ENTRETIEN. "l'hôpital de Nevers se trouve dans une situation jamais connue depuis l'apparition du Covid", pour le maire Denis Thuriot

Fin janvier, 100 personnels de santé manquaient à l'appel à l'hôpital de Nevers. Denis Thuriot, maire de Nevers et président du conseil d’administration de l’hôpital s'exprime.

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L'hôpital de Nevers est saturé. Les urgences sont pleines à craquer. Des patients doivent attendre des nuits entières sur des brancards. Il manque des lits. Les soignants, eux aussi, craquent. Fin janvier, presque deux ans après le début de la crise du Covid, le centre hospitalier comptait 100 personnels de santé en moins.

Patients et soignants attendent des solutions. Denis Thuriot, maire (LREM) de Nevers et président du conseil d’administration de l’hôpital nous explique la complexité de ce dossier. 

Entendez-vous le ras-le-bol des soignants ? 

DT : "Je comprends qu'on soit en tension, qu'on soit fatigué, je sais qu'il faut des moyens supplémentaires et je fais tout pour aller les chercher. On essaye de trouver des solutions, y compris pour épauler les petits hôpitaux de proximité. Mais il faut bien voir que c'est le centre hospitalier de l'agglomération de Nevers qui accueille la plupart des cas Covid, soit 102. Si on parle d'une décrue partout, nous, nous sommes au pic. Sans compter les absences de médecins et de personnels soignants qui ont eux-mêmes le Covid. On se trouve donc dans une situation qu'on n'a jamais connue depuis l'apparition du Covid." 

Pourquoi l'hôpital de Nevers est-il surchargé ? 

DT. "Aujourd'hui on a une occupation comme on n'a jamais eu à l'hôpital de personnes malades. On a 5 personnes en réanimation et 102 en soins. Les formes de Covid sont moins grave qu'avant la vaccination mais elles sont beaucoup plus nombreuses. On a donc une bien plus grande sollicitation de la part de la population. Et ça mobilise beaucoup plus de monde qu'avant. Et si on a toujours du personnel absent dans un hôpital de près de 2000 personnes, là, on est sur une rotation d'une trentaine de personnes absentes. Car il faut notamment des personnes formées pour les cas de Covid."

Pourquoi ne pas embaucher plus de personnels soignants ? 

DT. "Ouvrir des lits, c'est une chose. J'entends tous ceux qui crient que ça n'a pas été assez vite, mais on ne forme pas des infirmières et des médecins en un an. On a accumulé ces dernières décennies trop de retard en formation des personnels médicaux. Des moyens ont été dotés par le Segur de la Santé mais les effets ne sont pas immédiats, donc aujourd'hui on est obligés de composer."

L'hôpital de Nevers fait-il face à sa plus grosse crise ? 

DT : "Il faut arrêter de découvrir ce qui existe depuis très longtemps. (...) Oui on a un manque de personnels soignants, oui ça fait des années, oui il y a eu un numerus closus (sélection des étudiants en médecine) qu'on n'aurait jamais dû laisser si longtemps. C'est une situation qui n'est pas inédite mais qu'il faut corriger. Et comme on a une saturation par un nombre d'arrivées accru au service des urgences, il faut le temps que cette régulation se fasse et on ne peut pas pousser les murs du jour au lendemain. 

Aujourd'hui on n'a plus de SOS Médecin. J'avais essayé d'en recréer un mais c'est aux médecins de le mettre en place. Aujourd'hui il y a une autre pratique de la médecine. On ne veut plus forcément travailler de nuit, etc. Donc sans SOS Médecin ni médecin de nuit, tout le monde se rend aux urgences. Elles voient le double de leur capacité passer chaque année et ça ce n'est pas lié à la Covid. Donc on est sur un grand projet de doublement des urgences mais il manques des budgets." 

 

Un comité des élus du groupement hospitalier du territoire devrait se tenir vendredi et aborder ces problématiques. 

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