Témoignage. "Je suis attentif 20 minutes par jour" : comment son TDAH impacte sa vie privée et professionnelle

Publié le Mis à jour le Écrit par Da Silva Nicolas
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Ce lundi 12 juin est synonyme de journée nationale de sensibilisation au Trouble de Déficit de l'Attention avec Hyperactivité. Sébastien Thouy, un Saône-et-Loirien atteint de TDAH, se confie sur son handicap et ses difficultés quotidiennes.

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Sébastien Thouy a 43 ans. Il est marié et vit à Charnay-lès-Mâcon, en Saône-et-Loire. Dès son plus jeune âge, Il sent un décalage par rapport aux autres. “J’étais très renfermé sur moi-même, j’ai commencé à parler aux autres à l’âge de 11 ans. J’ai toujours été puni en classe car je n'arrivais pas à me concentrer. Quand j’avais des problèmes pour apprendre, les enseignants me privaient parfois de récréation.”

Il est alors rapidement diagnostiqué d'un trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). J’ai les trois types : l'inattention, l'impulsivité et l’hyperactivité. Je souffre également des troubles Dys. J’ai été voir beaucoup de médecins et j’ai dû quitter la région pour rencontrer des spécialistes. Aujourd’hui encore, ils se renvoient sans cesse la balle.”

Des symptômes qui impactent son quotidien...

Ses troubles, Sébastien les ressent au quotidien. “Je me reconnais totalement dans ces symptômes. Il faut que je m’occupe sans cesse, je fais du sport, toutes sortes de loisirs… Je ne me repose jamais, même la nuit."

Je suis impulsif, je m’emporte très vite. Je perds toujours mes objets. Mon attention est de 20 minutes par jour. J'ai dû passer le code de la route 10 fois pour l'avoir.

Sébastien Thouy

Après le lycée, Sébastien enchaîne les métiers en tentant de trouver sa place, sans succès. J’ai dû souvent changer de travail. J’ai été cuisinier, serveur, agent commercial, barman, agent d’entretien… Mes relations au travail ont été compliquées. Je suis tombé sur des personnes malveillantes voire violentes.”

...Et sa vie professionnelle

Aujourd’hui, Sébastien suit une formation pour obtenir le Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BPJEPS) pour être animateur social. Un choix de carrière évident par rapport à ses dix dernières années, où il a travaillé dans ce milieu, avec les plus jeunes comme les plus âgés.

Mais très vite, il retrouve les problèmes d’apprentissage qu’il a connus lorsqu’il était plus jeune. “C’est très compliqué, l’écriture, la concentration, la compréhension… Il y a de la théorie et j’ai du mal avec cela. Ce n’est pas adapté pour moi. J’ai été en souffrance, incompris, il y a eu des situations tendues.”

Ils essayent tous de m’aider, mais ils ne sont pas dans mon corps et dans ma tête.

Sébastien Thouy

Sébastien assure qu'il n'y a aucune adaptation par rapport à son handicap. “On essaye de me rediriger vers une autre formation alors que c’est cette formation qui n’est pas adaptée à mon handicap. Je devrais avoir quelqu’un pour m’aider, des supports visuels, avec des exercices adaptés et plus de pratique.” 

"Beaucoup ont tenté de me manipuler"

Il admet que ce n’est pas qu’au travail qu’il connaît des difficultés dans ses relations. “Aujourd’hui, mon entourage est bienveillant avec moi. Ma famille, mes amis, mon mari… Mais mes relations avec les autres ont été très compliquées par le passé.”

J’ai des personnes qui veulent me faire changer alors que je ne peux changer. 

Sébastien Thouy

Pour Sébastien, cette société dans laquelle il vit n'est pas adaptée pour lui. “J’ai beaucoup de stratégies pour gérer ces troubles, mais il y a encore du travail. Toute ma vie est perturbée. J’ai une mauvaise estime de moi. Je suis hypersensible et je me dévalorise tout le temps. Je m’attarde sur des détails. Je m’ennuie terriblement. Quand on me fait une remarque, je le prends très vite mal. Je me trompe souvent dans mes mots…”

Malgré cela, Sébastien est déterminé à aller au bout. “Je vais me battre, je suis un guerrier, un jour la brume se lèvera sur le déficit d’attention et on n’aura plus à nous craindre. Même si je n’arrive pas pour l’examen, ce n’est pas grave j’aurais essayé. Je me relèverais, comme à chaque fois."

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