Plus de train, vive le bus ! Depuis début juillet, des travaux sur la ligne SNCF Nevers-Dijon empêchent les TER de rouler. Les passagers doivent donc prendre le bus de remplacement, qui annonce 3h30 de trajet. Nous l’avons emprunté.
Sur le quai de la gare routière de Nevers, nous ne sommes pas nombreux, ce mardi 31 octobre. Une dizaine de candidats seulement pour le trajet en autocar vers Dijon. À cause des remplacements de rails et de ballasts sur la voie ferrée, plus aucun train ne circule sur la ligne depuis début juillet. La seule option : le bus. "On va mettre au moins quatre heures !", m’annonce le conducteur. Devant ma stupéfaction, il rigole : "Mais non, un peu moins de 3h30. Vous avez déjà traversé le Morvan ? C’est long !" Entre les deux villes bourguignonnes, 180 kilomètres, et pas d’autoroute.
Valises en soute, passagers assis. A 15h11, ponctuel, notre bus s’élance… rapidement freiné dans sa course par un camion-citerne. La ville quittée, la verdure nivernaise se déploie sous nos yeux. Vaches, moutons et fermes succèdent aux commerces fermés de cette journée étonnamment ensoleillée des vacances de la Toussaint.
"Je profite du paysage, c’est joli, et j’écoute de la musique", sourit Evann. Le jeune homme effectue le trajet une fois par semaine. Il se sent "bien en bus" et a trouvé la meilleure place : tout au fond, contre la vitre, "un peu en hauteur pour voir tout le monde et avec de la place pour les genoux".
Trois rangées plus bas, Hatim a la tête collée contre la vitre, les écouteurs dans les oreilles. Pour lui, la musique accélère le temps, même si le trajet reste "trop long" comparé au train (2h) et à la voiture (2h40). "Ça me soule !, rigole l’étudiant en STAPS. Mais heureusement, je n’ai pas le vertige et je ne suis pas malade en bus." Il faut admettre que le chauffeur est efficace. On zigzague dans les routes du Morvan.
16h55, 15 minutes d’arrêt à Autun. Je me dégourdis les jambes, comme Catherine : "C’est cet arrêt qui fait perdre du temps, mais ça permet de pouvoir aller aux toilettes." Habituée des trajets réguliers entre Tours et Dijon, le bus ne la "dérange pas". Seulement 40 minutes supplémentaires, grâce à une correspondance plus rapide. Il faut dire que Catherine a trouvé la parade : une carte de réduction SNCF qui lui permet de faire l’aller-retour à moins de 30 euros.
"C’est le prix du péage aller quand je viens en voiture, sans compter l’essence !"
Catherine, voyageuse
La nuit tombe. On n’apercevra pas la Côte-d’Or. Dans l’habitacle, seulement le bruit du moteur et les mélodies sourdes qui s’échappent des casques. Ici, chacun semble y trouver son compte. Les rares qui montent à Autun mettront même moins de temps pour arriver que s’ils prenaient le train. Pour d’autres, comme Hanè, l'après-midi qui s’annonçait "beaucoup trop longue" passera plus vite : elle dort tout le trajet.
Promesse tenue : à 18h24, le bus pile devant la gare de Dijon. "Et voilà !", crie notre chauffeur. Il repart dans l’autre sens dans moins d’une heure.
Les travaux sur la ligne SNCF sont prévus jusqu’au 16 février 2024. Pour relier Dijon à Nevers, la ligne sera partiellement rouverte en amont, jusqu'à Etang, le 23 décembre. Comme un cadeau de Noël en avance.