Lutte ouvrière présente plusieurs listes en Bourgogne aux élections municipales. Son programme reste la lutte des classes, un enjeu national pour un scrutin local. Nous sommes allés à la rencontre de deux têtes de liste en Saône-et-Loire, qui nous expliquent le choix de cette stratégie politique.
Lutte ouvrière présente quinze listes en Bourgogne au premier tour des élections municipales, dans des villes au long passé industriel. Claude Couratier est tête de liste à Montceau-les-Mines. Comme tous les autres candidats LO, ce magasinier à Dijon a pour programme la défense des travailleurs.
"Ça fait des années qu'on voit l'État ou les mairies distribuer des subventions ou dérouler le tapis rouge pour des grandes entreprises. Mais au bout du compte, de toute façon ça ne crée pas d'emploi. Ils empochent le fric et ils s'en vont […] Pour moi, c'est une lutte massive et collective de l'ensemble de la classe ouvrière qui peut se mener à Montceau comme ailleurs."
Une vision marxiste qui détonne dans une élection municipale où les enjeux locaux priment. Une stratégie qui a un risque : rebuter les électeurs et donc faire moins de voix. Là aussi, c'est un choix : "Je ne pense pas que l'on soit élu mais l'enjeu, c'est d'être quand même les yeux et les oreilles des travailleurs. Même au niveau local, quand il y a des écoles qui ferment, qu'il y a des services hospitaliers qui sont fermés, on se met au service des plus démunis", affirme Claude Couratier.
Mais Lutte ouvrière a du mal à s'imposer dans ce scrutin local. En 2014, il restait par exemple en dessous des 5% dans plusieurs villes de Saône-et-Loire. Depuis plusieurs décennies, une partie de l'électorat ouvrier s'est détournée des partis de gauche, certains sont allés vers l'extrême-droite.
"On a dit 'votez pour moi, je ferai votre bonheur'. Finalement, ils ont déçu le monde ouvrier, ils l'ont détourné du vote ou l'ont fait se tourner vers l'extrême-droite par dépit, confie Pascal Dufraigne, tête de liste LO à Chalon-sur-Saône. Mais c'est vraiment se tirer une balle dans le pied, c'est voter pour des ennemis du monde ouvrier."
Mais avec le mouvement des "gilets jaunes" puis la contestation de la réforme des retraites, les vents sont favorables selon lui pour un retour de l'extrême-gauche. "Dans des moments comme ça, on verra les clivages se refaire. Je suis convaincu que les idées communistes renaîtront à ce moment-là et on tient à être au rendez-vous". Réponse dans les urnes, dimanche 15 mars.