Sur le technopôle de Magny-Cours, près de Nevers, l'entreprise Oreca teste une nouvelle motorisation à hydrogène. Ce projet la lance dans la course aux véhicules du futur, avec de nets avantages sur la motorisation électrique.
Au-delà de son passé, le circuit de Nevers Magny-Cours est désormais reconnu pour son pôle de recherche sur les technologies automobiles. Il héberge notamment l'entreprise Oreca qui, à presque 50 ans, se lance dans des essais de motorisation par combustion directe d'hydrogène.
L'entreprise est soutenue par l'initiative gouvernementale "France 2030" qui envisage de faire de la France un leader dans la décarbonation grâce à l'hydrogène. Elle est aussi membre du pôle véhicule du futur qui regroupe divers acteurs de l'industrie française en quête d'innovation automobile.
Oreca a pris le parti de ne pas suivre la piste des piles à hydrogène mais celui du moteur à combustion directe, similaire aux moteurs essence ou gasoil. Il teste le remplacement de ces carburants par l'hydrogène.
Le moteur à combustion hydrogène a ses spécificités, mais il est très proche des moteurs thermiques actuels
Vincent Garreau, directeur de projet
"La technologie du moteur thermique à hydrogène a plusieurs avantages, il n'émet pas de CO2 et permet de garder la structure actuellement connue du véhicule. De plus, elle n'a ni besoin de métaux rares, ni de changer les chaînes de fabrication", explique Serge Meyer, le directeur général de l'entreprise. Plusieurs avantages face à une autre technologie phare dans la décarbonation : la motorisation électrique.
L'innovation poussée par la compétition
Dans un contexte de crise écologique, la compétition automobile est très critiquée. Et le Dakar, course au long cours en milieu sauvage, a pris le parti de s'engager dans la course aux nouvelles énergies pour la mobilité. Le premier camion à l'hydrogène, conçu par le groupe Gaussin, a concouru dans l'édition 2022. Un autre véhicule français devrait être sur la ligne de départ en janvier 2024, piloté par Philippe Croizon, la voiture de GCK Motor Sport sera équipée d'une motorisation à pile à hydrogène.
"Le Dakar a exprimé son ouverture aux idées novatrices pour les dix prochaines années. C'était le terrain de jeu idéal pour se lancer dans un projet concret, et passer à la phase de développement", indique Vincent Garreau, directeur du projet à Oreca.
L'hydrogène va prendre sa place dans la compétition automobile rapidement , en mobilité de tous les jours aussi, mais à plus long terme
Serge Meyer, directeur général d'Oreca
De nombreuses solutions à trouver
Si le "motorsport" peut voir arriver sous peu les premiers véhicules équipés de moteurs à combustion directe d'hydrogène, ce n'est pas encore le cas pour nos routes.
"Il y a un apprentissage à faire sur la combustion, mais le nœud du problème sera la distribution et le stockage" tempère Serge Meyer.
La production d'hydrogène reste coûteuse en énergie et sa dangerosité doit être maîtrisée. La solution semble d'abord pouvoir séduire les gros véhicules (camions et bateaux par exemple) avant d'être déployée dans des véhicules particuliers.