Proteor, un groupe bourguignon spécialisé dans les prothèses et les dispositifs médicaux pour les personnes en situation de handicap physique a décidé de sponsoriser sept athlètes jusqu'aux Jeux paralympiques 2024.
Inconfort, usure, blessure, casse... Voilà ce à quoi s'expose une personne en situation de handicap physique en pratiquant du sport avec une prothèse classique. Pour pallier les nombreuses contraintes que pose la pratique des différentes disciplines, les orthoprothésistes rivalisent d'ingéniosité et d'inventivité pour proposer à leurs patients une solution optimale.
C'est le cas du groupe bourguignon Proteor. Avec une soixantaine de centres et plus de 200 praticiens, l'entreprise dont le siège est basé à Saint-Apollinaire entend bien innover pour le développement du handisport. Dans ce but, ils ont récemment annoncé sponsoriser sept athlètes jusqu'aux Jeux paralympiques 2024 à Paris.
Abel Aber, 7e mondial de paracanoë
Parmi eux, il y a Abel Aber. En 2003, il est amputé de sa jambe droite après un accident de la route. Pas fan des prothèses, il se laisse finalement convaincre en 2005 et aide même à concevoir un modèle compatible avec la pratique sportive : "Entre 2016 et 2018, tout le monde a travaillé très dur. J'aidais en faisant des tests, en donnant mon ressenti. Le résultat c'est un appareil qui est conseillé pour les hyperactifs, et avec lequel on peut courir, faire du vélo... mais aujourd'hui Proteor voit plus grand et se tourne vers le sport international."
Dans son canoë, Abel n'a pas besoin de prothèse. Mais un nouvel appareil, à fixer dans l'embarcation, pourrrait lui permettre de bénéficier de plus de confort.
"Nicolas Philippe, mon ortho', travaille sur un prototype de moule en carbone pour pouvoir poser mon moignon et l'installer comme mon autre jambe. Ça me permettrait d'être mieux installé et de pouvoir déployer plus de force."
Abel Aberathlète paralympique
Classé septième à la dernière Coupe du monde en Hongrie, le Spinalien représente une chance de médaille pour la France aux Jeux paralympiques. Dans l'attente du fameux "prototype", Abel Aber s'entraîne en s'attachant la jambe avec une sangle pour s'habituer. Actuellement en stage de préparation, le paracanoéiste pourrait assurer sa place pour Paris 2024 en se classant sixième aux championnats du monde. Réponse le 20 août à Duisburg en Allemagne.
Du "sur-mesure" et des "créations originales"
Les athlètes ont besoin d'appareils adaptés aux différents sports. Plus d'ergonomie, moins de poids... il y a toujours des paramètres à adapter. D'ailleurs l'entreprise l'assure "tous les appareils sont sur mesure et issus d'un travail collaboratif". Il y a aussi des "créations originales" comme le prototype destiné à Abel Aber.
Si la plupart des sportifs travaillent en relation avec le centre Proteor proche de chez eux, il y a aussi des échanges avec l'usine située à Seurre (Côte-d'Or). Edgar Empis, un jeune parapongiste va d'ailleurs venir plusieurs jours pour travailler directement avec les équipes de l'atelier.
À LIRE AUSSI : Sandrine Martinet, championne paralympique de judo : "les Jeux de Paris 2024 vont faire évoluer notre société par rapport au handicap"
Les athlètes ont été choisis parmi les sportifs de différents centres en France qui avaient pour objectif d'aller aux Jeux paralympiques 2024. Avec cette opération, le groupe souhaite faire découvrir le handisport au grand public. "Aujourdhui, le domaine est très peu connu et manque de reconnaissance", développe Alexandra Houiste.
"Faire bouger les choses avec les Jeux"
Les prothèses et autres appareils du même genre ne sont, à ce jour, pas remboursés par la sécurité sociale, alors qu'ils coûtent parfois des dizaines de milliers d'euros. "Ce n'est pas normal que le sport, qui est vital pour la santé, soit aussi inaccessible pour les patients. Il y a des demandes qui ont été effectuées auprès des pouvoirs publics, et on espère pouvoir faire bouger les choses avec les Jeux", conclut Alexandra Houiste.
Avec 2024 comme cible commune, sportifs, patients et professionnels du secteur orthoprothésiste poussent dans la même direction : vers un futur plus adapté aux handicaps physiques.