent et opportuniste ». En fait, il va au plus simple ! Si c’est facile pour lui d’attaquer des brebis ou des génisses, il va continuer plutôt que de chercher pitance en forêt.
Il est possible de le décourager mais, rappelle Jean-Michel Bertrand « Il faut surtout ne pas laisser ce loup prendre l'habitude d'attaquer les troupeaux".
La préfecture de Haute-Saône évoque elle aussi cette stratégie d’effarouchement pour faire comprendre au loup que les affaires vont se compliquer pour lui, et qu’il a intérêt à continuer sa route.« Ce que je prône, c’est de mettre en place une solidarité entre environnementalistes et éleveurs. Pour éviter que des tensions s’installent comme dans d’autres régions françaises, il faut de l’entraide. Cela existe ! Pastoraloup est un programme initié par l’association Ferus qui met en contact des bénévoles volontaires et des éleveurs. Les bénévoles, par leur seule présence la nuit près des bêtes, décourage le loup d’attaquer. Un simple claquement des mains le fait partir, Il faut lui faire comprendre que c'est la fin de la récré ».
Les louvetiers ont été mobilisés pour assurer l’effarouchement deux nuits sur deux exploitations différentes. Des dispositifs d’effarouchement et de protection (grillages électrifiés) sont en cours de mobilisation par les services de l’État et seront proposés aux éleveurs concernés le cas échéant.
Avant que les tensions se cristallisent en Haute-Saône, il s’agit donc de trouver une parade à l’opportunisme du prédateur. Le loup qui a été encore vu ce jeudi 3 septembre matin comme en témoigne cette video transmise par un des éleveurs touchés par ces attaques, a passé une nuit de bombance.
Des éleveurs ont perdu 9 brebis et agneaux. Même si une indemnisation est prévue, c'est une situation difficile à vivre.
Jean-Michel Bertrand conseille d’agir vite aussi bien vis-à-vis du loup pour qu’il comprenne son intérêt d’aller chasser plus loin, et vis-à-vis des éleveurs pour apaiser les éventuelles tensions.