À Nevers, un arrêté valable jusqu'au 5 janvier 2025 autorise la police à verbaliser et à exclure les personnes attroupées ou assises dans les rues du centre-ville et aux abords de la gare. C'est la deuxième fois que la municipalité décide de prendre cette mesure.
Lorsqu’on se promène dans les rues du centre-ville et aux abords de la gare de Nevers (Nièvre), les SDF se font rares. Du 23 novembre au 5 janvier, la mairie a décidé de reprendre un arrêté "contre les regroupements susceptibles de générer des troubles à l'ordre public."
Concrètement, la police pourra verbaliser et exclure du périmètre désigné les personnes assises ou regroupées.
"Nous avions pris cet arrêté durant la période estivale. L'idée était de le tester, de voir ce que cela donnait. Cela a permis de désaturer notre centre-ville de présences anxiogènes et agressives, qui faisaient fuir les clients des commerces et nous obligeaient parfois à raccompagner nos commerçants jusqu'à leurs véhicules le soir," explique l'édile de la ville, Denis Thuriot.
Le maire Renaissance estime que cette mesure a été un succès. Il s'est tout de même entretenu avec les commerçants de son centre-ville avant de reprendre cette décision. 70 % d'entre eux estimeraient que "l'arrêté est nécessaire et indispensable". Une habitante de la ville partage cet avis : "Nevers est déjà une ville endormie. La présence de sans-abris agressifs nuit au développement du commerce."
Une autre habitante ajoute : "Ils étaient quand même un peu gênants près de la Fnac et des commerces. Ils faisaient un peu de bruit."
Une décision qui divise
Certaines personnes croisées s'opposent à cette décision. "Je ne trouve pas cela normal. Ils sont là toute l’année, on ne peut pas les dégager uniquement pour les fêtes. Pour moi, ce n’est pas la solution," lance un homme. Les oppositions sont elles aussi vent debout contre cette mesure.
"Je suis triste pour les personnes concernées. Cet arrêté heurte nos valeurs de solidarité et nos principes de liberté," estime Johanna Buchter, responsable de la section locale du Parti Socialiste. Elle souligne surtout que ce genre de mesures ne fonctionne pas : "On l’a vu la dernière fois. Cela ne fait que déplacer les personnes."
"On ne traite pas le sujet de fond, qui est celui de la précarité," ajoute-t-elle. Selon des chiffres de l’INSEE, 23 % des habitants de Nevers vivent sous le seuil de pauvreté, un taux largement supérieur à la moyenne nationale, fixée à 14,5 %. "Cela donne tout de même une image du niveau de précarité très élevé de la ville," déclarait à notre micro Camille Chaurand, directrice de l’association Pagode.
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De son côté, le maire de Nevers, Denis Thuriot, ajoute : "Tout le monde est le bienvenu à Nevers, à condition de bien se comporter. Quand ce n’est pas le cas, eh bien, nous leur ferons la chasse." Pour l’avenir, la municipalité envisage de reconduire cet arrêté de manière ponctuelle.
► Avec Rémy Chidaine et Sophie Hémar