Du jamais vu à Sens : 7 listes vont s'affronter aux élections municipales. Alors que Marie-Louise Fort (LR) brigue un troisième mandat, la maire sortante devra notamment faire face au Rassemblement National et à 2 candidates de la majorité présidentielle. Retour sur le débat du mercredi 11 mars.
À l'occasion des élections municipales, France 3 Bourgogne se mobilise pour vous permettre de suivre les débats de proximité de votre territoire. Mercredi 11 mars 2020, nous avons reçu les principaux candidats à la mairie de Sens, en partenariat avec France Bleu Auxerre.
Le débat animé par Lilian Melet de France 3 Bourgogne et Renaud Candelier de France Bleu Auxerre s'est déroulé en présence de :
- M. Mathieu BITTOUN (DVG)
- Mme Michèle CROUZET (DVC)
- Mme Claude VIVIER LE GOT (REM)
- Mme Marie-Louise FORT (LR)
- M. Julien ODOUL (RN)
- M. Laurent MOINET (DIV)
Voici quelques un des principaux points à retenir :
1-Comment Sens peut-elle mieux tirer parti de sa proximité avec Paris ?
Sens, qui compte 25 000 habitants, est située à 110 kilomètres de Paris. Cette proximité et les enjeux économiques qui en découlent ont bien sûr animé le débat.
"Il faut vendre l’image de Sens, ça a été l’objet d’une campagne marketing dans le métro parisien. Ça nous a apporté 8% de visiteurs de plus cet été. Il faut faire connaître notre ville et surtout la doter d’équipements qui permettent par exemple la venue de médecins, de cadres et d’une population diversifiée. On essaie de le faire, mais il faut laisser du temps au temps. Et puis il ne faut pas exagérer, on est maire, on n’est pas entrepreneur. Il faut qu’on donne les conditions d’envie et de vie", déclare Marie-Louise Fort, la maire sortante LR qui sollicite un 3e mandat.
"Le principal atout de notre ville, c’est sa proximité avec Paris et l’Ile-de-France. Malheureusement, nous avons les mauvais côtés des banlieues parisiennes : une Zup, des commerces qui ferment en centre-ville, de la violence, de la délinquance, de la pauvreté et nous ne bénéficions pas de l’attractivité de Paris », attaque Julien Odoul, le candidat du Rassemblement national (ex FN).
Pour Claude Vivier-Le Got, candidate de La République En Marche, "Sens a une identité bourguignonne et une réalité économique d’Ile-de-France. Elle est un peu comme une ville frontalière. Elle doit lutter contre le fait de devenir une ville dortoir. Nous devons attirer des entreprises, mais pas des Franciliens. Son attractivité passe par son identité régionale : une culture de la gastronomie et de beaux bâtiments. Nous souhaitons que Sens puisse obtenir le label Ville d’art et d’histoire pour lui redonner cette attractivité."
Mathieu Bittoun, candidat divers gauche soutenu notamment par EELV, LFI et le PCF, estime pour sa part que "si on veut rendre notre ville attractive, il faut y créer de l’attractivité. On a des projets en ce sens-là, qui sont en plus écologiques. La création d’une ceinture verte de maraîchage bio à Sens, c’est une activité non-délocalisable qui servira nos cantines bio", dit-il.
2-Que faire face aux centres-villes qui se désertifient ?
Sens, comme de très nombreuses villes de France, voit par exemple ses commerces du centre-ville délaissés au profit d’une zone commerciale située à la périphérie. Alors, comment faire pour inverser cette tendance ?
"On a rénové le marché couvert et aménagé des places", rappelle la maire Marie-Louise Fort.
Oui mais, "il y a une vacance commerciale énorme au centre-ville de Sens », dit Michèle Crouzet, la députée de la 3e circonscription de l’Yonne qui se présente sans étiquette (car son ex parti LREM ne lui a pas accordé l’investiture pour les municipales). D’accord, "il y a des commerces de bouche», dit-elle. Mais, il faut demander aux grandes enseignes installées à l’extérieur de "déplacer une partie de leur activité dans le centre-ville". Décathlon l’a fait dans certaines villes, assure Michèle Crouzet.
Sûr de lui, le candidat du Rassemblement national déclare : « Je promets qu’il n’y aura plus de boutiques vides. Je m’appuie sur le bilan du RN. Dans les villes gérées par le RN nous faisons revenir les commerces. Il n’y a pas de fatalité. Ça ne marche pas à Sens, car Madame Fort a fait d’autres choix. Il faut faire revenir les consommateurs et les touristes en centre-ville avec des places de parking", dit Julien Odoul.
"Il y a 2 900 places de parking sur Sens, ça suffit », rappelle Laurent Moinet, candidat divers gauche soutenu par le PS et les radicaux de gauche. "Pourquoi pas plutôt une navette entre le nord et le sud pour se rendre au centre-ville", plaide-t-il.
3-Comment renforcer la sécurité dans les quartiers de Sens ?
"Au commissariat de Sens, les effectifs des policiers nationaux ont baissé d’un tiers depuis 10 ans", dit Marie-Louise Fort. « J’ai demandé une BAC (Brigade anti-criminalité). Il y a une pétition en direction du ministère de l’Intérieur cosignée par l’ensemble des maires de l’agglomération », dit la maire sortante.
Sur ce sujet, l’analyse de Julien Odoul est tout autre : "Sur le front de la sécurité, Marie-Louise Fort, c’est Marie-Louise Faible, elle a échoué sur tout", estime l’élu d’extrême droite. Il y a seulement " 9 policiers municipaux opérationnels", lance-t-il (alors que la maire assure qu’il y a 20 agents municipaux).
De son côté, Laurent Moinet fait la proposition suivante : "il faut renforcer la convention police municipale/ police nationale qui existe déjà", suggère le candidat divers gauche.
Au cours du débat, il est aussi question des caméras de vidéosurveillance : "les caméras, ce sont des outils qui peuvent aider. Mais, la police municipale doit être dans la rue, à proximité des citoyens, en contact avec eux. Les caméras ne vont pas résoudre tous les problèmes", indique Michèle Crouzet.
Un avis partagé par Mathieu Bittoun : "à propos de la vidéo protection, toutes les études semblent démontrer que cela n’a aucune utilité, sauf en milieu fermé. On a perdu des fonctionnaires de police nationale. Or, pour lutter contre la criminalité et les trafics, on a davantage besoin d’agents de la police nationale que de caméras", résume le candidat écologiste.
Revoir l'intégralité du débat organisé mercredi 11 mars 2020 à 21h50
Un duel Marie-Louise Fort (LR) - Julien Odoul (RN) autour de la sécurité
La sécurité, c'est l'un des enjeux de ces élections municipales à Sens. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, Marie-Louise Fort s'appuie sur son bilan. Dans son programme, la maire sortante entend poursuivre "le renforcement des effectifs de la police municipale" et déployer la "vidéoprotection dans tous les secteurs de la ville". Il faut dire que la sécurité et la tranquillité des sénonais ont toujours fait partie des priorités de la candidate LR. A ce jour, la sécurité représente un budget important pour la ville de Sens : 1 million 300 000 euros, dont un million rien que pour la police municipale. Quant au déploiement de la vidéoprotection, il est monté en puissance depuis 2016 : en l'espace de trois ans, le nombre de caméras de surveillances dans la ville est passé de quarante-huit unités à quatre-vingt neuf actuellement.Courant 2018, la majorité municipale a par ailleurs mis en place une brigade de nuit dans la ville. Puis, à l'automne 2019, deux malinois ont intégré la police municipale de Sens pour la création d'une brigade canine dans la ville. Ces mesures sécuritaires prises en fin de mandat, n'auraient-elles pas été prises pour couper l'herbe sous le pied du Rassemblement National, à quelques mois des élections ? Car pour Julien Odoul (RN), la sécurité est un des volets les plus importants de cette campagne électorale. Sinon le plus important. Pour Julien Odoul, la sécurité des sénonais est en effet "la priorité numéro 1". Dans son programme, le conseiller régional RN s'engage notamment à "doubler" les effectifs de la police municipale de Sens, pour créer une "unité d'intervention 24h/24 - 7j/7".
Un duel pris au sérieux par la maire sortante...ou pas
Après l'annonce du programme du Rassemblement Nationale, l'équipe de la municipalité sortante a décidé de contre-attaquer. Fin février, un tract intitulé : "Le programme de Julien Odoul, c'est le bilan de Marie-Louise Fort" vient tourner en dérision le programme de Julien Odoul. Face à l'augmentation des effectifs de la police municipale promise par le candidat RN, l'équipe de Sens 2020 oppose le bilan de la municipalité sortante, que nous évoquions un peu plus haut. Un tract que Julien Odoul jugea "navrant" sur sa page Facebook : "Avec seulement 10 agents opérationnels sur un total de 14 policiers municipaux, les effectifs en 6 années de mandat n’ont pas augmenté [...] Concernant le déploiement de la vidéo-protection, elle annonce une centaine de caméras alors que cela plafonne aujourd’hui à 89 appareils installés dans la précipitation.".Si Marie-Louise Fort prend au sérieux la menace du Rassemblement National, c'est non seulement parce que le parti de Marine Le Pen a réalisé de bons scores aux précédentes élections (26% aux élections européennes de 2019, 21% au premier tour de l'élection présidentielle) mais aussi en raison de son représentant local : Julien Odoul. Depuis la polémique autour du port du voile, qu'il avait lancée lors du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en octobre 2019 - le conseiller régional RN bénéficie aujourd'hui d'une notoriété nationale, sur laquelle il pourrait surfer. Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que Julien Odoul se présente à une élection. Aux législatives de 2017, Julien Odoul avait rassemblé 25,6 % des voix au premier tour.
Au vu de ses précédents scores aux élections, le Rassemblement National bénéficie aujourd'hui d'un confortable matelas électoral à Sens.
Le duel Michèle Crouzet (ex-LREM) - Claude Vivier-Le Got (LREM)
Ces élections municipales à Sens seront aussi le moment de l'affrontement entre deux "représentants" de la majorité présidentielle. D'un côté, Claude Vivier- Le Got, qui bénéficie aujourd'hui de l'investiture de la République en Marche. De l'autre Michèle Crouzet, qui rêvait de l'avoir. L'actuelle députée de la 3ème circonscription de l'Yonne avait pourtant été élue sous les couleurs d'En Marche en 2014. Un désaveu qui n'empêchera pas Michèle Crouzet de se lancer dans la course aux élections municipales, en présentant une liste sans étiquette. C'est d'ailleurs la première candidate à être entrée en campagne.Les deux femmes s'opposeront notamment sur la question du développement économique de Sens et l'attractivité de la ville. Dans la presse régionale, Michèle Crouzet déclarait récemment vouloir "renforcer l’attractivité de Sens" en rétablissant notamment "un plan pluriannuel de réfections des écoles sénonaises".
De son côté, Claude Vivier-Le Got s'était déjà présentée aux élections municipales du 2014. La candidate du Parti radical avait alors été créditée de 8.42 % des voix. Celle qui promet de "changer de style" réussira t-elle à faire mieux sous l'étiquette LREM ? La candidate soutenue par la majorité présidentielle promet notamment de "baisser les impôts" et d'"installer de nouveaux médecins et spécialistes" pour renforcer l'attractivité de la ville.
L'écologie, un autre enjeu de ces élections à Sens ?
La surprise pourrait-elle venir d'une liste sans-étiquette? Avec sa liste "le Bon Sens 2020", Laurent Moinet se positionne plutôt au centre-gauche. Une équipe qui s'appuiera tout de même sur l'expérience municipale de l'opposition : Bernard Pernuit, Alexandra Lenain et Samira Aloui. Trois figures de l'opposition de l'actuel conseil municipal. Une liste qui - comme celle de Mathieu Bittoun (EELV), misera sur une "ville verte et solidaire" pour le développement économique et durable de la ville Sens.Autre candidat dans cette élection, José Carasco mènera quant-à lui la liste d'extrême-gauche "Lutte Ouvrière". Le "camp des travailleurs" fera donc lui aussi partie des débats.
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- M. Mathieu BITTOUN (DVG)
- Mme Michèle CROUZET (DVC)
- Mme Claude VIVIER LE GOT (REM)
- Mme Marie-Louise FORT (LR)
- M. Julien ODOUL (RN)
- M. José CARRASCO (EXG)
- M. Laurent MOINET (DIV)