A l'hôpital de Nevers (Nièvre), le personnel n'en peut plus. La cinquième vague de covid amène chaque jour de nouveaux patients. Pourtant, les soignants manquent, certains étant touchés eux-mêmes par le covid.
Situation tendue à l'hôpital de Nevers, où la cinquième vague de contamination a fait augmenter le nombre d'hospitalisations, mais aussi les absences du personnel. Partout, les lits manquent : aux urgences, certains patients doivent patienter toute la nuit sur des brancards. Patients Covid et non-Covid se retrouvent parfois mélangés dans les services.
Aujourd’hui même en faisant appel aux étudiants, aux heures supplémentaires, les héros sont fatigués. Cela devient compliqué de remplacer, notamment les infirmières
David BoucherDélégué syndical CFDT
Inacceptable pour David Boucher, délégué syndical à la CFDT, qui constate chaque jour un peu plus la détérioration des conditions de travail de ses collègues. "Ce sont des choses qui arrivent par manque de place semble t-il. Tout le monde essaye de trouver des solutions, mais à l’impossible nul n’est tenu" , déplore le syndicaliste.
"Il y a un encombrement aux urgences. Depuis plusieurs semaines des personnes dorment sur des brancards la nuit, en moyenne dix par nuit. On est monté à 27 lundi dernier avec quatre personnes qui ont dormi deux nuits consécutives dans ces conditions. Aujourd’hui même en faisant appel aux étudiants, aux heures supplémentaires, les héros sont fatigués. Cela devient compliqué de remplacer, notamment les infirmières. Il faut donc trouver rapidement des solutions pour que chacun puisse être soigné dans les meilleures conditions".
A quand les moyens supplémentaires ?
Une partie du personnel des urgences dénonce un manque de moyens plus profond et plus ancien, un système saturé depuis longtemps. Une seule aide-soignante la nuit pour parfois une trentaine de patients. Pas de brancardier dédié. Du matériel et des locaux sales et vieillissants. Un contexte qui pèse sur l'ambiance du service et donne l'impression aux soignants de ne pas faire correctement leur travail.
Le Ségur de la santé donne des moyens mais il faut le temps pour monter des projets, de recruter du personnel
Denis ThuriotMaire de Nevers
Le maire (LREM) de Never et président du Conseil de surveillance de l'hôpital, Denis Thuriot, reconnaît qu'il manque du personnel, mais refuse de parler de maltraitance. "Nous n'avons parfois pas assez de temps, ça n'est pas nouveau et je le déplore. Mais ce système de santé est un système que l'on a laissé perdurer en France depuis des décennies. Oui, il faut le changer et aujourd'hui le Ségur de la santé donne des moyens mais il faut le temps pour monter des projets, de recruter du personnel... Je peux entendre les difficultés dans les services. De là à dire que c'est de la maltraitance, ça me parait un peu excessif".
Un comité des élus du groupement hospitalier de territoire devrait se tenir vendredi et aborder ces problématiques, en attendant d'autres échanges avec les organisations syndicales et le personnel.