Son compagnon est porté disparu depuis deux mois, elle est désemparée : "on ne peut pas faire son deuil"

Un matin d'avril 2023, il a quitté son domicile dans la Nièvre dans un mouvement de colère. Depuis, sa compagne Jocelyne, qui a déclaré sa disparition, n'a plus aucune nouvelle de lui. Mais une fois les rondes de gendarmerie et l'appel à témoin passés, elle s'est retrouvée seule à essayer de le retrouver. Elle livre son sentiment d'abandon dans sa quête.

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C'était le 11 avril 2023, Mieczyslaw Michalewicz, 62 ans, se dispute violemment avec sa compagne Jocelyne. Il finit par faire son sac et partir à pied de la maison de Savigny-Poil-Fol (Nièvre). "C'était déjà arrivé, mais il est revenu à chaque fois", soupire Jocelyne.

Elle est habituée aux emportements de Mieczyslaw, elle qui depuis 6 ans s'en occupe quotidiennement alors qu'il souffre de bipolarité. "J'ai appelé le 15 pour qu'on vienne le chercher et l'aider, mais personne n'a voulu le prendre en charge". Seulement, depuis son départ, elle n'a plus aucun signe de vie de son compagnon, et se sent oubliée par tous alors qu'elle cherche à le retrouver.

Ses troubles psychologiques couplés à des problèmes cardiaques le rendent très vulnérable. Cela m'inquiète d'autant plus.

Jocelyne Poussant, compagne du disparu

Quand Jocelyne a déclaré la fuite de Mieczyslaw à la gendarmerie, cette dernière a lancé une alerte de disparition inquiétante et effectué des recherches dans le secteur, en raison de l'état du disparu. "J'ai presque de la chance qu'il soit souffrant sinon rien n'aurait été fait." ironise-t-elle.

"La situation médicale du disparu nous imposait de déployer les moyens à notre disposition", déclare le groupement de gendarmerie de la Nièvre contacté ce lundi 12 juin. "Mais tout porte à croire qu'il a délibérement voulu disparaître. La procédure est toujours en cours, on surveille les mouvements bancaires, sa carte vitale, mais aucun élément récent ne fait avancer les recherches."

Les recherches officielles ne donnent rien de tangible, et Jocelyne se sent seule dans sa volonté de retrouver son compagnon. Ancien sans domicile fixe d'origine polonaise, Mieczyslaw pourrait être n'importe où, et laisse Jocelyne démunie. Elle finit par contacter l'Assistance et recherche des personnes disparues (ARPD), une association d'aide aux proches de personnes en fuite. "C'est une association merveilleuse, les seules personnes en dehors des amis et de la famille qui sont à mes côtés" déclare Jocelyne.

Quand quelqu'un qu'on aime disparaît, on est prêt à tout pour le retrouver. Même dépenser des moyens que l'on n'a pas!

Jocelyne Poussant, compagne du disparu

L'ARPD soutient les personnes qui le souhaitent dans leur recherche individuelle, active son propre réseau et ses moyens. "Ils ont fait venir des chiens renifleurs du Grand-Est, je n'ai eu qu'à débourser 50€ pour leurs frais de déplacement. La piste s'est malheureusement arrêtée au bord d'une route où Mieczyslaw a probablement été pris en auto-stop", se souvient Jocelyne. "Ils ont diffusé son signalement dans leurs antennes nationales, à Marseille notamment où je l'avais rencontré il y a 12 ans. Ils ont même pris contact avec une association d'aide aux SDF en Pologne dont il est originaire."

Devant l'absence de témoignage et de résultat, tous, excepté l'ARPD, poussent Jocelyne à renoncer. "Même l'assistance sociale m'a dit qu'après autant de temps, il fallait le considérer comme mort" s'indigne-t-elle. "Tant qu'il n'y a pas de point final, de preuve du décès, on ne peut pas faire son deuil ! Quand quelqu'un qu'on aime disparaît, on est prêt à tout pour le retrouver. Même dépenser des moyens que l'on n'a pas ! Je suis allée jusqu'à consulter un médium, contacter des personnalités politiques. La gendarmerie m'a conseillé de lâcher prise, mais je ne peux pas me résigner."

Son interlocutrice de l'association est la seule, en dehors de ses proches, à continuer de soutenir Jocelyne. "Je n'ai jamais vu qui que ce soit de la mairie de mon village prendre des nouvelles alors que je suis seule, sans permis, souffrant moi-même d'une incapacité partielle. Je me sens submergée," exprime-t-elle. "Vous savez, on ne recherche pas les majeurs, on estime que c'est un droit de disparaître, de partir. Mais pour ceux qui restent?"

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