"Ranzy a été abandonné parce qu'il aboyait" : les abandons d'animaux, un fléau "catastrophique" en été

60 000 animaux devraient être abandonnés à l'issue de la saison estivale. Dans la Nièvre, les refuges sont déjà à bout de souffle et ne peuvent plus accueillir de pensionnaires. Pour les professionnels, le comportement des maîtres pose un véritable problème.

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Derrière un grillage, un chien s'approche, attiré par le passage. Il s'appelle Ranzy et est au refuge Saint-Jean de Saint-Jean-aux-Amognes, dans la Nièvre, depuis la fin du mois de juin. Comme lui, ils seront près de 60 000 à atterrir dans ces établissements à la fin de l'été.

Si l'inflation galopante tend à justifier la situation, elle n'est que la partie émergée de l'iceberg. La Bourgogne fait d'ailleurs partie des régions les plus concernées par ce phénomène en France. Les responsables de ces centres n'accablent pas totalement les propriétaires, mais pointent du doigt une certaine légèreté dans les attitudes de ces derniers.

Des centres d'accueil saturés

A Saint-Jean-aux-Amognes, le constat est clair : le mois d'août n'est même pas commencé que tous les boxs affichent complet. 50 chiens et 40 chats occupent déjà l'endroit et ne trouvent, pour le moment, pas de "famille aimante" qui puisse s'occuper d'eux.

La situation est telle que même lorsque l'un d'entre eux fait ses valises, il est aussitôt remplacé par un de ses congénères. "Je reçois tous les jours de nouveaux arrivants. Ce n'est pas compliqué, dès qu'une place se libère, elle est tout de suite occupée", confie Emmanuelle Goux, soigneuse au refuge.

Aujourd'hui, les gens ne cherchent plus de solutions pour essayer de garder les animaux, c'est tout de suite "on abandonne".

Emmanuelle Goux,

soigneuse au refuge Saint-Jean

Pour elle, la situation n'est pas prête de s'améliorer, bien au contraire : "on est déjà complet à cette période de l'année. C'est vraiment très inquiétant". Elle craint que les vacances aient une sorte de double répercussion sur ces compagnons à quatre pattes. "Pendant les vacances, les gens pensent à la mer et au soleil et pas à l'adoption".

En attendant, le personnel sur place "essaie de leur faire oublier les barreaux et de leur donner le plus d'amour possible.

S'occuper d'un animal domestique, ça a aussi un coût. Et avec l'inflation de ces dernières années, la note est devenue de plus en plus salée. "Ce sont des achats compulsifs", s'inquiète Rha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d'amis. "Avec ce phénomène de hausse des prix, les gens sont en train d'abandonner leurs animaux en masse. La situation est catastrophique."

C'est la conséquence dramatique de la marchandisation des animaux de compagnie.

Reha Hutin,

présidente de la Fondation 30 millions d'amis

"Les raisons de ces abandons ne sont souvent pas valables"

Cette "contrainte" du prix n'explique toutefois qu'en partie le nombre important d'abandons. "On va souvent nous apporter les animaux en nous disant que ce n'est plus possible de s'en occuper à cause de l'arrivée d'un enfant par exemple", explique Emmanuelle Goux. L'un ne remplace pas l'autre. Il faut apprendre à concilier les deux."

Ranzy a été abandonné parce qu'il aboyait. Mais un chien a toujours aboyé !

Emmanuelle Goux,

soigneuse au refuge Saint-Jean

Si elle ne remet pas en doute la sincérité des explications, la soigneuse regrette que les propriétaires ne soient pas un peu plus concernés. "Les gens ont tendance à nous dire la vérité. Malheureusement, ce ne sont pas forcément des bonnes raisons".

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Marchandisation et immaturité

Pour de nombreux professionnels du secteur, le problème est beaucoup plus profond que de simples justifications maladroites. Pour eux, ce sont les consciences qu'il faut faire évoluer. En particulier à l'instant où chacun décide de se doter d'un animal : "c'est pas toujours un acte forcément réfléchi" constate, amère, Emmanuelle Goux. "Souvent, les plus jeunes vont se dire 'tiens, celui-là il est petit, il est mignon. On va le prendre'. Mais après l'animal grandit et il faut s'en occuper."

Pour rappel, la loi considère l'abandon comme un acte de maltraitance animal. Il est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000€ d'amende.

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